Parmi les sujets abordés au congrès de
l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), les 3 et 4
juin à Bourges, celui qui doit porter sur le contexte budgétaire des
collectivités locales est sans doute l'un des plus attendus. A la
tribune, Michel Champion, trésorier de l'Andes et premier adjoint au
maire de Cholet (Maine-et-Loire), chargé des finances, mettra en avant
l'intérêt du partage de bonnes pratiques et de la mutualisation. Il
dévoile ses réflexions en avant-première pour Localtis.
Localtis - Vous allez évoquer lors du congrès de
l'Andes le difficile contexte budgétaire et ses effets sur les
collectivités locales. Comment se traduit-il sur le terrain ?
Michel Champion - Si je prends le contexte
local à Cholet, on a subi depuis quelque temps déjà des baisses de
dotations. De 2013 à 2017, on va avoir 4,5 millions d'euros de
participation et de dotations en moins. Cela agit directement sur
l'autofinancement. Derrière, c'est de l'investissement en moins. Certes
on peut jouer sur les frais de fonctionnement, et on l'a déjà fait. Mais
il arrive un moment où quand vous faites rouler un véhicule, il faut du
carburant, donc la baisse des frais de fonctionnement a forcément une
limite. Après, on peut jouer sur la suppression ou le non-renouvellement
de collaborateurs.
De quelle manière le secteur du sport est-il touché ?
En sport, cela se traduit, soit par un décalage, soit un report à
long terme d'un investissement, car les contraintes sur
l'autofinancement contraignent aussi l'investissement à venir. En sport,
on est forcément concerné, que ce soit pour les stades, les salles, les
équipements nécessaires, et directement aussi sur les subventions aux
associations, c'est systématique. Les réductions des subventions, ce
n'est pas un constat local, mais général. Un quart des communes ont
baissé leurs subventions aux associations sportives. Les baisses de
subventions vont de 5 à 20% sur l'ensemble des analyses que l'on a
faites. Mais on ne peut pas baisser de 20% tous les ans, sinon, il faut
tout fermer et mettre tout le monde dehors.
Ce que vous décrivez est une réaction en chaîne…
Oui, la baisse de l'enveloppe équipements du CNDS [Centre national
pour le développement du sport] a une répercussion directe sur les
enjeux en termes d'équipements. Cela a des impacts à tous les niveaux.
C'est la même chose dans le fonctionnement, où vous aurez des plages
horaires modifiées parce qu'il faudra réduire le nombre de surveillants
dans une piscine, par exemple. A un moment, cela a un impact sur les
usagers, les associations et les événements sportifs organisés.
Après le constat, les remèdes. Lesquels envisagez-vous ?
Au congrès de l'Andes, nous allons d'abord essayer de recueillir des
informations. Le but est d'échanger, de voir qui a réalisé des
modifications, qui envisage d'en faire, et de quelle manière. La
situation va forcément amener à mutualiser certains équipements, ce que
l'on n'envisageait pas forcément il y a quelques années, quand les
choses ne se passaient pas trop mal et chacun utilisait son propre
équipement, mais peut-être pas à 100%. Avec les difficultés actuelles,
on va forcément chercher à faire fonctionner l'équipement d'une autre
manière. On peut trouver des solutions qui permettront de faire des
économies, il faut des regroupements. Aujourd'hui, par exemple, les
piscines et patinoires sont des équipements intercommunaux à Cholet, au
même titre que le théâtre ou l'école de danse. On essaie d'utiliser au
maximum ces équipements pour qu'ils répondent à la demande.
Même si cela doit impliquer des déplacements plus longs pour les usagers, les associations ou les scolaires ?
Mais il faut faire des choix. Faut-il une zone d'activités
économiques dans chaque commune ou la centraliser dans une seule commune
? Tous les domaines sont concernés, que ce soit le sport, la culture,
l'économie, le social. C'est un changement de comportement.
Il existe de nombreux leviers pour réaliser des économies, par exemple sur le sport professionnel…
Quand on demande des efforts, on en demande aussi au sport
professionnel. A Cholet, où le sport professionnel est une compétence de
l'agglomération, nous avons deux clubs professionnels, en basket et en
tennis de table, qui participent également à la solidarité
intercommunale. On a baissé leurs subventions d'environ 5%. Pour le
basket, qui a un budget de 4,2 millions d'euros, notre participation
était de 900.000 euros en subventions et un peu plus de 100.000 euros en
prestations. Sur ce budget, une baisse de 50.000 euros, c'est peut-être
la moitié de la rémunération d'un joueur.
Mais est-ce à la collectivité de participer à la rémunération d'un joueur professionnel ?
On est bien d'accord, il y aura des modifications à réaliser dans l'avenir…
Autre levier d'économies : les normes des installations sportives. Là encore, un chantier prioritaire pour l'Andes…
L'Andes se bat sans cesse auprès des fédérations pour avoir quelque
chose de cohérent en la matière. On ne peut pas être à la disposition
des fédérations pour un jour changer les lignes d'un terrain, ou autre
chose. On nous dit toujours que cela ne coûte rien, mais quand vous avez
une vingtaine de salles, cela coûte forcément de l'argent. Depuis une
quinzaine d'années, grâce à l'action de l'Andes sur la question des
normes, nous avons estimé les économies réalisées entre 300 millions, a
minima, et un milliard d'euros.
Les fédérations comprennent-elles les contraintes des collectivités ?
Je ne suis pas encore sûr, il faut encore faire passer des messages.
Le mouvement sportif n'a pas encore totalement interprété que la
collectivité fait des efforts, mais que chacun doit aussi prendre sa
part à un moment. Cela fait partie des discussions que l'on peut avoir
avec les fédérations. Ce sera plus que jamais notre ligne de conduite.(Localtis)
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