mardi 25 octobre 2016

Quand les collectivités préparent l'arrivée du Grand Stade FFR

Anticipant la décision de la Fédération française de rugby, les collectivités ont lancé un appel à manifestation d'intérêt pour l'aménagement de 48 hectares à proximité du site situé sur l'ancien hippodrome de Ris-Orangis.
L'échéance est connue : 2023. La France s'est portée candidate à l'organisation de la Coupe du monde de rugby et il faudra que tout soit prêt. Les élus ont lancé début octobre un appel à manifestation d'intérêt concernant 48 hectares de foncier à proximité immédiate de l'emplacement où la Fédération française de rugby prévoit de construire son futur Grand Stade de 82.000 places. Objectif pour Ris-Orangis, l'agglomération Grand Paris Sud et le Département de l'Essonne : « Créer un lieu qui profite à tous, toute l'année », un « village loisirs à vocation commerciale et ludique ». L'appel est lancé jusqu'au 31 janvier auprès des opérateurs de loisirs, de commerces, de divertissement ou de logement, invités à imaginer un programme de développement urbain et économique, avec « des ambitions fortes en termes de développement durable ». Un volet s'adresse aux groupements d'investisseurs et opérateurs capables de s'engager sur les 48 hectares, l'autre aux opérateurs spécialisés et PME pour des propositions plus ciblées. « La maîtrise d'ouvrage publique travaillera au mariage de ces groupements », annoncent les élus. Trois groupements et un nombre limité d'opérateurs spécialisés seront sélectionnés en février 2017, pour la co-construction d'un projet avant la sélection finale en juillet 2017. L'architecte et urbaniste Djamel Klouche (AUC), désigné pour la maîtrise d'oeuvre urbaine, travaillera à la cohérence d'ensemble. Le projet devra intégrer la forêt mitoyenne de Saint-Eutrope de 250 hectares. Enfin deux secteurs, au sud du périmètre de l'appel à manifestation d'intérêt, sont pressentis pour accueillir un « cluster sport », une filière non structurée dont les élus aimeraient attirer différents acteurs, à l'image de ce qui a été réalisé avec le Génopole d'Evry.
Dans la perspective de 2023, « le train est parti à l'heure de la gare pour que le Grand Stade de rugby ne soit pas un éléphant blanc au milieu de nulle part », souligne le président (PS) de l'agglomération Francis Chouat. « Nous avons créé une unité politique autour de ce projet, quelle que soit la sensibilité des élus et jusque l'Etat à travers le Contrat d'intérêt national Porte Sud du Grand Paris qui englobe ce site », insiste Stéphane Raffalli, maire (PS) de Ris-Orangis. « Nous proposons un foncier disponible, libre de toute contrainte et maîtrisé par la puissance publique ». Les transports seront également au rendez-vous avec un doublement de la fréquence du RER D, la mise en service du Tzen4 en 2021 et du tram12 express (Evry, Massy TGV, Versailles) en 2022... Restent deux bémols. Le premier est le risque de déstabilisation du tissu économique local. Parmi les critères de sélection du projet figure d'ailleurs « la prise en compte de l'environnement économique ». « Il ne s'agit pas de s'auto-cannibaliser », résume Francis Chouat.
L'offre commerciale est déjà très présente, avec la zone commerciale de la Croix Blanche dans la commune voisine de Sainte-Geneviève-des-Bois, le carré Sénart situé dans la même agglomération ou le centre commercial d'Evry 2 qui vient de bénéficier d'importants investissements. Et les tensions sont déjà vives. La société Magaud, présente dans le parc de la Croix Blanche, a récemment contesté devant le tribunal administratif la décision de créer l'ensemble commercial « Central Parc Val Vert », dans l'agglomération voisine Coeur d'Essonne, une requête finalement rejetée en appel en juillet dernier. « Notre intuition aujourd'hui est que la jauge sera raisonnable et l'offre différente, c'est possible nous a-t-on assuré lors des différents contacts pris en amont », assure Stéphane Raffalli.
L'autre bémol, et de taille, concerne la confirmation de la construction. Elle dépend encore de l'élection du président de la FFR le 3 décembre, Pierre Camou, qui se représente, faisant face à des adversaires critiques. Il faudra ensuite boucler son financement et le faire valider par une assemblée générale des 1900 clubs affiliés, au plus tôt fin 2017. L'abandon du projet « est une hypothèse que nous n'envisageons pas, tous les indicateurs sont au vert », affirme Stéphane Raffalli, tout en reconnaissant : « nous demandons aux opérateurs de réfléchir à comment créer une attractivité suffisante, y compris sans le stade ».

(Les Echos)

1 commentaire:

  1. Le sujet reste très particulier ! D'autant que le financement intégralement privé du stade est source d'interrogation suite au relatif échec de la FFR de son financement par emprunt obligataire.
    Quid de la fiabilité d'un tel équipement ?
    On peut s'interroger à la fois sur la pertinence des rapports des cabinets consultés sur le fonctionnement du stade; comme sur la garantie d'emprunt par les collectivités.

    Intégré au premier Contrat d'Intérêt National dans le cadre du Grand Paris, les enjeux d'aménagements relèvent d'une stratégie dont on a du mal à comprendre les réelles finalités au delà d'une simple politique de "Grands Travaux". A suivre…
    "Le Grand Stade de Rugby de la FFR, un projet financé par le privé"… et la Caisse des Dépôts et Consignation !
    http://ericadamkiewicz.blogspot.fr/2016/07/le-grand-stade-de-rugby-de-la-ffr-un.html

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.