Les médecins pourront prescrire aux patients souffrant d'affections
longue durée, comme des cancers, des activités physiques adaptées et
dispensées par des organismes labellisés, prévoit un amendement voté
vendredi, contre l'avis du gouvernement, à l'initiative de l'ex-ministre des Sports Valérie Fourneyron.
Cette mesure, à laquelle la ministre de la Santé Marisol Touraine et le rapporteur Jean-Louis Touraine (PS)
étaient défavorables, a été adoptée par 24 voix contre une, au dernier
jour du débat en première lecture sur le projet de loi santé.
Mme
Fourneyron, députée de Seine-Maritime et médecin du sport à l'origine, a
plaidé pour "franchir une étape", vu le retard de la France dans le
développement des thérapeutiques non médicamenteuses, alors qu'elles ont
montré leur efficacité en complément des traitements conventionnels
pour les maladies graves.
Dans le cadre du traitement du cancer
du sein, ces activités permettent de contrebalancer la toxicité du
traitement principal et la fatigue, d'améliorer la résistance à la
maladie et d'accroître de plus de 50% l'espérance de survie, selon
l'exposé de son amendement, qui évoque entre autres les effets positifs
constatés sur le cancer du colon ou de la prostate, le diabète ou les
maladies cardiovasculaires.
Dans le cadre du parcours de soins des
patients atteints d'une maladie de longue durée, le médecin traitant
pourra donc prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux
capacités physiques et au risque médical du patient. Une formation en
ce sens sera dispensée lors des études médicales et paramédicales.
Les
organismes dispensant ces activités seront labellisés par l'Agence
régionale de santé (ARS) et les services de l'État compétents.
Non
seulement "il n'y aura pas de consultation médicale de plus", mais la
prise en charge se fera dans un réseau avec "des financements partagés",
a assuré Mme Fourneyron, parlant de structures spécialisées et
labellisées se développant dans le cadre des réseaux "Sport Santé
Bien-être" -lancés du temps où elle était ministre.
Tout en disant comprendre et partager l'objectif, la ministre comme le rapporteur avaient expliqué leur opposition principalement à
cause du principe d'une prescription, jugé "problématique", compte tenu
notamment d'un coût pouvant être "relativement important".
Mais des députés de tous bords, dont les UMP Jean-Pierre Door et Dominique Tian, ont appuyé la mesure.
"La
prescription par le médecin est l'une des seules, voire l'unique façon
de remobiliser des personnes atteintes d'affections longue durée sur
cette question", a argué le socialiste Pascal Deguilhem, tandis que
Michèle Delaunay, oncologue, a défendu "un changement radical de
culture".
Pour Jacqueline Fraysse (Front de Gauche), la question
financière n'est "pas appropriée", et le bénéfice pour ces patients
devrait même "à terme faire faire des économies pour la Sécu".
(AFP)
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