La finale du Top 14, samedi 1er juin entre Toulon et Castres, pourrait, dans
l’absolu, être le dernier match de rugby
au Stade de France. La convention signée en 1995 par Bernard Lapasset, à
l'époque président de la FFR, et le consortium s'achève en effet le 30 juin...
S'estimant lésée sur les conditions de
location et sur les bénéfices jugés trop
faibles, la FFR est en guerre depuis plusieurs années avec le consortium.
L'idée de Pierre Camou, président de la FFR, est de bâtir un
stade, où la fédération sera maîtresse des lieux à
l'image du XV anglais à Twickenham.
Voir l'Angleterre gagner près de cinq
millions d'euros à chaque rencontre
contre un million et demi pour la France
l'énerve. D'où l'idée de construire pour
2017 le grand stade à Ris-Orangis-Evry.
Mais ce projet pharaonique (600 millions d'euros) n'est pas du goût de tout
le monde. Même en interne.
Obstiné,
Camou n'en a cure. Quand quelqu'un
ose tenter de le dissuader, la réponse
fuse : "Celui qui se met en travers se
met hors jeu..." Appuyé par Serge Blanco, son tout-puissant vice-président,
tout aussi convaincu de détenir la vérité, Camou fonce et trace sa route.
Demain à Marcoussis, il a convoqué une
assemblée générale extraordinaire
avec à l'ordre du jour le vote d'un emprunt de près de 500 millions d'euros.
A
trois semaines du congrès annuel à
Hyères (20-22 juin), on imagine mal les
dirigeants du rugby amateur, pourtant
guère favorables au projet fédéral, se
déplacer de nouveau. Selon toute vraisemblance, le quorum ne sera pas atteint. Du coup, le plan de Camou a toutes les chances ensuite de passer, car le
second tour se fera à la majorité simple.
Les opposants au projet de Camou ripostent en affirmant qu'il serait moins
onéreux de racheter l'enceinte de Saint-Denis. "Cela reviendrait à 300 millions
d’euros (100 pour l'achat, plus 200 pour
les travaux de rénovation) contre 600 à
Evry", selon eux. Reste que le Stade de
France n’est pas forcément à vendre…
En attendant, les négociations pour une
nouvelle convention paraissent sur le
point d’aboutir. On voit mal le Quinze de
France se passer pendant quatre ans du
plus grand stade de France. Et le Stade
de France se priver de la deuxième puissance économique du sport français.
D’autant que sa fréquentation a fondu
depuis 2007, passant de 2 millions à 1,5
million de spectateurs annuels, et son
chiffre d'affaires aussi, chutant de 98
millions d'euros à 77 millions d’euros.
Le consortium a donc tout intérêt à se
montrer conciliant avec la FFR.
Une économie
de 1,8 million
d’euros par match ?
Depuis 1998, chaque manifestation est
facturée par le consortium 2,8 millions
d’euros à la FFR. Les tractations se poursuivent actuellement sur la base de 23
matches en quatre ans, à environ un
million d’euros la rencontre. Il se murmure aussi que le consortium a proposé
à la FFR d’entrer dans le capital du Stade de France. Dans ces conditions, il serait étonnant que Pierre Camou ne donne pas son accord.
Cette manne supplémentaire appréciable lui permettrait de
dédommager directement les clubs
concernés par une éventuelle mise à
disposition plus longue des internationaux (autre sujet épineux).
Reste que pour le président de la FFR, le
temps presse car l'ERC, qui a confié à la
France l'organisation des finales de la
Coupe d’Europe et du Challenge européen en juin 2014, aimerait que la location ouvre vite au Stade de France pour
la première et au nouveau Jean-Bouin
pour la seconde. Mais comment lancer
quoi que ce soit alors que rien n’est signé entre la FFR, qui a pourtant donné
des garanties à l’ERC, et le Stade de
France. Pour la FFR, il ne faudrait pas
que les négociations traînent trop…
(Source : L'Equipe)
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