Le mythique Camp Nou de Barcelone ne vibrera pas pour le ballon rond
mais pour l'ovale le 24 juin 2016 en accueillant la finale du Top 14,
contrainte pour la première fois de s'exporter hors des frontières
françaises.
Cette fois, il n'y aura pas ces grandes transhumances
festives vers Paris de supporters affluant des bastions du rugby
provinciaux, comme c'était le cas depuis 1974.
Il faudra donc
regarder vers le sud et même au-delà des Pyrénées pour assister à
l'épilogue du championnat de France 2015-2016, en espérant qu'il
devienne à l'occasion "un grand événement européen", selon Paul Goze,
président de la Ligue nationale de rugby (LNR).
Avant d'opter pour
les 98.000 places du temple du football catalan, la LNR, organisatrice
de la finale, a d'abord été boutée hors du Stade de France. En cause: le
report à fin juin de la finale du Top 14 dans un calendrier bousculé
par le Mondial-2015 de rugby ainsi que la tenue à partir du 10 juin en
France de l'Euro-2016 de football.
Impossible alors de trouver un
stade d'une capacité convenable pour accueillir l'événement, au cours
d'un week-end du 25-26 juin de toutes façons écrasé par le ballon rond,
avec trois huitièmes de finale programmés le samedi et trois autres le
dimanche.
"Du coup, plusieurs villes européennes étaient en compétition, explique Paul Goze à l'AFP.
Londres, avec Twickenham et Wembley, éventuellement Rome, Milan et
Barcelone."
"On a fait des études sur les clubs qui ont été
finalistes sur les dix dernières années et on a des temps de parcours
quasiment similaires entre ces clubs et Paris ou Barcelone", détaille M.
Goze, tout en soulignant que "Barcelone n'est qu'à 180 km de Perpignan
et est très bien desservi par la route ou les vols".
Déjà en 2011,
Paul Goze avait tenté d'organiser un match de l'Usap au Camp Nou, mais
les négociations avaient achoppé sur les dommages éventuels causés à la
pelouse. Cette fois, pas d'inquiétude pour la précieuse herbe des
Blaugrana, l'Europe du football envahissant les terrains français avant
la reprise des championnats nationaux en août.
Les dirigeants catalans ont donc donné leur accord pour un loyer
jugé raisonnable, "tout à fait comparable à ce que l'on paye pour le
Stade de France", souligne Paul Goze qui aimerait à l'occasion "battre
le record du monde du nombre de spectateurs pour un match de rugby (de
clubs, ndlr)".
Pour espérer réussir ce défi, la LNR mettra en
vente ses billets très en amont. D'ici à début décembre 2014 pour "la
famille du rugby, c'est à dire les clubs, les comités" puis en juin 2015
pour "le grand public".
En déplaçant la finale du samedi au
vendredi soir, la LNR échappe d'abord à la confrontation directe avec le
football car aucun match de l'Euro n'est programmé ce jour-là. Mais
Paul Goze entend aussi profiter des célébrations de "la Saint-Jean, une
grande fête populaire en pays catalan", qui devraient animer la ville.
"Barcelone n'a certes pas une grande tradition de rugby, mais elle en a tout de même dans son ADN. C'est une ville festive et ouverte. Et très peu de gens savent que le stade Montjuïc
(aussi à Barcelone, ndlr) a été inauguré par un match de rugby (entre
l'Italie et l'Espagne, le 20 mai 1928 ndlr)", argumente encore le
président de la LNR.
Si Barcelone est une échappatoire pour la
finale, il sera en revanche plus compliqué d'échapper à la concurrence
directe du football pour les barrages (10-11 juin 2016) et demi-finales
(17-18 juin 2016). Existe-t-il une tentation d'organiser aussi les
demies hors de France ?
"Non, car il y a des stades d'une capacité
suffisante, comme Nantes, Gerland (à Lyon), Chaban-Delmas (à
Bordeaux)... Cela permettra de ne pas s'expatrier", rétorque Paul Goze.
"Mais on essayera d'adapter les créneaux horaires, évidemment",
précise-t-il.
Le football est décidément roi. Enfin, sauf à Barcelone, ce 24 juin là.
(AFP)
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