lundi 2 décembre 2013

Premier oral pour le Grand Stade de la FFR

Le Grand Stade souhaité par la Fédération française de rugby à l'horizon 2018 a passé jeudi soir son premier oral pour convaincre le grand public de l'opportunité du projet, jugé démesuré par les uns, vital pour le développement du rugby pour d'autres.
Depuis quelques années, le rugby français a décidé qu'il ne voulait plus du Stade de France où il joue depuis 1998, mais qu'il lui fallait sa propre enceinte. Objectif : maîtriser l'agenda du XV de France et du Top 14, sans problèmes de "conflit de pelouse" avec le football, et profiter pleinement des retombées financières générés par les grands matches.
Mais le dossier suscite bien des controverses. Et environ 500 personnes - élus locaux, riverains ou amateurs de rugby - ont participé jeudi à Ris-Orangis (Essonne) à la réunion d'ouverture du débat public concernant cette enceinte multimodale, prévue pour accueillir 82.000 personnes à partir de 2018.
Plus qu'un stade, une "aréna" avec toit rétractable, pelouse mobile, musée et espaces VIP, confiée aux architectes qui ont conçu le stade de Wembley à Londres ou le Millenium Stadium de Cardiff.
"Le projet a été lancé en 2009 pour que la FFR ait les moyens de ses ambitions", a expliqué son président, Pierre Camou : "Nous voulons avoir la liberté de jouer où et quand nous voulons, et ne pas devoir demander l'aumône aux autres".
Une ambition essentielle pour l'économie du rugby, selon Paul de Keerle, directeur financier de la fédération. "Toute l'économie du rugby repose sur les matches du XV de France. Si la fédération ne peut pas jouer un match, en terme de revenus, c'est catastrophique", a-t-il expliqué, rappelant que les trois-quarts des recettes annuelles de la fédération provenaient des Bleus.
Le débat public, qui va durer quatre mois, devra permettre au rugby français de convaincre. Car tout le monde n'est pas aussi enthousiaste.
Récemment, un rapport du Sénat a ainsi clairement pris position contre le projet, jugeant "déraisonnable" notamment la concurrence avec le Stade de France, sans aucun club résident dans aucune des deux structures.
"Une telle concurrence risquerait fort de mettre en péril le modèle économique d'au moins l'un des deux stades, sinon des deux", estimait le rapport.
Jeudi, le public a posé d'autres questions, parfois avec véhémence: "Y aura-t-il toujours de la place pour le rugby amateur?", "Quel sera l'impact sur nos impôts locaux?", "Et moi, famille modeste, qu'est-ce que j'y gagne?"... "Quid d'un club résident?", a demandé un autre participant, alors que le Racing-Metro joue à Colombes et le Stade français à Jean Bouin. "Avoir un club résident qui joue tous les week-ends bloque tout le reste des spectacles sur l'année. Donc ce n'est pas la panacée", s'est défendu M. Camou. La concurrence avec le Stade de France? "Je ne vois pas ce qu'il y a d'inconvenant à ce que deux grands sports aient chacun leur enceinte", a-t-il assuré. "Nous sommes en période de crise, les usines ferment, est-ce bien pensé d'installer un stade de 82.000 places?", a-t-on encore entendu.
La construction serait financée par le privé, 600 millions d'euros réglés par la FFR sur ses fonds propres pour un tiers et par le recours à l'emprunt pour le reste, a-t-il rétorqué.
"A aucun moment l'argent public n'a été sollicité", a confirmé pour sa part Stéphane Raffalli, le maire de Ris-Orangis, ville de l'Essonne choisie pour accueillir l'enceinte.
Mais l'argument ne suffira peut-être pas. A l'issue de sept réunions, les organisateurs feront remonter aux maîtres d'ouvrage - la FFR et les collectivités locales - les différentes observations du public.
Avant de s'accorder trois mois de plus pour décider si le projet continue ou pas.

(AFP)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.