mardi 4 mars 2014

Marseille est-elle capable d'accueillir du basket en Pro A ?

Un projet de grand club de basket à l’horizon 2016 est à l’étude à Marseille, dans une métropole  privée de haut niveau depuis plus d’un demi-siècle.
LE DJ RYTHME les envolées de Mohamed Hachad et de ses «BYers » (les Black and ellow) qui découpent l’Hermine de Nantes (96-65) dans un match de milieu de tableau de Pro B. Au coeur de la deuxième mi-temps, un groupe de supporters reprend avec vigueur les slogans de l’OM («Nous sommes les Marseillais et nous allons gagner… Allez Marseilleu… »). Le speaker s’époumone et rappelle que l’arrière Fabien Ateba est «le cousin de Nicolas Batum. »
Posté à l’ombre du Stade-Vélodrome, à quelques hectomètres de la Canebière, le palais des sports de Marseille accueille sporadiquement les Jaune et Noir de Fos-sur-Mer, une ville portuaire située à cinquante kilomètres à l’ouest. Dimanche après-midi, la douceur et le ciel printaniers avaient retenu quelques centaines de spectateurs mais, depuis l’an dernier, entre deux et trois mille Marseillais goûtent au basket, même de deuxième choix.
Le test a pour objectif de mesurer la capacité de la deuxième agglomération française à soutenir du sport professionnel ailleurs qu’au Vélodrome. Et à mettre sur orbite une équipe de Pro A. Une gageure à Marseille où, hormis l’expérience éphémère de l’OM-Vitrolles handball, entre1991 et 1996 (double champion de France et vainqueur de la Coupe des Coupes), aucun autre club n’a fait sa place depuis cinquante ans. «Le foot est le foot et le restera, mais il manque un sport de salle collectif et le basket a toute sa place », assure Jean-Pierre Bruyère, le président de la Ligue de Provence, qui bat cette saison son record historique de licenciés. « Il y a eu un effet équipe de France championne d’Europe et Braqueuses. Et on pourrait accueillir le double de licenciés mais on n’a pas la logistique pour », regrette-t-il. Il y a dix ans, l’OM avait vaguement envisagé de développer une section basket, en absorbant Montpellier, alors, en déconfiture. Sans suite.
Cette fois, le projet mis en place via Fos-sur-Mer esquive la mère nourricière de l’identité sportive marseillaise. Et veut concerner toute une agglomération, appelée début 2016 à se fondre dans une nouvelle entité métropolitaine, Aix-Marseille-Provence, le Grand Paris de Marseille. «À Fos, depuis trois ans en Pro B, on est au taquet. On a bien fait notre travail et on ne pourra pas faire davantage ; alors, on a décidé d’investir Marseille pour avoir de l’air. Le rugby et le hand ont essayé et se sont cassé les dents. Le basket prend, on a fait des matches avec trois mille personnes. Provence Basket permet de pousser nos murs », glisse le président de Fos, Jean-Pierre Barnes, aiguillé par l’ancien directeur de l’ASVEL, Antony Thiodet, initiateur et moteur du projet.
Provence Basket est le nom du futur club qui doit prendre la suite et évangéliser Marseille. Sa mise en route séduit tous les acteurs du basket marseillais. «Depuis deux ans, l’idée de fusion a bien progressé. On se rend régulièrement sur le terrain brancher les jeunes qui sont très foot pour les convaincre de venir au basket, car il y a une population pour ce sport », explique le meneur de jeu des BYers, Édouard Choquet. «Le basket véhicule une autre éthique que le foot », ajoute Jean- Pierre Moro, le président du SMUC, le grand club universitaire auquel le projet Provence Basket est adossé, afin d’offrir un volet formation et social au futur club dans une villequi cristallise les débats politiques nationaux.
Une Arena de dix milleplaces figure en bonne place dans les programmes électoraux. Et une invitation en Pro A dès la saison prochaine est également à l’ordre du jour. «Ce n’est pas une condition sine qua non pour la réussite du projet. Mais la wild-card peut booster les choses, même si on serait attendus au tournant », admet Antony Thiodet. Mais, à Marseille, c’est presque une habitude.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.