vendredi 14 février 2014

La LFP sous l'influence du Havre ?

Mécontent de la suspension de son joueur Romain Saïss, coupable d’avoir blessé un adversaire en début de saison, le président du Havre, à la tête de l’UCPF, a fait changer la composition de la commission de discipline de la LFP.
CONTRAINTE de tenir compte des desiderata des télés au moment de programmer les rencontres, la Ligue de football professionnel (LFP) n’agit-elle pas aussi trop souvent sous l’influence des présidents de clubs? C’est en tout cas ce que laisse penser le mini-remaniement de sa commission de discipline, opéré dans la plus grande discrétion, au début de l’année. Pourtant apprécié pour son indépendance d’esprit et son honnêteté, Claude Tellène, un ancien arbitre de L1, a présenté sa démission au conseil d’administration de la LFP, qui l’a acceptée.
À l’origine de ce départ, une intervention de Jean-Pierre Louvel. Le président du Havre (L2), qui est un peu le patron des patrons du foot français, puisqu’il est également à la tête de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), s’est aperçu que les règlements interdisaient l’appartenance à deux commissions. Or, Tellène occupe aussi un fauteuil à la Commission fédérale d’arbitrage (CFA), qu’il ne souhaitait pas quitter. Depuis l’été 2011 et la création de la CFA, il coiffait cette double casquette sans qu’elle ne dérange personne. En tout cas, pas Louvel avant le 9 août 2013 et la rencontre LeHavre-Clermont (0-1, 3e j.). Ce jour-là, à la vingtième minute de jeu, le Havrais Romain Saïss commet une faute grossière sur Pierrick Capelle. Tellement grossière que le Clermontois, victime d’une rupture partielle du ligament interne du genou droit, n’a toujours pas rejoué en Championnat.
Sur le coup, M.Hakim Benel-Hadj sort un carton jaune pour Saïss. Mais face à l’émotion du camp clermontois, qui demande justice pour son joueur, l’arbitre, après avoir revu les imageset consulté sa hiérarchie, rédige un rapport complémentaire. La commission de discipline décide alors, le 22 août, de convoquer Saïss trois semaines plus tard, de façon à respecter les quinze jours de délai réglementaire imposés par le code du sport.
Après avoir auditionné l’arbitre, le tacleur havrais, Louvel – en tant que président du HAC –, Christophe Revault, son conseiller, mais aussi Olivier Chavanon, le directeur sportif de Clermont, la commission inflige, le 12 septembre, une suspension de trois matches à Saïss, à l’issue de débats intenses. Ses membres sont en effet divisés en deux camps : les partisans d’une sanction au regard de la violence du tacle et de la gravité de la blessure occasionnée et les «légalistes», qui estimaient la saisine de la commission irrecevable, le visionnage des images à des fins disciplinaires n’étant «autorisé» qu’en L1.
L’affaire aurait pu en rester là si les délibérations n’étaient pas revenues aux oreilles de Louvel, qui a ses entrées à la commission de discipline, puisque Jean-Claude Lorette, l’un des membres du directoire de son club, y siège.
Ayant appris que la suspension de son joueur s’était jouée à une voix, Louvel a riposté en se plaignant, notamment, de la surreprésentativité du corps arbitral dans la commission. La Ligue a entendu son argument et Tellène a dû renoncer. À la commission de discipline, la parole des arbitres n’est plus livrée que par Patrick Lhermite, ce dernier siégeant, selon les règlements, en tant que représentant de la corporation. Sa voix n’est plus déterminante puisqu’on lui a retiré son droit de vote. En revanche, la double casquette de Lorette semble ne déranger personne. S’il s’abstient sur les dossiers qui concernent le HAC, le dirigeant du club normand a voix au chapitre pour les faits touchant les autres clubs de L2. Mais Frédéric Thiriez, le président de la LFP, n’a pas jugé bonde l’inclure dans le ménage de la commission de discipline...

(L'Equuipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.