lundi 13 octobre 2014

Au Paraguay, un ministre nommé Victor Pecci veut démocratiser le sport

L'ancien joueur de tennis Victor Pecci, jadis bourreau de l'équipe de France de Coupe Davis, est devenu ministre des sports du Paraguay, où il ambitionne d'attirer vers des sports d'équipe 100.000 enfants défavorisés.

Distingué en 2011 meilleur sportif de l'histoire du Paraguay, l'ancien finaliste de Roland-Garros (1979 face à Bjorn Borg) a été appelé au gouvernement voici un an par le président Horacio Cartès, un riche homme d'affaire du Parti Colorado.
A 58 ans, Victor Pecci a toujours fière allure mais son 1,93 m le fait souffrir. "J'ai de l'arthrose au dos et aux genoux, une hernie discale. Les risques du métier", plaisante le ministre lors d'un entretien avec l'AFP.
"J'ai commencé à jouer au tennis à 6 ans avec mon père et mes oncles. A mon époque, il n'y avait pas de professeurs au Paraguay", se souvient Victor Pecci, fils d'un éminent médecin, né dans les beaux quartiers d'Asuncion.
S'il ne joue plus au tennis, il continue de faire du sport: salle de gym, paddle et football. Cette homme discret met un costume depuis qu'il est ministre. Mais s'il n'y a pas de cérémonie, il troque la chemise contre le polo. Et il a remisé depuis longtemps le diamant qu'il arborait à l'oreille droite.
Pecci a rencontré Horacio Cartès alors qu'il était encore le président de Libertad, l'un des plus grands clubs de football du Paraguay. Cartès, également dirigeant de la fédération, l'a "invité au Mondial en Afrique du Sud (en 2010). C'est là qu'on a bien fait connaissance. Pendant la campagne électorale, il m'a proposé d'être ministre et j'ai accepté".
Pecci, ami de l'Argentin Guillermo Vilas et contemporain des Jimmy Connors et John McEnroe, a pris sa retraite sportive en 1990 après avoir atteint le 9e rang mondial. Il s'est alors consacré à faire partager son expérience au sein de son Complexe Victor Pecci ou comme capitaine de l'équipe de Coupe Davis du Paraguay.
Depuis son bureau du ministère, on aperçoit le stade couvert de 5.000 places qui abrita Paraguay-France, 1er tour de la Coupe Davis 1985.
Pour les tennismen français, l'évocation de Victor Pecci et d'Asuncion est un douloureux souvenir. La rencontre, perdue 3-2 par Yannick Noah et Henri Leconte, s'était jouée sur une surface inhabituelle (du parquet), dans un vacarme assourdissant. Les Français avaient été bousculés, insultés, des conditions inimaginables dans le monde feutré du tennis.
Avant le duo français, Pecci et son compère Francisco Gonzalez, un Portoricain naturalisé paraguayen, avaient défait les Etats-Unis et la Tchécoslovaquie d'Ivan Lendl.
Ces exploits lui valent la reconnaissance éternelle. Dans la capitale Asuncion, on salue Victor Pecci avec respect et admiration.
Etre ministre, "c'est un défi", dit-il en décrivant l'ampleur de la mission.
"On cible les enfants qui n'ont pas les moyens de faire du sport. Jusqu'ici, on a attiré 15.000 jeunes et l'objectif est d'arriver à 100.000 dans les quatre disciplines". Cela implique des professeurs, des coordinateurs et des équipements, mais le budget ne suit pas toujours.
Dans ce pays sous-développé de 7 millions d'habitants, il envisage de s'appuyer sur les infrastructures du football.
Le ministre Pecci bouillonne de voir les gamins paraguayens devenir experts en jeux électroniques sur téléphone portable ou ordinateur.
Pecci distingué meilleur sportif de l'histoire du Paraguay, c'en était trop pour José Luis Chilavert, l'ex-gardien de but de Saragosse, Velez Sarsfield et Strasbourg. "Il n'a jamais gagné un tournoi du Grand Chelem", avait réagi Chilavert, qui brique aujourd'hui la présidence de Velez Sarsfield, en Argentine.
"Cela m'a un peu affecté, alors je lui ai répondu qu'il n'avait jamais remporté de Copa America, ni la Ligue des champions, ni joué dans un grand club européen", rappelle Victor Pecci qui a pour sa part remporté 10 titres ATP en simple et 12 en double.

(AFP) 

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.