mardi 26 novembre 2013

"Il faut réduire la capacité des tribunes visiteurs"

ANTOINE BOUTONNET, responsable de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, prône un encadrement plus strict des déplacements de supporters.

COMMENT expliquez-vous les incidents de Nice, dimanche ?
Les provocations entre ultras sont régulières. Elles font même partie de leur mode d’expression, de leur culture. Après, qu’il y ait eu ou non des jets de projectiles sur des cars de supporters stéphanois avant le match, cela n’explique en rien leur comportement à l’intérieur du stade, où ils sont d’ailleurs entrés très calmement.
Le stade de Nice présente-t-il des failles en matière de sécurité ? 
On s’aperçoit que les contacts entre supporters des deux équipes y sont faciles malgré les barrières en Plexiglas censées les séparer. Cette situation peut faciliter des tensions même s’il faut tenir compte des normes des instances internationales, pas forcément favorables aux grandes barrières. On va analyser l’infrastructure de ce stade pour en tirer des enseignements. Un supporter aurait pu tomber d’une certaine hauteur, ce qui aurait évidemment été dangereux. Il faudra réfléchir à la sécurité du stade de Nice quand des équipes comme Saint-Étienne viennent y jouer. Peut-être faudra-t-il notamment augmenter le ratio de stadiers en tribune visiteurs. Le stadier est la première force qui temporise les choses.
Depuis dimanche, la LFP évoque la possibilité d’une interdiction systématique des déplacements de supporters. Y êtes-vous favorable ? 
Une interdiction de déplacements de supporters est une mesure administrative exceptionnelle. On ne peut pas généraliser une interdiction d’aller et venir. Mais on peut s’interroger sur l’encadrement de ces déplacements par les clubs. Certains les encadrent bien, d’autres un peu moins bien… En général, les clubs ont plutôt conscience de leurs devoirs en la matière. Mais une poignée d’entre eux peine à se montrer ferme. Ils doivent s’impliquer beaucoup plus.
Comment réduire le risque d’affrontements dans les stades ?
En réduisant, par exemple, la capacité des tribunes visiteurs. En installant des espaces tampons entre supporters des deux camps. En accroissant le nombre de stadiers, comme en Angleterre où il y a peu de barrières, mais un personnel de sécurité étoffé et prêt à intervenir.
Cette saison marque-t-elle un regain de violence ?
Il y a une tension un peu plus palpable que la saison dernière, et ciblée sur quelques clubs. Mais les incidents de Nice ne doivent pas masquer les résultats observés sur la sécurité dans et autour des stades. À Nice, la réponse a été efficace en intervenant rapidement pour évacuer les fauteurs de troubles. Le travail d’identification en cours débouchera ensuite sur des sanctions individuelles et collectives.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.