jeudi 8 janvier 2015

Altrad prend le contrôle absolu du Montpellier Hérault rugby

Le président Mohed Altrad a pris le contrôle absolu du Montpellier Hérault rugby (MHR), plombé par une profonde crise depuis trois mois, en écartant l'entraîneur Fabien Galthié, avec lequel il s'entretiendra vendredi au terme de sa mise à pied à titre conservatoire.L'actionnaire majoritaire et investisseur salvateur du MHR coiffe désormais à la fois la gestion financière et le secteur sportif.

Depuis 2010, Montpellier était un peu l'équipe de Galthié, l'entraîneur qui l'a conduit pour la première fois en finale, aujourd'hui il devient le club d'Altrad, lequel avait pris le train en marche en mai 2011.
D'une manière tacite, les deux hommes s'étaient jusque-là partagé les pouvoirs, le président imposant une rigueur d'entreprise au club et l'entraîneur imposant ses choix de recrutement et de terrain.
Mohed Altrad, homme d'affaires et homme de lettres, n'avait jusque-là aucune connaissance dans le monde sportif. Il avait laissé les clés de l'équipe à Galthié, dont la légitimité était ancrée sur sa compétence, son passé et surtout ses résultats.
"Je n'ai jamais dit que mon sort était liée à celui de Galthié. J'ai beaucoup d'ambition pour ce club", relevait Mohed Altrad pour mieux souligner la séparation entre les deux hommes.
"J'étais un novice il y a trois ans dans le rugby. J'ai beaucoup appris dans le club et avec les autres. Aujourd'hui, je comprends bien ce milieu. Je suis respecté dans le monde du rugby pour ce que j'ai fait. (...) Le club est une entreprise comme une autre même si elle est plus compliquée (...) C'est une équation irrationnelle à rendre rationnelle", expliquait-il au moment de l'annonce de la mise à pied de son entraîneur.
En brisant cette relation de confiance, Altrad s'installe dans le fauteuil de président avec les coudées franches. Pour résoudre la crise, il a tranché dans le domaine sportif.
"En tant que président et propriétaire du club, il a pris les devants pour arbitrer et faire les choix qui lui incombent", remarque Robins Tchale-Watchou, l'un des leaders de l'effectif montpelliérain.
"Au fond, il prend la place qu'il ne voulait pas prendre. Il va pouvoir sentir les choses qu'il ne pouvait pas sentir quand il était plus en retrait. Il aura plus d'informations et surtout sa propre vision des choses. Il s'est rendu compte qu'il lui était nécessaire d'avoir le thermomètre des cadres, des joueurs, des institutionnels et le sien aussi. Cela lui permet (...) de s'assurer que le nouvelle direction qu'il veut donner à son club soit la bonne", poursuit le deuxième ligne camerounais.
Mohed Altrad a non seulement écarté du pouvoir Fabien Galthié, mais également démantelé tout son clan, se séparant de Denis Navizet, directeur exécutif, d'Alain Elias, éphémère manager, et de Mario Ledesma, entraîneur des avants. "C'est la fin d'un système dont ne voulait plus les joueurs", déclarait-il samedi à l'issue de la victoire face à Toulon (16-12).
Parallèlement, le président, désormais seul aux commandes, a établi une hiérarchie claire en nommant son premier entraîneur, en l'occurrence le Sud-africain champion du monde Jake White.
Au cours de l'automne, sans consulter Galthié, il avait recruté le demi d'ouverture australien Ben Lucas, joker médical de François Trinh-Duc, victime d'une fracture à un tibia le 11 octobre.
Au regard de la métamorphose de Lucas, insignifiant à Lyon et performant devant Toulon, et du succès devant le champion d'Europe, il a validé la pertinence de ses choix pour se trouver désormais en première ligne, à la tête d'un club dont le stade porte aussi son nom.

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.