mercredi 22 juillet 2015

Tour de France - Le motorhome, ces châteaux sur roue qui divisent

Le motorhome de luxe, introduit cette année sur le Tour par l'équipe Sky mais que ne peuvent toutefois utiliser ses coureurs pour dormir, déchire les partisans de la tradition et ceux qui se qualifient de "modernistes".

Comme elle l'avait fait pour l'Australien Richie Porte sur le Tour d'Italie, la formation Sky envisageait de loger son leader, Chris Froome, dans un motorhome tout confort et climatisé lors de la Grande Boucle.
Devant les protestations, nombreuses, notamment d'autres équipes, l'Union cycliste internationale (UCI) a toutefois fermé la porte à ce projet en modifiant son règlement au mois de juin.
"Les coureurs doivent loger dans les hôtels mis à disposition par l'organisateur durant toute la durée de l'épreuve. La décision a été prise afin de réaffirmer l'équité absolue entre tous les coureurs", indique l'article 2.2.010.
Malgré cette interdiction, Sky a pourtant bel et bien emmené ses châteaux sur roue sur les routes de France mais assure toutefois ne pas y loger l'actuel maillot jaune.
"Nous y logeons certains collaborateurs afin de libérer des chambres dans les hôtels pour que nos coureurs puissent dormir seuls en chambre", affirme son patron Dave Brailsford.

- "Gains marginaux" - L'explication n'a pourtant guère convaincu certains suiveurs, à l'image de l'ancien directeur sportif Cyrille Guimard, consultant radio, qui a suspecté la formation britannique de cacher des caissons "hypobare" dans ces géants des routes.
Une sortie qui a forcé Brailsford à organiser une journée portes ouvertes de ses véhicules pour la presse "dans un but de totale transparence".
Brailsford, dont le crédo est de maximiser ce qu'il appelle les "gains marginaux", tous ces détails qui peuvent améliorer la performance, n'a pourtant pas renoncé à son idée.
Et, à l'entendre, il réunirait de plus en plus de partisans, Oleg Tinkov (patron de l'équipe Tinkoff) notamment, et des coureurs comme Mark Cavendish, qui s'était plaint de l'hébergement ces derniers jours.
La mission s'annonce toutefois compliquée tant les résistances sont fortes, à l'image de celle du Français Marc Madiot, qui s'est fait le porte-voix des partisans du statu quo.
Les arguments du manager de la FDJ sont nombreux: équité sportive, économie du sport, proximité avec le public, esprit d'équipe et de camaraderie entre les coureurs.
"Toutes les équipes n'ont pas le budget pour ce payer de telles machines", note d'abord Madiot.

- "L'économie du cyclisme est fragile" - L'ancien vainqueur de Paris-Roubaix redoute aussi que "ces bunkers privent le public de la proximité avec les champions, qui a toujours existé dans le cyclisme".
Madiot demande aussi du respect pour les organes public (mairies, régions, départements) qui financent les courses et "sont en droit d'attendre des retombées dans le secteur hôtelier notamment. L'économie du cyclisme est fragile".
"Nous ne pouvons pas demander aux élus de financer des courses si nous ne contribuons pas à leur économie locale", argumente le Français.
Brailsford bat ces arguments en brèche, ne comprenant pas "la frilosité" de certains.
"Il faudra toujours loger les mécanos, les soigneurs,... Et puis en créant par exemple une fan-zone autour de ces véhicules, ce serait aussi une opportunité pour les supporters d'approcher les champions.
"J'essaie de moderniser mon sport, assure le Britannique. Le motorhome est une bonne solution pour que les coureurs ne passent pas leur temps à faire et défaire leurs valise et pour qu'ils dorment dans de bonnes conditions. La récupération est très importante pour la performance".
Le débat n'a pas fini d'attiser les tensions. Sur le terrain, il provoque même de la nervosité. Durant ce Tour, plusieurs équipes se sont plaintes du manque de place sur les parkings d'hôtels car Sky monopolisait quasiment tout l'espace.
Des mécanos des équipes Europcar et Lotto NL ont même failli en venir aux mains avec leurs homologues de Sky...

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.