Alors que Marseille inaugure le 16 octobre son
Stade Vélodrome rénové, agrandi et désormais couvert, le modèle
économique qui a présidé à sa réalisation pose question. Le partenariat
public-privé va faire peser des décennies durant une lourde charge
financière sur la municipalité, avec l’aide de l’OM, qui a su néanmoins
protéger ses intérêts.
Après trois ans de travaux,
Marseille a enfin son nouvel écrin. Inauguré officiellement demain,
jeudi 16 octobre, en présence de Patrick Kanner, ministre des Sports, le
Stade Vélodrome est fin prêt pour accueillir les exploits de l’OM et, à
l’été 2016, l’Euro de football.
Pour le stade mythique de la cité phocéenne, bâti en 1937, les récents travaux ne sont pas les premiers, loin s’en faut. En 1985, l’enceinte avait perdu la piste cycliste qui lui vaut son nom. A l’occasion de la Coupe du monde 1998, les transformations avaient été plus profondes. Les tribunes étant rasées pour être reconstruites afin de porter la capacité à 60.000 places. La métamorphose actuelle est tout aussi spectaculaire. Non seulement le stade compte aujourd’hui 67.000 places, mais celles-ci sont désormais intégralement couvertes, une première dans l’histoire marseillaise.
Partenariat public-privé
Au-delà de la prouesse technique et du confort accru pour les spectateurs, le nouveau Stade Vélodrome s’inscrit également dans une mode qui bouleverse depuis quelques années l’économie des grandes enceintes sportives : le PPP, comprenez partenariat public-privé.
Le principe, est simple : faute de moyens financiers suffisants pour construire une infrastructure coûteuse, une collectivité publique confie à un partenaire privé le soin de financer les travaux et, au passage, la gestion de l’ouvrage durant plusieurs décennies. Le tout moyennant un loyer substantiel. La propriété de l’ouvrage ne revenant définitivement à la collectivité qu’à l’issue du contrat.
Dans le cas marseillais, il s’agissait de financer 268 millions d’euros de travaux. Pour cela, la ville a fait appel à Arema, une filiale du groupe de BTP Bouygues à laquelle elle va rembourser 12 millions d’euros durant 30 ans… soit 360 millions d’euros. Pourquoi cette différence avec les coûts des travaux ? Pour rémunérer le partenaire privé. Et pour la collectivité, cela revient en outre à s’engager sans recourir à un emprunt bancaire qui plomberait ses comptes sur le long terme.
Bras de fer
Mais cet artifice ne suffira sans doute pas à faire passer auprès du contribuable marseillais une pilule bien trop grosse. Pour pouvoir payer à Arema ses échéances, la ville comptait en effet sur un loyer largement revalorisé (pendant les travaux, l’OM ne payait que 50.000 euros par an). Elle s’est même avancée à réclamer 8 millions par an, plus une part sur la billetterie. C’était juste avant la reprise de la Ligue 1 et le club a aussitôt menacé de trouver refuge à Montpellier pour éviter de subir une décision « irréaliste » du conseil municipal.
Le bras de fer a payé : l’accord sur la redevance du stade est finalement de 4 millions d’euros (3 millions seulement cette saison) plus 20% pour la part de la billetterie qui dépassera les 20 millions d'euros annuels. La mairie espère ainsi récolter quelque 7,4 millions d'euros par an... loin des 12 millions que le stade lui coûtera.
Le concessionnaire, de son côté, multiplie les initiatives pour rentabiliser l’enceinte. En tentant de mettre en vente le nom du stade (naming) ou encore en accueillant d’autres événements que les matchs de l’OM : l'équipe de France de football le 18 novembre face à la Suède, le Rugby club toulonnais, le XV de France contre les Fidji, et même des concerts. Après l'Euro-2016, Marseille, qui vient d’être désignée Capitale européenne du sport 2017, prétendra également à l'organisation de la finale de la Ligue des champions.
Entre des coûts finaux exorbitants et un équilibre économique qui sera difficile à atteindre, le Stade Vélodrome démontre, après l’Allianz Riviera de Nice ou le stade Pierre-Mauroy de Lille, que les grandes enceintes sportives continuent de peser lourdement sur les finances publiques, et cela malgré le recours, que d’aucuns pensaient salutaire, aux PPP. C’est sans doute pour cela qu’un groupe de sénateurs vient de déposer une proposition de loi pour interdire aux collectivités de recourir à ce type de contrats pour la construction de grands stades.
(RFI)
Pour le stade mythique de la cité phocéenne, bâti en 1937, les récents travaux ne sont pas les premiers, loin s’en faut. En 1985, l’enceinte avait perdu la piste cycliste qui lui vaut son nom. A l’occasion de la Coupe du monde 1998, les transformations avaient été plus profondes. Les tribunes étant rasées pour être reconstruites afin de porter la capacité à 60.000 places. La métamorphose actuelle est tout aussi spectaculaire. Non seulement le stade compte aujourd’hui 67.000 places, mais celles-ci sont désormais intégralement couvertes, une première dans l’histoire marseillaise.
Partenariat public-privé
Au-delà de la prouesse technique et du confort accru pour les spectateurs, le nouveau Stade Vélodrome s’inscrit également dans une mode qui bouleverse depuis quelques années l’économie des grandes enceintes sportives : le PPP, comprenez partenariat public-privé.
Le principe, est simple : faute de moyens financiers suffisants pour construire une infrastructure coûteuse, une collectivité publique confie à un partenaire privé le soin de financer les travaux et, au passage, la gestion de l’ouvrage durant plusieurs décennies. Le tout moyennant un loyer substantiel. La propriété de l’ouvrage ne revenant définitivement à la collectivité qu’à l’issue du contrat.
Dans le cas marseillais, il s’agissait de financer 268 millions d’euros de travaux. Pour cela, la ville a fait appel à Arema, une filiale du groupe de BTP Bouygues à laquelle elle va rembourser 12 millions d’euros durant 30 ans… soit 360 millions d’euros. Pourquoi cette différence avec les coûts des travaux ? Pour rémunérer le partenaire privé. Et pour la collectivité, cela revient en outre à s’engager sans recourir à un emprunt bancaire qui plomberait ses comptes sur le long terme.
Bras de fer
Mais cet artifice ne suffira sans doute pas à faire passer auprès du contribuable marseillais une pilule bien trop grosse. Pour pouvoir payer à Arema ses échéances, la ville comptait en effet sur un loyer largement revalorisé (pendant les travaux, l’OM ne payait que 50.000 euros par an). Elle s’est même avancée à réclamer 8 millions par an, plus une part sur la billetterie. C’était juste avant la reprise de la Ligue 1 et le club a aussitôt menacé de trouver refuge à Montpellier pour éviter de subir une décision « irréaliste » du conseil municipal.
Le bras de fer a payé : l’accord sur la redevance du stade est finalement de 4 millions d’euros (3 millions seulement cette saison) plus 20% pour la part de la billetterie qui dépassera les 20 millions d'euros annuels. La mairie espère ainsi récolter quelque 7,4 millions d'euros par an... loin des 12 millions que le stade lui coûtera.
Le concessionnaire, de son côté, multiplie les initiatives pour rentabiliser l’enceinte. En tentant de mettre en vente le nom du stade (naming) ou encore en accueillant d’autres événements que les matchs de l’OM : l'équipe de France de football le 18 novembre face à la Suède, le Rugby club toulonnais, le XV de France contre les Fidji, et même des concerts. Après l'Euro-2016, Marseille, qui vient d’être désignée Capitale européenne du sport 2017, prétendra également à l'organisation de la finale de la Ligue des champions.
Entre des coûts finaux exorbitants et un équilibre économique qui sera difficile à atteindre, le Stade Vélodrome démontre, après l’Allianz Riviera de Nice ou le stade Pierre-Mauroy de Lille, que les grandes enceintes sportives continuent de peser lourdement sur les finances publiques, et cela malgré le recours, que d’aucuns pensaient salutaire, aux PPP. C’est sans doute pour cela qu’un groupe de sénateurs vient de déposer une proposition de loi pour interdire aux collectivités de recourir à ce type de contrats pour la construction de grands stades.
(RFI)
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