lundi 20 octobre 2014

Le cheval subit la crise de plein fouet

Baisse du pouvoir d'achat, hausse de la TVA équestre, nouveaux rythmes scolaires: le monde équestre est en pleine déprime, de plus en plus de chevaux sont abandonnés et les clubs hippiques enregistrent une baisse de fréquentation, pour la première fois depuis 30 ans.

Début octobre à Toulouse, un cheval maltraité et affamé est découvert "en train d'errer" sur la voie publique dans un quartier proche de zones industrielles.
"Depuis le début de l'année, on a déjà accueilli 62 chevaux, contre 89 l'an dernier, alors qu'on n'est qu'à mi-parcours", s'inquiète Adeline Maatouk, chargée de mission à la Fondation Brigitte-Bardot.
Même constat de la Fondation 30 millions d'amis qui est actuellement en pourparler pour acheter une ferme de 100 hectares près de Bourges pour installer plus de 200 chevaux abandonnés en 3 ans.
"Un cheval que l'on récupère et que l'on place nous coûte près de 200 euros par mois. Je préfère acheter une ferme", confie Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d'amis qui travaille en partenariat avec le Centre d'hébergement et de protection des équidés maltraités (CHEM) pour la prise en charge des chevaux.
"Pour l'équarrissage, il faut compter près de 280 euros et les gens préfèrent abandonner leur bête que de les euthanasier", constate-t-elle rappelant que "l'entretien d'un cheval est onéreux: nourriture, frais vétérinaires, maréchalerie...."
Laetitia Bos, présidente du CHEM, récupère, elle, des troupeaux entiers de chevaux "affamés" saisis chez des professionnels.
"C'est un phénomène nouveau de saisir des chevaux chez des éleveurs et des centres équestres", s'inquiète-t-elle. Ces trois dernières années, le CHEM a récupéré près de 450 équidés.
L'Institut français du cheval et de l'équitation enregistre, pour sa part, une baisse des naissances.
En 2014, 19.673 juments "chevaux de selle" ont été saillies contre 20.322 en 2013 (-3 %). Pour les poneys, la baisse s'accentue en 2014 (-13%).
Le commerce de chevaux accuse également une baisse globale des transactions. Le prix moyen d'un cheval de sport ou de loisir est de 5.000 euros. Les importations de poneys ont baissé de -7% et celles des chevaux de selle de -6 %.
Au 1er janvier 2014, le gouvernement a augmenté la TVA équestre de 7 à 20 % afin de mettre la France en conformité avec la directive européenne. Et ce, malgré les nombreuses manifestations de la filière équestre dès décembre 2013.
Aujourd'hui, après avoir connu une constante augmentation du nombre de ses licenciés depuis 1984 (+ 374 %), la fédération française d'équitation note une légère baisse du nombre de ses adhérents qui passe sous la barre des 700.000, une première depuis 30 ans.
"L'équitation est victime de la crise économique et avec les nouveaux rythmes scolaires les enfants sont à l'école le mercredi matin et doivent se coucher tôt le mardi soir", explique Jean-Marie Laurent, délégué national du Groupement hippique national (GHN).
De plus, "en période de crise, les gens recherchent les loisirs les moins coûteux. Une heure de monte à cheval ou à poney, revient entre 15 et 18 euros, alors que certains sports, qui bénéficient de l'aide des finances publiques, coûtent une centaine d'euros à l'année", note-t-il.
"Les cavaliers continuent de monter à cheval, une fois par semaine, mais participent de moins en moins aux stages", constate M. Laurent qui dirige un club hippique en Auvergne.
La France compte près de 6.000 centres équestres qui génèrent 800 millions d'euros de chiffre d'affaires et représentent 18.000 emplois directs, soit quelque 24.000 actifs avec les dirigeants d'entreprise.
Ces établissements "entrent dans une phase d'attentisme économique. Ils freinent les embauches et les investissements", affirme Jean-Marie Laurent.
Moins de cavaliers et des chevaux qui partent au couteau. Selon I'interprofession de la viande et du bétail (Interbev), 20.000 équidés ont été abattus en France l'an dernier et déjà 11.250 de janvier 2014 à août.
Et, aujourd'hui sur internet on trouve des annonces pour adopter des chiens, des chats mais aussi désormais des chevaux.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.