vendredi 31 mai 2013

Castres-Toulon, le dernier match de rugby au Stade de France ?

La finale du Top 14, samedi 1er juin entre Toulon et Castres, pourrait, dans l’absolu, être le dernier match de rugby au Stade de France. La convention signée en 1995 par Bernard Lapasset, à l'époque président de la FFR, et le consortium s'achève en effet le 30 juin... S'estimant lésée sur les conditions de location et sur les bénéfices jugés trop faibles, la FFR est en guerre depuis plusieurs années avec le consortium. L'idée de Pierre Camou, président de la FFR, est de bâtir un stade, où la fédération sera maîtresse des lieux à l'image du XV anglais à Twickenham. Voir l'Angleterre gagner près de cinq millions d'euros à chaque rencontre contre un million et demi pour la France l'énerve. D'où l'idée de construire pour 2017 le grand stade à Ris-Orangis-Evry. Mais ce projet pharaonique (600 millions d'euros) n'est pas du goût de tout le monde. Même en interne.
Obstiné, Camou n'en a cure. Quand quelqu'un ose tenter de le dissuader, la réponse fuse : "Celui qui se met en travers se met hors jeu..." Appuyé par Serge Blanco, son tout-puissant vice-président, tout aussi convaincu de détenir la vérité, Camou fonce et trace sa route. Demain à Marcoussis, il a convoqué une assemblée générale extraordinaire avec à l'ordre du jour le vote d'un emprunt de près de 500 millions d'euros.
A trois semaines du congrès annuel à Hyères (20-22 juin), on imagine mal les dirigeants du rugby amateur, pourtant guère favorables au projet fédéral, se déplacer de nouveau. Selon toute vraisemblance, le quorum ne sera pas atteint. Du coup, le plan de Camou a toutes les chances ensuite de passer, car le second tour se fera à la majorité simple. Les opposants au projet de Camou ripostent en affirmant qu'il serait moins onéreux de racheter l'enceinte de Saint-Denis. "Cela reviendrait à 300 millions d’euros (100 pour l'achat, plus 200 pour les travaux de rénovation) contre 600 à Evry", selon eux. Reste que le Stade de France n’est pas forcément à vendre…
En attendant, les négociations pour une nouvelle convention paraissent sur le point d’aboutir. On voit mal le Quinze de France se passer pendant quatre ans du plus grand stade de France. Et le Stade de France se priver de la deuxième puissance économique du sport français. D’autant que sa fréquentation a fondu depuis 2007, passant de 2 millions à 1,5 million de spectateurs annuels, et son chiffre d'affaires aussi, chutant de 98 millions d'euros à 77 millions d’euros. Le consortium a donc tout intérêt à se montrer conciliant avec la FFR. Une économie de 1,8 million d’euros par match ? Depuis 1998, chaque manifestation est facturée par le consortium 2,8 millions d’euros à la FFR. Les tractations se poursuivent actuellement sur la base de 23 matches en quatre ans, à environ un million d’euros la rencontre. Il se murmure aussi que le consortium a proposé à la FFR d’entrer dans le capital du Stade de France. Dans ces conditions, il serait étonnant que Pierre Camou ne donne pas son accord.
Cette manne supplémentaire appréciable lui permettrait de dédommager directement les clubs concernés par une éventuelle mise à disposition plus longue des internationaux (autre sujet épineux). Reste que pour le président de la FFR, le temps presse car l'ERC, qui a confié à la France l'organisation des finales de la Coupe d’Europe et du Challenge européen en juin 2014, aimerait que la location ouvre vite au Stade de France pour la première et au nouveau Jean-Bouin pour la seconde. Mais comment lancer quoi que ce soit alors que rien n’est signé entre la FFR, qui a pourtant donné des garanties à l’ERC, et le Stade de France. Pour la FFR, il ne faudrait pas que les négociations traînent trop…

(Source : L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.