De nombreux clubs ont banni les moyens de paiement traditionnels
--espèces, chèques ou cartes bancaires-- de leurs enceintes pour adopter
un système de jetons ou de carte rechargeable, destinés à simplifier
les échanges, fidéliser le spectateur, mais aussi l'inciter à la
dépense. Et ça marche!
Nancy, Le Havre, Valenciennes, Lille en
Ligue 1 ou 2 de football, Lyon, Oyonnax, Brive, Agen ou La Rochelle en
rugby, la liste des clubs ayant fait le pari de la démonétisation de
leur stade s'allonge chaque saison sans pour autant atteindre les
niveaux de l'Allemagne ou des Pays-Bas, pionniers en la matière.
Le
principal intérêt de cette mutation réside dans la fluidification des
échanges. "Combien de spectateurs ont, pendant une mi-temps, renoncé à
se rendre à une buvette embouteillée?", interroge Thomas Hegarty, directeur de LTF Software, l'un des acteurs de ce nouveau marché. Question
corolaire: Combien les clubs ont-ils perdu de clients potentiels?
D'après
Thomas Hegarty, le temps de vente d'une bière à la buvette d'un stade
est passée de 30 secondes, sous l'ancien système, à 3 secondes avec la
carte prépayée. "Il n'y a plus de caisse, plus de comptage, plus
d'argent qui traine, plus de problèmes d'hygiène", détaille-t-il.
Prestataire de
l'AS Nancy Lorraine, LTF a développé avec ce club le système sans doute
le plus abouti en France. Le club de L2 est en effet le précurseur en
matière de monétique avec une première carte prépayée imposée pour les
consommations introduite en 2005. Aujourd'hui, la même carte associe les
services de billetterie et de restauration, pour les abonnés ou les
spectateurs occasionnels qui peuvent recharger leur carte sur internet
ou des bornes placées dans le stade.
A ce service, s'est greffé
un système de fidélité, récompensant les acheteurs après un certain
montant, comme dans de nombreux autres commerces, et surtout une
traçabilité des comportements: A quelle heure tel spectateur arrive au
stade ? Combien dépense-t-il ?, etc. Résultat, le panier moyen, par
spectateur, a augmenté de deux euros sur les 40.000 détenteurs de la
carte, sur la seule dernière saison pour un coût d'investissement de 100
à 150.000 euros pour le câblage et les bornes installés en 2005,
rénovés en 2010.
"Depuis plusieurs saisons, les ventes aux
buvettes augmentent constamment et, de plus, ce système nous donne une
conséquente avance sur trésorerie", explique Mathieu Enard, responsable
du programme à l'ASNL. En effet, les euros crédités sur la carte par les
consommateurs ne sont pas dépensés tout de suite et constituent ainsi
une réserve non négligeable pour le club.
Pour autant, le système
de cartes n'est pas forcément l'unique référence en matière de paiement
dématérialisé. Le Lille OSC, qui s'y était mis lors de son emménagement
au stade Pierre-Mauroy, y a ainsi renoncé au bout d'un an.
En
effet, "ce système, excepté le cas de Lille, est difficilement
réversible étant donnés les coûts de mise en place, analyse Jean-Pierre
Blanc, patron de la société AGP System. Les clubs ont effectivement des
données sur les consommateurs mais n'ont pas les structures pour les
exploiter. En cas de panne système, tout est paralysé..."
La société de Jean-Pierre Blanc
a préféré miser sur la simplicité en adoptant un système néerlandais
"qui a inventé la roue", celui des jetons, inspiré par le fameux
"Collierbar" du Club méditerranée.
Les avantages sont les mêmes
en terme de sécurité, d'hygiène, de transparence des encaissements,
d'avance sur trésorerie. Sans les inconvénients liés à la lourdeur du
système de cartes.
Le club de Top 14 de Lyon, qui a choisi cette
année d'équiper 100% de ses points de ventes en Token (jeton en anglais)
dit avoir déjà plus que doublé ses "recettes buvettes" par rapport à la
saison dernière, soit 40.000 euros de plus par match, et ses jetons,
imprimés à l'effigie des joueurs du LOU, deviennent peu à peu des
collectors que l'on conserve... pour le plus grand profit du club.
Mais
quid du PSG, de Marseille en L1, de Toulon ou Toulouse en rugby... "La
priorité des grands clubs", analyse Jean-Pierre Blanc, n'est "pas
forcément le service au spectateurs pour gagner de l'argent. Avec les
droits télés ou les ventes de joueurs, ce n'est pas vital pour eux."
Ça l'est en revanche pour les plus modestes.
(AFP)
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