Retards dans les travaux, projets abandonnés, dépenses démesurées… a un an
de sa Coupe du monde, le Brésil tire la langue, sur fond de tensions sociales et d’insécurité.
Sur l'interminable avenue centrale qui mène aux 70.824 places du
flambant neuf Estadio Nacional Mané
Garrincha, ils étaient près d’un millier
à brûler des pneus, hier matin, contre
la hausse du prix des billets. En cette
veille d’ouverture de la Coupe des
Confédérations, les manifestants se
moquent du prix des places pour
Brésil-Japon, qui ouvrira la compétition, aujourd’hui, dans la capitale
fédérale. Au coeur de leur colère, le
coût de l’enceinte – 420 millions d'euros– dans une
période où le développement du Brésil
ne profite pas forcément aux couches
les plus misérables de la population
d’un pays où le salaire moyen avoisine
les 650 euros mensuels et où le Smic,
même après avoir décuplé en vingt
ans, atteint péniblement les 250 euros par
mois.
Non loin de là, à la Chambre des députés, un élu du nom de Romario dévoilait, hier, son rapport sur le coût des six
stades retenus pour la Coupe des Confédérations (Brasilia, Rio de Janeiro,
Fortaleza, Salvador, Belo Horizonte et
Recife).
L’ancien attaquant de la Seleçao y dénonce le "gigantisme" des
dépenses engagées pour la construction ou la rénovation des enceintes et
des "travaux encore menés à la hâte
dans et autour des stades". Les douze
stades qui accueilleront la vingtième
Coupe du monde (12 juin-13 juillet
2014) devraient coûter 3,8 milliards
d’euros, soir 800 millionsde plus que les
prévisions initiales, ce qui alimente les
soupçons de corruption. Jeudi, à Rio de Janeiro, Sepp Blatter
avait tenu un discours aux angles plus
arrondis : "J’ai assisté à beaucoup de
tournois où, le jour du match d’ouverture,
il y avait encore des peintres pour
réaliser des finitions. D’expérience,
quand une compétition commence,
tout se passe bien." Malgré la diplomatie du président de la Fifa, personne, ici, n’a oublié – voire digéré – le
célèbre "Le Brésil doit se botter les
fesses" lancé par son secrétaire général, Jérôme Valcke, en mars 2012.
Quinze mois après ce signal d’alerte,
seuls six des douze stades qui
accueilleront le Mondial sont considérés comme prêts. Parmi les sites en
retard, ceux de Manaus (47.750 places), de Cuiaba (43.600) et de Curitiba
(41.375) ne sont achevés qu’aux deux
tiers. Sans compter les lenteurs observées dans l’aménagement de plusieurs aéroports et de voies routières
ou la construction du métro de Porto
Alegre, qui devrait finalement être
livré… après la Coupe du monde.
Aux contrariétés liées aux infrastructures se greffent des problèmes récurrents. Les médias brésiliens cultivent
un climat anxiogène par leur couverture en quasi-direct des violences
urbaines. Rien qu’à Fortaleza, au nord
du pays, 662 homicides ont été recensés sur les quatre premiers mois de
l’année, un tiers de plus que sur la
même période en 2012.
A Sao Paulo, un récent sondage indiquait que 91% de la population vivait
au quotidien avec un sentiment d’insécurité parfois nourri par le comportement… de la police militaire locale,
qui a brutalement réprimé, jeudi soir,
une manifestation contre la hausse
des tarifs dans les transports publics.
(Source : L'Equipe)
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