Le Défenseur des droits, Dominique Baudis, a été saisi de refus de délivrance de licences amateurs à des joueurs étrangers résidant en France. Bien que condamnés il y a quelques années par les tribunaux, les quotas de joueurs étrangers perdurent.
Saisi d’une réclamation relative au refus de la Fédération française
de basketball (FFBB) de délivrer une licence amateur à une joueuse
sénégalaise, le Défenseur des droits a enquêté sur les quotas de joueurs
étrangers (hors UE). Il résulte de l’enquête que les règlements des
fédérations sportives comportent encore aujourd’hui des règles très
restrictives à l’égard des joueurs étrangers.
À l’issue de l’instruction menée par le Défenseur des droits, la FFBB
a admis qu'une logique de quotas existait pour maintenir l'équité entre
les équipes en championnat, et éviter que des joueuses étrangères
« mercenaires » ne soient trop nombreuses dans une même équipe.
Le Défenseur des droits s’était parallèlement enquis des quotas dans
le football et avait alerté par courrier le président de la Fédération
française de football (FFF), lui demandant de faire la lumière sur des
cas de refus de licences amateurs à des mineurs étrangers.
Ce que dit la loi
De telles pratiques, qui excluent ou limitent l’accès des joueurs
étrangers sont en contradiction manifeste avec la jurisprudence
européenne en matière de sports collectifs professionnels. Depuis l’arrêt Bosman de
1995 de la Cour de justice des Communautés européennes, il n'est plus
possible de limiter le nombre de sportifs des nationalités concernées
dans une équipe ou une compétition professionnelle, cette pratique
constituant une discrimination fondée sur la nationalité. Elle est
également contraire à l’arrêt Malaja du Conseil d’État.
En 1999, Lilia Malaja n'avait pu être embauchée par le RC Strasbourg
parce que deux autres joueuses non communautaires jouaient déjà dans le
club alsacien. Lilia Malaja avait alors fait valoir le contrat d'association
signé entre la Pologne et l'Union européenne en 1991 qui prévoyait que
les ressortissants polonais peuvent circuler et travailler librement
dans les pays de l'UE. Le Conseil d'État a donné raison à la basketteuse
dans son arrêt du 30 décembre 2002.
En ce qui concerne les amateurs, la nouvelle règlementation de la
FFBB du mois de mai 2011 restreint très fortement la participation des
joueurs étrangers : le quota limite à 2 joueurs par équipe les étrangers
qui n’ont ni joué ni été formés en France.
Dans sa décision MLD 2013-103 du 20 juin 2013, le
Défenseur des droits recommande à la Fédération Française de Basketball
et au ministre des Sports, autorité de tutelle, de mettre en place une
réforme des règlements généraux ainsi que des règles applicables à la
Ligue Nationale de Basket se conformant au droit français et européen.
La FFBB a depuis constitué un groupe de travail spécifique chargé
d’opérer les réflexions nécessaires à la réforme de leurs règlements
généraux. Conformément aux recommandations du Défenseur des droits, le
groupe de travail impliquera la Ligue Nationale de Basketball, le
ministère des Sports et la commission Sport professionnel du Comité
National Olympique et Sportif Français.
(Source)
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