jeudi 23 juillet 2015

FFF / LFP : vers une guerre de sécession ?

Ce jeudi, le comité exécutif (comex) de la Fédération française pourrait bien annuler le vote du conseil d’administration (CA) de la Ligue du 9 juillet dernier, qui avait acté le passage, dès cette saison, à deux descentes au lieu de trois entre la L 1 et la L 2, et à deux montées au lieu de trois en sens inverse.
Ce qui déclencherait à tous les coups, comme l’a annoncé, hier, Frédéric Thiriez, le président de la LFP, dans nos colonnes, « une crise majeure entre le football professionnel et la Fédération ». Aux dernières nouvelles, l’organe de direction de la Fédération pourrait courir ce risque afin de tout remettre à plat et organiser une refonte concertée des montées et des descentes dans tous les Championnats. On va donc tout droit vers un conflit sérieux à tous les niveaux : entre les clubs de L 1 et ceux de L 2, plus divisés que jamais, mais aussi entre le football d’en haut et son cousin d’en bas.
D’un point de vue statutaire, la FFF a le pouvoir d’annuler un vote du CA de la Ligue dans deux cas : si une illégalité a été commise ou si cette décision est contraire à l’intérêt supérieur du football français. Les clubs de L 2, lésés par cette réforme décidée à la hâte puisqu’ils auront deux chances seulement d’accéder à l’élite contre trois de descendre en National, font plancher deux cabinets d’avocats (Alerion et August-Debouzy) pour la contester. Mais leurs collègues de L 1 préviennent aussi que « 19 clubs sur 20 ont complètement approuvé cette mesure » et assurent que « dans le cas où la Ligue serait amenée à contester devant le Conseil d’État une décision du comex de la Fédération annulant ces délibérations du CA de la Ligue, 19 clubs sur 20 ont voté pour soutenir individuellement ou collectivement ce recours ». En clair, quel que soit le choix opéré ce matin par la FFF, un camp se sentira trahi et déclenchera les hostilités en justice. Une situation inextricable dont la Fédération et la Ligue se renvoient la responsabilité.
Frédéric Thiriez explique que l’on n’en serait pas là si Noël Le Graët, son homologue de la FFF, avait tenu sa promesse de faire voter par l’assemblée fédérale le passage à deux descentes et deux montées entre la L 2 et le National en 2016-2017. Il l’a, d’ailleurs, indiqué dans un courrier adressé, avant-hier, aux onze autres membres du comex de la FFF. Il rappelle aussi que Le Graët, présent lors de ce désormais fameux CA qui a entériné le changement, n’avait pas contesté l’autonomie de la LFP. Dans nos colonnes, il avait en effet déclaré : « La Ligue pouvait prendre la décision de passer tout de suite à deux montées et deux descentes, c’est un droit qui n’est pas contestable. » Et dans le camp adverse, on rappelle que Thiriez, à l’issue de l’assemblée fédérale du 20 juin dernier, se faisait fort de convaincre ses troupes de repousser d’un an la réforme en attendant qu’un « groupe de travail » se mette en place, avant un vote en décembre.
On peut témoigner que le patron du football professionnel expliquait, en effet, que son CA allait bien entendu attendre un an pour que la refonte des montées et des descentes se passe sereinement. Autant dire que la mauvaise foi est également partagée entre ces deux-là. Au final, ces petits mensonges pourraient être savoureux si le football français ne montrait pas, une nouvelle fois, une image déplorable. Empêtré dans les déficits, largué sportivement, il ne lui manquait plus qu’un conflit majeur pour savoir s’il faut deux ou trois montées entre les différentes divisions… Comme si son avenir en dépendait. Heureusement que l’Euro, organisé en France, ne démarre que dans un an et que la planète n’a pas encore les yeux tournés vers nous.

(L'Equipe)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.