vendredi 10 juillet 2015

LFP - Fractures en série au sommet du foot français

Jeudi agité en coulisses pour la LFP: elle a entériné le principe de deux montées/descentes entre L1 et L2 dès la saison 2015-2016, au risque de diviser les clubs professionnels, et le conseil d'Etat a annulé son accord avec Monaco, qui n'aura plus à payer 50 millions d'euros pour jouer en L1.



Deux montées/descentes: rupture... La LFP était prête à repousser à la saison 2016/2017 cette mesure adoptée le 21 mai, si la Fédération française (FFF) validait ce même principe entre la Ligue 2 et le National. Mais la FFF ne l'a pas fait lors de son assemblée générale du 20 juin, repoussant sa décision à la prochaine assemblée fédérale d'hiver, en décembre.
Estimant qu'"il n'y avait plus d'accord avec la FFF", le conseil d'administration de la Ligue a donc définitivement entériné jeudi, à une très large majorité de 14 voix contre 2, le passage à deux montées et deux descentes, au lieu de trois jusqu'ici, dès la saison qui vient.
"Cette décision va permettre de sécuriser un peu plus les clubs de Ligue 1, a argué le président de la LFP Frédéric Thiriez. J'espère que la FFF fera la même chose pour le National et la Ligue 2 en décembre".
Cette réforme marque une rupture sportive entre les clubs professionnels. Désormais seuls deux clubs de Ligue 2 pourront accéder à l'élite, tandis que trois resteront assurés de descendre en National. L'uniformisation de cette mesure aux trois divisions ne sera donc pas effective la saison prochaine.
"Et alors? a rétorqué M. Thiriez. J'aurais préféré qu'on se mette d'accord, mais ce n'est pas le cas. Or j'ai milité pour la solution d'un compromis".

... et fracturesCette décision, prise "après un vif et long débat", consomme un divorce entre les clubs de L1 et de L2. Divorce qui s'est d'ailleurs traduit par la démission jeudi de Jean-Pierre Louvel de son poste de président de l'UCPF, le syndicat des clubs professionnels.
Le président du Havre (L2), qui a convoqué un comité exécutif en septembre pour élire son remplaçant, n'était pas favorable à la mesure et a dénoncé "un climat de mensonge et de volte-face".
Il n'est pas le seul à démissionner. Un de ses vice-présidents, Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique lyonnais, 2e de la dernière L1, qui a pourtant farouchement milité pour le passage à deux montées/descentes, l'a fait également. Sans s'exprimer sur ses raisons.
Par ailleurs, dans une lettre datée du 17 juin et signée par 23 présidents de clubs, le président de Clermont (L2) Claude Michy a affirmé son intention de réclamer une assemblée générale extraordinaire pour demander la révocation du CA de la LFP dans l'hypothèse où la réforme était actée.
"Il en a le droit! Et j'y suis prêt", a répliqué M. Thiriez.
Enfin, au sortir de ce CA qui laissera des traces, le président de Saint-Etienne Bernard Caïazzo a encore mieux traduit le schisme actuel entre dirigeants de l'élite et ceux de la division inférieure, réclamant une "séparation entre la Ligue 1 et la Ligue 2" en terme de gouvernance, "comme l'Angleterre l'a fait avec la Premier League".

Accord LFP-ASM annulé: rancoeursLa journée de jeudi avait déjà mal débuté pour la LFP, qui a vu son accord avec l'AS Monaco annulé par le conseil d'Etat.
En janvier 2014, la Ligue avait conclu avec le club du Rocher un accord prévoyant qu'il verserait 50 millions d'euros pour évoluer en L1 en contrepartie de sa fiscalité avantageuse. Une transaction financière jugée illicite par le conseil d'Etat.
En conséquence, l'ASM pourra participer au championnat de France sans débourser 50 millions d'euros, même si son siège n'est pas situé sur le territoire français.
"C'est une très mauvaise nouvelle", a réagi M. Thiriez, très amer à l'encontre des sept présidents de clubs (Bordeaux, Lille, Lorient, Caen, Marseille, Montpellier et Paris SG) à l'origine du recours auprès du conseil d'Etat.
"Malheureusement, des membres de la Ligue ont cru bon d'attaquer ce compromis, a déploré le patron de la LFP. Car certains estimaient que 50 millions ne suffisaient pas, d'autres souhaitaient que Monaco soit exclu".
"Nous risquons à présent de perdre ces 50 millions d'euros, certains se sont tiré une balle dans le pied", a-t-il pesté.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.