mardi 8 septembre 2015

Rio, terrain hostile pour les athlètes paralympiques

Avec leurs chaises roulantes style Mad Max, leurs tatouages et leurs visages tuméfiés, les joueurs de l'équipe brésilienne de rugby paralympique semblent inarrêtables, mais à Rio, siège des jeux Paralympiques dans un an, même eux sont freinés par un environnement peu accueillant au jour le jour.

"L'accessibilité est notre problème numéro un", déplore Gilson Dias Wirzma Junior, 28 ans, membre de l'équipe brésilienne de rugby pour les jeux paralympiques de Rio, du 7 au 18 septembre 2016.
Dans la ville voisine de São Gonçalo, par exemple, "il n'y a même pas de vrais trottoirs", explique Junior, tétraplégique après qu'une vague l'a plaqué sur le sable en 2007 quand il nageait. "Prendre un bus, c'est presque impossible. Il n'y en a qu'un sur mon trajet qui soit équipé et je peux attendre jusqu'à deux heures", dit-il.
Rio de Janeiro, la "ville merveilleuse", attirera des visiteurs du monde entier pendant ces Jeux, après les jeux Olympiques d'août. Mais athlètes ou supporteurs handicapés feront face aux mêmes problèmes de dimension... olympique.
En se préparant pour un entraînement dans la banlieue de Rio, les membres de l'équipe paralympique de rugby échangent des histoires terrifiantes sur des trottoirs cassés, des rampes inexistantes et des ascenseurs qui marchent mal.
"Malheureusement c'est notre réalité", souligne Junior, un dur pourtant !

- Le 'Murder ball' - Quand le rugby en fauteuil roulant est né dans les années 70 au Canada, les premiers participants l'avaient surnommé "murder ball" (balle meurtrière).
Devenu discipline paralympique en 2000, ce "rugby-fauteuil" se joue par équipes de quatre, sur un terrain de la taille d'un parquet de basket-ball. Les chaises roulantes, adaptées avec des pare-chocs sur les roues, s'entrechoquent brutalement.
Pendant l'entraînement, les membres du club de Santer se déplacent avec une agilité et une rapidité surprenantes, en se propulsant de leurs seules mains et bras partiellement paralysés. L'un des joueurs, le plus lourd, le 7, tombe au sol. Deux assistants doivent le relever et le rassoir sur sa chaise.
"Ce que je préfère, ce sont les coups", confie Eduardo Mayr, 43 ans, grand sourire au milieu d'un visage plein de cicatrices.
Quelques 4.350 athlètes de 178 pays sont attendus pour les Paralympiques, mais Rio n'est pas vraiment prête.
"Ne serait-ce que pour recevoir et loger ces athlètes, il va falloir faire un effort", a déclaré récemment à l'AFP Mario Andrada, porte-parole du comité organisateur Rio-2016.

- Les trottoirs, 'un cauchemar' - Selon lui, le plus grand véhicule spécialisé qui opère aujourd'hui dans la ville a une capacité de huit chaises roulantes, alors que rien que "la délégation hollandaise vient avec 150 personnes en chaises roulantes".
L'un des symboles de Rio, ces trottoirs de la zone touristique en pierres portugaises blanches et noires, souvent mal jointes, "sont un vrai cauchemar", témoigne un autre athlète, Renan Prestes, 28 ans.
Traverser les rues animées de Rio peut être aussi frustrant que dangereux. "Vous trouverez des rues où il y a une rampe d'accès d'un côté, mais pas de l'autre, vous êtes à mi-chemin quand vous vous en rendez compte", explique-t-il.
Blessé lors d'un accident de natation, il se déplace en voiture, mais "les places de stationnement pour handicapés sont constamment prises", affirme sa compagne Tarcila Formiga. Valide, la jeune femme de 30 ans dit avoir ouvert les yeux sur la réalité de la vie des personnes handicapées dans un Brésil qui est pourtant la septième économie du monde.
"Par exemple, vous allez dans un hôtel et demandez s'ils ont une chambre adaptée et ils disent que oui, mais le lit est trop élevé pour la personne en fauteuil roulant", dit-elle.
Les célébrations marquant le compte à rebours à un an des jeux Paralympiques, lundi, incluront aussi le lancement d'une campagne de sensibilisation sur l'accessibilité, un thème majeur de la cérémonie d'ouverture le 7 septembre 2016.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.