Les dirigeants du sport français se sont penchés lundi sur l'héritage
laissé par les JO de Londres pour nourrir leur réflexion en vue d'une
possible candidature de Paris pour 2024.
Une vaste plaine,
parcourue par quelques installations sportives, sur laquelle s'activent
des grappes d'ouvriers. Dix-neuf mois après les JO-2012, voilà à quoi
ressemble l'ancien parc Olympique, rebaptisé "Queen Elizabeth Olympic
Parc", à l'est de Londres.
"Nous sommes ici pour voir quel est
l'héritage des JO, annonce Valérie Fourneyron. On n'est pas candidat
pour être candidat. On construit un projet pour la France. L'héritage se
construit en amont de la candidature."
La ministre des Sports
mène une délégation d'une vingtaine de personnes, parmi elles certaines
prendront "la" décision, à l'été 2015: Paris sera-t-elle candidate pour
l'organisation des JO de 2024 ?
Pour éviter une répétition de la
traumatisante défaite de 2005, lorsque la capitale française avait été
battue par Londres pour l'accueil des Jeux 2012, les dirigeants français
pèsent tous les aspects. En commençant par "l'héritage"; la
reconversion des sites.
"Il faut qu'on s'interroge sur le fait de
savoir pourquoi on veut organiser les Jeux. En 2005, on avait fait une
réponse verbeuse sur l'amour des Jeux", se souvient Denis Masseglia, le président du CNOSF.
Et si les JO servaient à accélérer le développement d'un quartier défavorisé et délaissé, comme l'est de Londres ?
Moins
de deux ans après les JO, les résultats sont palpables. L'autobus qui
transporte la délégation sillonne le parc. L'ancien site (démontable) du
basket a laissé place à un champ. La délégation s'arrête ensuite à
l'ancien centre des Médias (IBC). De l'extérieur, un vaste hangar "qui
pourrait accueillir six jumbo jets", s'amuse Neale Coleman, vice-président de l'agence en charge de la reconversion du parc. Le site est désormais
partagé entre un futur théâtre (900 places), une université, et
l'opérateur téléphonique BT. Coût du réaménagement: 120 millions de
livres (145,7 millions d'euros).
La délégation reprend la route, direction la piscine olympique.
Dans l'eau témoin des exploits de Michael Phelps et Yannick Agnel
s'agitent des nageurs anonymes. L'enceinte est ouverte au public depuis
le week-end dernier, où 8500 personnes ont poussé les portes du
complexe.
"Le prix 3,5 livres (4,25 euros) est le même que dans les piscines environnantes", explique M. Coleman.
A
proximité, l'ancien stade olympique, où Usain Bolt signa le triplé 100
m, 200 m, 4x100 m, est en travaux. Il accueillera l'équipe de football
de West Ham à partir de 2016-2017, peut-être sous un toit dont le
surcoût est estimé à 200 millions de livres.
Au total, l'héritage
est estimé à 350 millions de livres, pour un coût total des Jeux (y
compris les infrastructures) de 9 milliards de livres (contre 37
milliards d'euros pour les derniers JO de Sotchi).
Neal Coleman assure que 4 à 500 personnes travaillent actuellement sur le site. A terme, il table sur "4500 à 5000".
Et
ces personnes peuvent même habiter à proximité, puisque quelque 25.000
logements, issus de l'ancien village olympique (6000 environ) ou de
résidences construites dans le parc ou ses environs sont (ou seront)
disponibles.
A l'heure du bilan, Londres semble avoir réussi la
première partie de son plan de reconversion, qui devrait s'étirer au
moins sur une dizaine d'années.
Mais cette visite ne devrait pas
pour autant accélérer le calendrier d'une éventuelle candidature
française. Elle va quand même relancer certaines questions.
Les responsables demeurent pour l'instant concentrés sur la méthodologie.
"A Sotchi, Thomas Bach (président du CIO) a parlé du rôle des athlètes et de faire des Jeux un vecteur
sociétal", glisse Bernard Lapasset, qui préside le Comité français du
sport à l'international (CFSI), chargé de donner le tempo.
Pour
l'instant, il met en place 14 groupes de travail (impact économique,
sociétal et international) et regarde vers l'été 2015, date arrêtée pour
l'annonce d'une éventuelle candidature. Pas avant.
(AFP)
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