Après les déclarations choc de Joseph Blatter mercredi, c'était au
tour de Michel Platini d'occuper le terrain jeudi, via un entretien où
il soigne sa défense et fait campagne, malgré sa suspension, tout en
recevant une passe décisive du cheikh Ahmad, faiseur de rois au sein de
la Fifa.
. En campagneLes extraits forts de l'entretien du président
de l'UEFA, donné simultanément à quatre médias européens différents,
avaient filtré dès mercredi soir, avant leur publication in-extenso
jeudi.
"On veut m'empêcher de me présenter car on sait que j'ai
toutes les chances de gagner", "je suis, en toute modestie, le plus à
même de diriger le football mondial", ou encore "j'ai l'impression
d'être un chevalier du Moyen-Age devant une forteresse, j'essaie
d'entrer dans celle-ci pour y ramener le football, mais à la place on me
verse de l'huile bouillante sur la tête": au-delà de ces "punch-lines",
Platini le répète, il se "considère comme pleinement candidat".
Son
dossier de candidature à la présidence de la Fifa fait en effet bien
partie des sept enregistrés mercredi, mais le sien est gelé le temps de
sa suspension par la commission d'éthique de la Fifa, qui s'achèvera le 5
janvier. Le triple Ballon d'Or est donc privé de toute activité liée au
football, mais pas de prise de parole, ce qui lui permet de faire
campagne sans en avoir l'air.
"A la tête de la Fifa, je
continuerai à avancer sur des dossiers clés comme la régulation des
transferts ou la problématique du TPO (NDLR: joueurs propriété de fonds
d'investissements) par exemple, j'instaurerai plus de démocratie
participative dans la gouvernance. Je veux rompre avec toutes les
pratiques passées": Platini fait donc passer ses messages, sur l'air de
+moi, président de la Fifa...+
. Passe décisive de Cheikh AhmadLe vent serait-il en train de
tourner en faveur de Platini? Le cheikh Ahmad, Koweïti membre du comité
exécutif de la Fifa, considéré comme un faiseur de rois au sein de
l'instance, lui a en tout cas ouvert le jeu dans un entretien jeudi au
site internet insidethegames, dédié à l'actualité olympique.
"Je
pense, oui, je crois que beaucoup de candidats se retireraient", répond
Cheikh Ahmad quand on lui demande s'il croit que le patron du foot
asiatique, le cheikh Salman, se retirera de l'élection si Platini peut
mener sa campagne à bien.
Et Cheikh Ahmad, patron de l'Association
des comités olympiques nationaux (ANOC), d'ajouter: "Je sais
pertinemment qu'il est innocent. Si Michel Platini peut mener sa
campagne, nous le soutiendrons".
Une bonne nouvelle donc pour
l'ex-meneur des Bleus, qui avait encaissé un coup dur lundi quand Gianni
Infantino, le secrétaire général de l'UEFA, son N.2 donc, s'était lancé
dans la course à la présidence de la Fifa, sans un mot pour son patron.
Le
Français de 60 ans faisait bonne figure jeudi, en lançant dans cet
entretien: "Je m'en réjouis. L'UEFA se doit de présenter des solutions
alternatives avec un plan B". Et de promettre: "Le jour où je serai
blanchi, tout rentrera dans l'ordre. Le comité exécutif (NDLR: le
gouvernement du foot européen, qui a soutenu Infantino), Gianni et moi,
nous nous réunirons pour réévaluer la situation. Et l'on choisira la
meilleure solution pour le football". Sous-entendu, lui, le seul ancien
footballeur-star encore en lice pour le poste à la Fifa.
. Défense soignéeLes ennuis de Platini viennent de la somme de 1,8 M EUR reçue en 2011 de la part de Blatter pour un travail de conseiller achevé en 2002. Une somme dont Domenico Scala, président de la
commission électorale de la Fifa, ainsi que de la commission d'audit et
de conformité, avait affirmé dans le Financial Times qu'elle n'était
"jamais apparue dans les comptes de la Fifa avant le paiement effectif",
ce qui "pourrait être considéré comme une falsification des comptes de
la Fifa".
Mais Platini place sa défense jeudi: "C'est le directeur
financier (de la Fifa) Markus Kattner qui a procédé au virement, sur la
base d'une facture en bonne due et forme".
"De mon côté, je
n'étais ni membre de la commission des finances, ni du comité d'audit",
rappelle-t-il, en s'étonnant que "finalement, l'organisation qui a
validé et procédé au paiement, (le) suspende quatre ans plus tard".
Kattner
est actuellement secrétaire général par intérim de la Fifa depuis que
Jérôme Valcke a été relevé de ses fonctions, puis suspendu dans une
affaire de revente présumée de billets au marché noir.
(AFP)
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