L'ancien joueur de tennis Victor Pecci, jadis bourreau de l'équipe de
France de Coupe Davis, est devenu ministre des sports du Paraguay, où
il ambitionne d'attirer vers des sports d'équipe 100.000 enfants
défavorisés.
Distingué en 2011 meilleur sportif de l'histoire du
Paraguay, l'ancien finaliste de Roland-Garros (1979 face à Bjorn Borg) a
été appelé au gouvernement voici un an par le président Horacio Cartès,
un riche homme d'affaire du Parti Colorado.
A 58 ans, Victor
Pecci a toujours fière allure mais son 1,93 m le fait souffrir. "J'ai de
l'arthrose au dos et aux genoux, une hernie discale. Les risques du
métier", plaisante le ministre lors d'un entretien avec l'AFP.
"J'ai
commencé à jouer au tennis à 6 ans avec mon père et mes oncles. A mon
époque, il n'y avait pas de professeurs au Paraguay", se souvient Victor
Pecci, fils d'un éminent médecin, né dans les beaux quartiers
d'Asuncion.
S'il ne joue plus au tennis, il continue de faire du
sport: salle de gym, paddle et football. Cette homme discret met un
costume depuis qu'il est ministre. Mais s'il n'y a pas de cérémonie, il
troque la chemise contre le polo. Et il a remisé depuis longtemps le
diamant qu'il arborait à l'oreille droite.
Pecci a rencontré
Horacio Cartès alors qu'il était encore le président de Libertad, l'un
des plus grands clubs de football du Paraguay. Cartès, également
dirigeant de la fédération,
l'a "invité au Mondial en Afrique du Sud (en 2010). C'est là qu'on a
bien fait connaissance. Pendant la campagne électorale, il m'a proposé
d'être ministre et j'ai accepté".
Pecci, ami de l'Argentin
Guillermo Vilas et contemporain des Jimmy Connors et John McEnroe, a
pris sa retraite sportive en 1990 après avoir atteint le 9e rang
mondial. Il s'est alors consacré à faire partager son expérience au sein
de son Complexe Victor Pecci ou comme capitaine de l'équipe de Coupe
Davis du Paraguay.
Depuis son bureau du ministère, on aperçoit le stade couvert de
5.000 places qui abrita Paraguay-France, 1er tour de la Coupe Davis
1985.
Pour les tennismen français, l'évocation de Victor Pecci et
d'Asuncion est un douloureux souvenir. La rencontre, perdue 3-2 par
Yannick Noah et Henri Leconte, s'était jouée sur une surface
inhabituelle (du parquet), dans un vacarme assourdissant. Les Français
avaient été bousculés, insultés, des conditions inimaginables dans le
monde feutré du tennis.
Avant le duo français, Pecci et son
compère Francisco Gonzalez, un Portoricain naturalisé paraguayen,
avaient défait les Etats-Unis et la Tchécoslovaquie d'Ivan Lendl.
Ces
exploits lui valent la reconnaissance éternelle. Dans la capitale
Asuncion, on salue Victor Pecci avec respect et admiration.
Etre ministre, "c'est un défi", dit-il en décrivant l'ampleur de la mission.
"On
cible les enfants qui n'ont pas les moyens de faire du sport.
Jusqu'ici, on a attiré 15.000 jeunes et l'objectif est d'arriver à
100.000 dans les quatre disciplines". Cela implique des professeurs, des
coordinateurs et des équipements, mais le budget ne suit pas toujours.
Dans ce pays sous-développé de 7 millions d'habitants, il envisage de s'appuyer sur les infrastructures du football.
Le
ministre Pecci bouillonne de voir les gamins paraguayens devenir
experts en jeux électroniques sur téléphone portable ou ordinateur.
Pecci
distingué meilleur sportif de l'histoire du Paraguay, c'en était trop
pour José Luis Chilavert, l'ex-gardien de but de Saragosse, Velez
Sarsfield et Strasbourg. "Il n'a jamais gagné un tournoi du Grand
Chelem", avait réagi Chilavert, qui brique aujourd'hui la présidence de
Velez Sarsfield, en Argentine.
"Cela m'a un peu affecté, alors je
lui ai répondu qu'il n'avait jamais remporté de Copa America, ni la
Ligue des champions, ni joué dans un grand club européen", rappelle
Victor Pecci qui a pour sa part remporté 10 titres ATP en simple et 12
en double.
(AFP)
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