vendredi 12 décembre 2014

Coupe d'Europe - Racing: délocaliser n'est pas forcément gagner

Réussites financières, les deux précédentes rencontres de Coupe d'Europe délocalisées par le Racing-Métro, qui reçoit les Ospreys samedi au Mans à l'occasion de la 4e journée, ont été des échecs sportifs.

C'est donc peu dire que les Franciliens se seraient bien épargné le déplacement à la MMArena. "Ecoutez, le président (Jacky Lorenzetti, ndlr) a choisi d'aller au Mans, c'est que ça doit être bien...", a ainsi d'abord lâché jeudi le pilier Julien Brugnaut, avant d'expliquer à la deuxième relance: "Ok, à Colombes il n'y a peut-être pas un public qui vient en grand nombre, mais c'est notre stade. (Il ne faut pas qu'il y ait) trop de délocalisations, mais une fois par an pourquoi pas..."
Le centre gallois Jamie Roberts est encore plus explicite: "Jouer à Colombes aurait peut-être été mieux pour nous, mais le club a décidé de jouer au Mans. Il faudra s'adapter. Et ce sera peut-être plus facile pour les Ospreys au Mans. Car pour en avoir discuté avec plusieurs adversaires, Colombes est un stade où il est difficile de gagner, à cause de l'atmosphère, de la proximité des supporteurs. C'est plus intime".
La direction du Racing doit avoir les oreilles qui sifflent... Elle a pourtant assuré à l'AFP, via son directeur général Arnaud Tourtoulou, que "les entraîneurs, ainsi que les joueurs, (étaient) toujours consultés et favorables (aux matches délocalisés) à partir du moment où le stade est rempli".
A défaut d'être à guichets fermés, la MMArena du Mans devrait être garnie d'environ 15.000 spectateurs samedi (pour une capacité de 25.000 places). Ce chiffre, bien supérieur aux quelque 7.000 places qu'aurait pu vendre au mieux le Racing samedi si le match s'était déroulé au vétuste stade Yves-du-Manoir de Colombes, d'après Arnaud Tourtoulou, explique le choix de l'exil.
"En délocalisant, nous avons le double objectif de faire rayonner la marque Racing et le rugby au nord de la Loire, et d'optimiser les recettes", a ainsi reconnu sans ambages Arnaud Tourtoulou.
"Nous délocalisons sur des matches où nous savons d'avance que nous auront du mal à remplir Colombes. Or, un match de Coupe d'Europe attire moins qu'un match de Championnat", a ajouté le directeur général.
Par exemple, la venue des Saracens à Nantes en janvier 2013 avait permis de dégager une marge nette "d'environ 280.000 euros", a-t-il rappelé, alors qu'à Colombes "c'est même compliqué d'équilibrer" les comptes.
Au plan sportif, le bilan des deux précédentes délocalisations en Coupe d'Europe est en revanche franchement négatif: deux revers (28-37 contre les Saracens puis 8-32 face aux Harlequins en décembre suivant, toujours à Nantes).
"(Avant la rencontre face aux Harlequins) On n'était pas du tout dans la même dynamique (alors défavorable). On ne pense pas du tout aux délocalisations qu'il y a eu dans le passé. On est branché sur notre job, qui est de remporter le match samedi contre les Ospreys, qu'il se joue au Mans, à Colombes ou au Havre (où le Racing accueillera Grenoble au mois de mars en Top 14). Cela n'a aucune importance pour nous", a néanmoins tranché l'entraîneur des arrières, Laurent Labit.
Après la déroute contre les Harlequins, le Racing avait cependant reprogrammé la réception de Clermont mi-avril dernier, cruciale pour la qualification à la phase finale du Top 14, à Colombes plutôt qu'à Nantes, afin de privilégier "l'enjeu sportif". La rencontre de samedi est tout aussi importante, avec en vue un premier quart de finale de Coupe d'Europe pour le Racing.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.