Six mois après son départ "à regret" du ministère des Sports où elle
s'était engagée fortement dans les problématiques de santé publique,
Valérie Fourneau se voit aujourd'hui confier l'un des postes clés de l'Agence mondiale antidopage (AMA).
Désignée
le week-end dernier présidente pour deux ans du Comité santé, médical
et recherche, l'ex-ministre voit là récompensés son travail et son
assiduité au sein du comité exécutif de l'AMA où elle représentait
l'Europe depuis septembre 2012, au côté d'un autre Français, Tony
Estanguet siégeant lui au nom du CIO.
"Depuis que les
représentants des gouvernements siègent à l'AMA, c'est la première fois
que l'un d'eux a un tel bagage scientifique avec une profonde
connaissance du problème du dopage", se félicite un membre de l'Agence.
"Elle arrive toujours extrêmement préparée aux réunions et a des
qualités qui en font un choix hyper légitime", dit-il.
La
présidence du comité médical est en effet tout sauf un poste
honorifique. Dirigé par le professeur Suédois Arne Ljungqvist depuis la
création de l'AMA en 1999, ce département touche au coeur de la mission
de l'agence, accréditant les laboratoires antidopage du monde entier,
établissant la liste des produits interdits et les priorités de
recherche.
Médecin du sport, déjà impliquée dans la loi sur le dopage de 1989, Valérie Fourneau ,
54 ans, voit dans cette nomination la "reconnaissance d'un engagement
ancien, la logique d'un parcours." Paradoxalement, son départ forcé du
gouvernement en juin l'a beaucoup servie. "Elle a toujours exprimé son
intérêt pour la mission, qui plus est depuis qu'elle n'est plus ministre
et a plus de temps", dit-on à l'AMA.
Une reconnaissance déjà accordée par
ses collègues du nouveau gouvernement. Nommé secrétaire d'Etat aux
sports, Thierry Braillard lui a en effet laissé une partie des clés en
matière de politique antidopage. "Elle fait du très bon travail depuis
des années et des années sur ce sujet là notamment, elle a l'expertise
pour", rend hommage le nouveau titulaire du poste qui dit avoir refusé
poliment la suggestion de certains de ses amis de prendre le siège de Fourneau à l'AMA.
Soutenue
par Braillard et son ministre de tutelle, Patrick Kanner, c'est elle
qui oeuvre aujourd'hui à la rédaction du projet de loi qui traduira
légalement le nouveau code mondial antidopage dans la loi française.
C'est elle également qui supervise l'organisation, les 15 et 16 novembre
prochain à l'Assemblée nationale, de deux jours de réunions de l'AMA.
Sa
nomination est également un beau rebond personnel pour l'ex-ministre
des sports du gouvernement Ayrault, transférée à la faveur du
remaniement au secrétariat d'Etat au Commerce, à l'artisanat, à la
consommation et à l'Economie sociale et solidaire. Un poste qu'elle n'a
jamais occupé, victime deux jours après sa nomination d'un syndrome
méningé qui la poussera, en juin, à démissionner de son mandat
ministériel.
Redevenue alors simple députée de Seine-Maritime, membre de la commission des affaires étrangères, Valérie Fourneau a travaillé depuis à réunir ses deux domaines de prédilection en un
concept: la diplomatie sportive. Sa promotion à l'AMA, avec le soutien
unanime des représentants des cinq continents, est, en ce sens, une
véritable victoire pour une France en quête de responsabilités dans les
instances internationales. Bernard Lapasset, président du comité
français du sport international (CFSI), fut d'ailleurs le premier à la
féliciter le week-end dernier.
Mais quand on lui parle d'un
éventuel destin à la présidence de l'AMA, l'ex-ministre élude
habilement. 2020, la prochaine échéance électorale de l'Agence, c'est
bien trop long pour quelqu'un qui revient de si loin.
(AFP)
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