Un peu plus d’un an après son ouverture, le vélodrome Jean-Stablinski de Roubaix a réussi son pari :
fidéliser les amateurs de la piste et attirer les entreprises.
Les meilleurs
pistards de la planète sont actuellement à Cali, en
Colombie, où se disputent les Championnats du monde.
À 9.000 kilomètres
de là, à Roubaix, d’autres cyclistes
tournent aussi sur une piste. Scolaires,
adultes, débutants ou licenciés de la
Fédération française de cyclisme, ils
sont les clients du vélodrome Jean-
Stablinski, surnommé le «Stab»,
inauguré en septembre 2012.
En ce
moment, «c’est la saison pleine, certains soirs,
on refuse du monde», explique
Arnaud Tournant, champion
olympique en vitesse par équipes en
2000 et 14 fois champion du monde,
désormais directeur adjoint du vélodrome.
La première année d’exploitation a
été fructueuse. «Le conseil d’administration
validera en mai ce premier
exercice, mais le bilan s’annonce légèrement
excédentaire. On a explosé
les prévisions au niveau des abonnements
(400) et des baptêmes
(4.000) », souligne le directeur, Stéphane Pouilly.
Chargé par les collectivités
locales – le vélodrome est géré
en société publique locale – de faire
tourner le site, qui comprend également
une piste de BMX extérieure de
niveau national, le directeur s’appuie
sur deux axes : «Le haut niveau et la
mission de service public du sport.»
Après les Championnats de France
sur piste qui ont fait le plein en février
2013, les dirigeants ont la volonté
d’organiser chaque année une compétition
internationale. «Il nous a
manqué un peu de temps et de financement
pour accueillir une manche
de la Coupe du monde, cette année,
mais nous aurons un Open international,
une compétition de classe 1, les
12 et 13 septembre», précise Stéphane
Pouilly, par ailleurs très attaché à la
mission de service public qui voit les
lycéens et les collégiens de classes de
quatrième et troisième des établissements
situés en face du vélodrome
disposer d’un module d’initiation à la
piste dans leurs cours d’EPS. Pour ce
partenariat, le vélodrome perçoit une
compensation de service public qui
couvre aux deux tiers ses frais de
fonctionnement qui s’élèvent à 1 million
d’euros annuel par an.
Le reste des recettes provient de
l’exploitation commerciale du lieu,
notamment via les séminaires d’entreprises
et l’accueil des sportifs de
haut niveau.
La FDJ.fr, Europcar et BMC
sont déjà venues en stage et la réservation de
la piste, en exclusivité, est
facturée entre 80 à 250 euros de
l’heure, selon le niveau des équipes et
la période de l’année. S’il s’agit du vélodrome entier,
comme lors du 10 janvier,
pour la présentation de l’équipe
Trek – celle de Fabian Cancellara et
des frères Schleck –, le prix tourne
plutôt autour de 2.800 euros hors taxe
la journée pour l’exclusivité de l’aire
centrale. «Au soir de sa victoire dans
Paris-Roubaix (en avril 2013) quand
Fabian Cancellara a donné sa conférence de presse au
«Stab», j’avais
trouvé l’endroit merveilleux, explique
l’attaché de presse de l’équipe, Tim
Vanderjeugd. Nous avons trouvé là-bas des
gens motivés pour nous accueillir.
Pour Trek, il n’y avait pas de
lieu plus parfait que celui-ci.»
Outre l’aspect commercial, la présentation de
l’équipe du World Tour,
relayée par la presse du monde entier,
a aussi servi la notoriété du «Stab»,
ce qui n’est pas négligeable vu le contexte
économique actuel. Car si, en
2013, le vélodrome a accueilli 35 séminaires –
soit 3.500 personnes–, les
600 mètres carrés destinés aux réunions d’entreprises
ne tournent pas à
plein régime. «Les entreprises restent
peut-être plus volontiers dans leurs
locaux », observe le directeur, qui
souligne par ailleurs que l’activité
badminton, proposée sur l’aire centrale,
n’a pas encore décollé. «Pour
l’instant, on surfe sur l’effet mode. Le
bâtiment haute qualité environnementale est beau,
il y a l’attrait d’effectuer
le baptême de piste pendant un
séminaire, mais à un moment, ça va
se tasser», reconnaît Stéphane Pouilly
en pointant deux autres pistes de travail
pour l’avenir du « Stab » : « La
prospection pour les séminaires doit
se développer et le sponsoring des
panneaux publicitaires autour de la
piste peut encore être optimisé.»
(L'Equipe)
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