mercredi 15 octobre 2014

Pour l'ONG suisse Solidar, le Mondial au Brésil c'est "un désastre social et pas de bénéfices financiers" sauf pour la Fifa

Les Brésiliens ont payé le prix fort pour la Coupe du Monde 2014. C’est ce que montre une étude de Solidar Suisse. La Coupe la plus chère de tous les temps – 13,3 milliards de dollars – est assombrie par les violations des droits de l'homme. La Fifa, quant à elle, prévoit un bénéfice record. Solidar Suisse demande à la Fifa d’assumer à l’avenir sérieusement ses responsabilités en tant qu’institution organisatrice.
Le coup de sifflet de la final Argentine-Allemagne a retenti il y a trois mois. Mais c’est le Brésil qui a perdu, comme le montre une étude menée par l’Institut Heinrich Böll-Brésil, sur mandat de Solidar Suisse.
Les attentes étaient élevées : la manifestation devait engendrer de nouvelles places de travail, des investissements et de nouvelles infrastructures pour la population. La réalité est autre : seuls des emplois temporaires ont été créés, dans le domaine de la construction et du tourisme. Les investissements du secteur privé ont fait défaut et les projets de transports en commun ont été drastiquement réduits.
Dans l’ensemble, les résultats sont accablants :
  • Le Brésil a payé la facture la plus élevée de tous les temps pour une Coupe du Monde avec 13,3 milliards de dollars ;
  • L’endettement des villes-hôtes a augmenté de 51% - 20% pour les autres villes ;
  • Les stades ont coûté plus chers que jamais : une place dans un stade est revenue en moyenne à 6230 dollars (Allemagne 3640 $, Afrique du Sud 3380 $). La Coupe laisse au pays quatre « Eléphants blancs », des stades surdimensionnés et désormais pratiquement inutilisés ;
  • Sur les 350'000 vendeurs et vendeuses de rue, seul-e-s 4000 ont pu travailler aux abords des stades. Les plus pauvres au Brésil ont ainsi perdu leur source de revenu essentielle ;
  • On estime que 250’000 personnes ont été déplacées, souvent par la force et sans compensation ;
  • De nombreux projets de construction ont été annulés – notamment un tiers des  transports en commun prévus - ou achevés après la Coupe du monde.
  • La répression contre les protestations sociales et la militarisation font partie des tristes conséquences de ce Mondial.
Voici le bilan désastreux. Mais il y a aussi un gagnant: la Fifa prévoit des revenus record de 4 à 5 milliards de dollars et peut compter sur un bénéfice de 3 milliards. Pour Joachim Merz, expert de la Fifa à Solidar Suisse : « Il est scandaleux que la Fifa ait réussi à faire assumer les coûts par l’Etat brésilien, mais que les profits lui reviennent.»
Solidar Suisse demande à la Fifa d’assumer enfin ses responsabilités. La Fifa doit exiger des pays-hôtes qu’ils s’engagent à respecter les droits humains et les normes internationales du travail, arrêter d’obtenir des privilèges fiscaux  et faire preuve de considération pour les travailleurs informels.

(Solidar)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.