Le tournoi indoor de Marseille, dirigé par l’ancien joueur Jean-François Caujolle, débute aujourd’hui.
C’est l’un des rares de sa catégorie à dégager des bénéfices.
ET SI LA VÉRITABLE STAR de Marseille
n’était pas son club de foot mais son
tournoi de tennis ? On plaisante. Et pourtant…L’Open 13 squatte
régulièrement la première place des
tournois ATP 250 pour son plateau
sportif. Mieux, il gagne de l’argent –
100.000 euros l’année dernière – alors
que 65% des autres tournois de la
catégorie peinent à atteindre l’équilibre.
Depuis sa première édition en 1993,
il attirait entre trois et cinq joueurs du
top 10 chaque année.
En 2014, après le forfait du vainqueur de
l’Open d’Australie, Stanislas Wawrinka
(3e mondial) et de Thomas Berdych (7e)
en finale à Rotterdam, ils ne seront que
deux : Richard Gasquet (9e) et Jo-Wilfried Tsonga (10e). «Depuis le départ,on
n’a jamais dit qu’Andre Agassi ou Pete
Sampras allaient venir disputer le tournoi,
on n’a jamais “bromégé” (se vanter
en marseillais) », rigole Jean-François
Caujolle, ancien joueur professionnel et patron du tournoi. Là,
c’est une situation exceptionnelle. On a
eu 8 forfaits sur 19 joueurs engagés au
départ. Le public et les partenaires ne
râlent pas trop, mais c’est sûr que cela
ne doit pas se reproduire.»
Il a tenté d’approcher Juan Martin Del
Potro, mais le chèque entre 150 et
250 mille euros n’était pas suffisant.
« On a réussi dans le passé à se payer
Djokovic et Nadal mais ils ne sont plus
abordables aujourd’hui (leur venue est
évaluée à un million d’euros) », poursuit
celui qui est également directeur de
l’Open de Nice-Côte d’Azur (ATP 250)
depuis 2010.
Apprécié dans le milieu, Caujolle attire
chaque année les meilleurs Français
(avec une garantie située entre 100 et
250.000 euros), dans un tournoi situé
juste après celui de Rotterdam (ATP
500) et avant Dubaï (24 février-2 mars,
ATP 500) au calendrier. « Jean-François
Caujolle s’appuie sur son réseau
sportif, économique et politique, explique
Lionel Maltese, maître de conférence
à l’université d’Aix-Marseille. Il a
contribué au redressement du Masters
de Paris-Bercy (ATP 1000) lorsque la
fédération lui en a confié la direction
(2006-2011). Il va jusqu’au bout de ce
qu’il sait faire. » Depuis plus de vingt
ans, il a aussi tissé des liens forts avec
les collectivités et les entreprises et annonce
que «le taux de reconduction
des partenaires est de 90 à 95%».
Le
fruit aussi du travail de Patrick Caujolle,
directeur commercial du tournoi. «Mon
frère a tenu des boîtes de nuit pendant
dix ans à Marseille où sont passés la
plupart des dirigeants économiques de
la région. C’est un accélérateur relationnel.
» Les frangins ont sympathisé avec
le patron taïwanais de EOC Group, spécialisé
dans le transport maritime, désormais
partenaire officiel aux côtés de
BNP Paribas, Veolia Environnement,
Sodexo, Eiffage, Onet et Fedex. Clin
d’oeil au nouvel entrant : deux joueurs
taïwanais de double bénéficient d’une
wild-card.
Mais le principal sponsor reste le
conseil général des Bouches-du-
Rhône qui apporte à lui seul près de
25% du budget de 4,2 millions d’euros.
« On a un deal moral avec le département
: on réinvestit les bénéfices dans
le plateau sportif et on mène des actions
éducatives comme l’espace destiné
aux enfants pendant le tournoi »,
poursuit Jean-François Caujolle. Au total,
plus de 180 sociétés ont réservé des
loges cette année et le village des partenaires
de 6.000m2 affiche complet.
« L’Open 13 devient pendant une semaine le quartier d’affaires de Marseille
et de toute la région », estime Lionel
Maltese. Reste que l’obsolescence du
palais des sports de Marseille et sa capacité
de 6.200 places (incluant les loges)
empêchent le tournoi de se hisser
dans la catégorie des ATP 500.
Le projet
d’une aréna de 15.000 places, dans les
cartons depuis plusieurs années, est
gelé pour cause de campagne électorale
en vue des municipales.
Le changement de dimension passe
aussi par le doublement du budget en
2020 et son internationalisation. « On
n’est pas un événement assez important
pour attirer un oligarque russe ou
un investisseur qatarien », sourit le directeur.
Il a quand même cédé 25% des
parts de la société familiale qui détient
le tournoi à un investisseur indien.
Passionné de tennis, il ne sera pas trop
dépaysé à l’Open 13 : le village des partenaires
recrée une ambiance indienne
à grand renfort d’éléphants et de tentures bariolées.
(L'Equipe)
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