mardi 7 octobre 2014

Un milliard d'euros de dette, la rançon du succès du football portugais

Le Portugal est désormais cinquième au classement UEFA, mais cette réussite a un coût: l'endettement des trois grands clubs du pays, qui dépasse allègrement le milliard d'euros, cette facture pouvant encore gonfler avec la chute de Banco Espirito Santo, principal créancier du football portugais.

"Le football portugais vit au-dessus de ses moyens depuis des années. Les récents bons résultats européens sont certes dus à la qualité des acteurs, mais aussi à un endettement incontrôlé", prévient Antonio Samagaio, économiste spécialiste de la discipline.
Le président du Benfica Lisbonne, Luis Filipe Vieira, a adressé un message clair aux supporteurs: l'heure n'est plus aux investissements, mais à la réduction des coûts. Et pour cause, le passif du club a atteint 449 millions d'euros à la fin de la saison 2013-2014, malgré un bénéfice de 14,1 millions d'euros.
Quant au Sporting Lisbonne et au FC Porto, leurs passifs totalisent respectivement 442,7 et 209 millions d'euros. Même si le club du nord du Portugal a fait des efforts en matière budgétaire, la situation reste critique.
Tous cotés en Bourse, "les trois grands sont en faillite technique. S'ils ne trouvent pas de nouvelles façons de se financer, ils devront réduire fortement leur train de vie", a commenté Antonio Samagaio à l'AFP.
Un avis guère partagé par Domingos Amaral, professeur d'économie du sport à l'Université catholique de Lisbonne: "Le football est certes une activité à haut risque, mais en s'endettant et achetant de bons joueurs, les clubs arrivent à obtenir de grandes victoires et faire des bénéfices."
L'exposition de Banco Espirito Santo (BES) aux trois grands atteignait 215 millions d'euros en 2013, dont près de 114 millions pour le seul Benfica. La chute de l'empire Espirito Santo complique la donne, surtout pour le club le plus titré du Portugal, dont BES est actionnaire à hauteur de 7,97%.
"Que ce soit clair, le Benfica n'a aucun problème de trésorerie. Vitor Bento va continuer à nous financer", déclarait crânement Luis Filipe Vieira en août, au sujet du président de la banque, qui a démissionné depuis!
Le Benfica disposait d'une ligne de crédit de 64 millions d'euros, à laquelle BES a mis fin.
Rebaptisée Novo Banco après son sauvetage le 3 août, la banque détient toujours des titres de dette de 67,7 millions d'euros émis par le club. Soucieux de limiter les risques, Novo Banco devrait cependant "progressivement se désengager du football", selon une source proche du dossier. Interrogée par l'AFP, la banque n'a pas souhaité faire de commentaire.
Quant au Benfica Stars Fund, un fonds d'investissement composé des droits sportifs des joueurs et géré par BES, il n'a pas été renouvelé à son échéance fin septembre.
À l'heure où l'UEFA se fait menaçante à l'encontre de ces fonds opaques, c'est une source de financement supplémentaire qui s'est tarie. Le Benfica doit désormais se soumettre aux nouvelles règles imposées par le fair-play financier, tout comme le Sporting, déjà visé par une enquête de l'instance européenne.
Malgré un retour aux bénéfices pour la saison 2013-2014, le Sporting s'est fait rappeler à l'ordre en raison des pertes subies pendant les deux exercices précédents.
C'est la menace qui plane aussi sur les autres clubs: être rattrapés par ces nouvelles règles et subir des sanctions qui pourraient aller jusqu'à l'interdiction de participer aux compétitions européennes.
"Il ne faut pas appliquer aux clubs les mêmes critères qu'aux entreprises. Il leur suffit de vendre quelques joueurs pour réduire leurs dettes", fait valoir Domingos Amaral.
Dotés de recettes annuelles inférieures à leurs dépenses, la majorité des clubs portugais sont en dehors des clous.
Mais les actionnaires ont plus tendance à regarder les résultats sportifs que le passif. Et la prudence affichée par son président n'a pas empêché le Benfica de recruter le Grec Samaris pour dix millions d'euros, ce qui le situe au quatrième rang des joueurs les plus chers de l'histoire du club.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.