Le groupe chinois Wanda a misé 1,05 milliard d’euros pour
acquérir Infront, société suisse de marketing sportif classée numéro 2
mondial.
(...)Wang Jianlin,
patron du groupe Wanda,
s’est recemment emparé de 20 % du capital de l’Atlético Madrid. Après
avoir annoncé le 10 février le rachat d’Infront, numéro deux mondial du
marketing sportif, Wanda Group s’impose comme un acteur incontournable dans le sport. Créé en
2003 par Robert Louis-Dreyfus et propriété du fonds européen Bridgepoint
depuis 2011, Infront est dirigé par Philippe Blatter, le neveu de Sepp
Blatter, président de la FIFA.
Créé en 1988 par Wang Jianlin, le groupe Wanda s’est
développé dans l’immobilier, les loisirs et le tourisme. Dans un pays de
1,3 milliard d’habitants à forte croissance (14,2 % en 2007), Wanda a prospéré au point de gérer désormais 109 immeubles, 71 hôtels, dont
68 cinq étoiles, 6 600 salles de cinémas et 99 grands magasins dans tout
le pays. Le groupe s’est également internationalisé et affiche
aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de 39,4 Mds de dollars (34,6
Mds d’euros), pour un résultat net de 9,75 Mds de dollars (8,5 Mds
d’euros).
« Le marché de l’immobilier est en train de
s’écrouler et Wang Jianlin, qui était jusqu’à récemment l’homme le plus
riche de Chine,
a senti le vent tourner, explique Gabriel Grésillon, correspondant du quotidien les Échos en Chine. Il
a donc entamé une diversification et une montée en gamme en
investissant dans la culture et le divertissement ; et le sport en fait
partie. L’homme n’a pas de petites ambitions, et il possède surtout de
gros moyens. »
Le milliardaire est un passionné de football et ne
s’en cache pas. Dès 1994, il a acheté le club de Dalian, où a joué
l’ex-attaquant parisien Guillaume Hoarau en 2013-2014, et remporté cinq
fois le Championnat avant de se retirer en 2000 et de parrainer la
Chinese Super League l’année suivante. En janvier dernier, Wang Jianlin a
pris 20 % des parts du club espagnol de l’Atlético Madrid moyennant
45 millions d’euros. Placée sur une tout autre échelle, l’acquisition
d’Infront « va accroître l’empreinte de Wanda dans la culture et le divertissement et contribuera à promouvoir le
développement du sport chinois et ses intérêts à l’international », a expliqué le magnat de l’immobilier lors d’une grande conférence de presse à Pékin.
Le fan de ballon rond espère également relever le
niveau du football chinois grâce à la société suisse qui détient les
droits en Asie des deux prochaines Coupes du monde, prévues en 2018 et
2022). Infront est également propriétaire de la société HBS (Host
Broadcast Services) qui assure la production des images des Coupes du
monde depuis 1998. « L’objectif de Wanda est peut-être à terme d’intégrer toute la filière sport en étant acteur
et producteur du spectacle sportif. Le groupe est assez solide pour
ça », analyse Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges.
Infront, le géant du marketing sportif, bien implanté en
Europe, va accélérer son développement international grâce aux moyens
colossaux du groupe Wanda. «
Ce rachat ouvre de nouveaux champs importants en Asie et en Afrique car
les Chinois sont les premiers investisseurs en Afrique. Sur ces deux
continents, le volume de jeu d’Infront va augmenter », confirme
Christophe Bouchet, ex-patron de Sportfive et conseiller d’Infront. La
société suisse affiche déjà une importante rentabilité puisque ses
bénéfices auraient doublé sur les trois dernières années pour atteindre
près de 85 millions d’euros. Infront possède un bureau en Chine et gère
notamment les droits de la Fédération nationale de basket. Avec son
nouveau bras armé sportif, Wanda compte bien soutenir la candidature de Pékin aux Jeux Olympiques
d’hiver de 2022, et profiter des retombées si la capitale, considérée
comme favorite, est désignée par le CIO. Le couple Infront-Wanda vise également l’organisation d’une possible Coupe du monde de football en Chine pour 2026. Tout un programme.(L'Equipe)
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