On a lu les 19 pages du programme pour le sport d'Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite et du centre. Pour l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac et ex-ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, la politique sportive de la France doit être orientée autour de cinq objectifs : développer la pratique sportive pour tous ; redéfinir la gouvernance ; faire du sport un outil de santé publique ; reconnaître le sport professionnel comme une activité économique à part entière ; et faire du sport un outil de rayonnement de notre pays. Jusque là, rien que du classique...
Pratique sportive : du déjà-vu
En matière de développement de la pratique, on note plusieurs propositions qui existent d'ores et déjà, notamment à travers les orientations prises par le CNDS depuis quelques années : "cibler des politiques d’accès au sport dans les quartiers pour les jeunes en difficulté et désocialisées", "encourager le bénévolat dans les associations sportives en ayant recours au service civique", "mettre en place un plan de féminisation des clubs".
Au rayon gouvernance, Alain Juppé estime que "l’exercice des fonctions régaliennes de l’Etat n’est pas compatible avec l’effacement progressif de la figure du ministre des Sports, noyée dans d’autres ministères, brouillée par la succession des remaniements gouvernementaux". Ici, on retrouve le programme... de François Hollande lors de la campagne 2012. Sauf qu'avec quatre ministres ou secrétaire d'Etat en quatre ans et des périmètres ministériels à géométrie variable, on sait ce qu'il est advenu de cette promesse !
Les fédérations dans le collimateur
D'une manière générale, la vision d'Alain Juppé de l'organisation du sport reste très étatiste. Sécurité, santé, aménagement du territoire ou formations dans le sport... tout doit partir du haut.
Quant aux compétences des collectivités territoriales, Alain Juppé entend les clarifier en faisant de la région le chef de file incontesté de l'organisation des politiques sportives territoriales. Une organisation où les départements ont tout bonnement disparu !
Le candidat prône également la création d'une Haute Autorité de l’intégrité sportive qui devra notamment surveiller le bon fonctionnement des fédérations, lesquelles sont ouvertement soupçonnées dans son programme de faire l'objet "d’affaires étouffées, de silences monnayés, [de] cécités et coups de pouce bienvenus, de mélange des genres".
Un plan national sport-santé
Plus intéressant - on a vu que Valérie Fourneyron s'était lancée dans cette bataille avant que ses successeurs y renoncent - est la proposition d'un programme national de santé par le sport qui permettrait, sous l’égide du ministère de la santé et en association avec le ministère des sports, les collectivités publiques, les institutions sanitaires et l’ensemble du mouvement sportif, soit de conduire directement, soit d'aider les différents acteurs du monde médical et sportif dans la conduite d’actions de prévention.
Ces actions seraient financées par les fonds de prévention des régimes d’assurance maladie obligatoires pour ce qui concerne la prise en charge des frais engagés pendant la période de reprise d’une activité physique. Les mutuelles et organismes d’assurance complémentaire en matière de santé seraient également sollicités.
Equipements professionnels : toujours plus de PPP !
Enfin, en ce qui concerne le modèle économique du sport professionnel, Juppé souhaite restaurer le droit à l’image collective (DIC) pour exonérer de cotisations sociales une partie du revenu des sportifs professionnels. Outre le manque à gagner pour la sécurité sociale, on signale au passage qu'une loi en discussion au parlement est en train de résoudre le problème...
Au chapitre de la propriété des stades, on comprend mal que le candidat loue "le modèle du football allemand avec des clubs propriétaires de leur stade", tout en voulant "favoriser juridiquement des formules de partenariat public-privé". Car les PPP impliquent par définition une personne publique !
En outre, on rappelle à Alain Juppé - qui a fait le forcing pour imposer un partenariat public-privé
désastreux pour les finances publiques lors de la construction du grand
stade de Bordeaux - que les PPP dans les grands stades ont été désavoués par la Cour des comptes et par un rapport sénatorial en raison du risque financier trop important qu'ils font courir aux collectivités et de leur caractère trop onéreux pour les finances publiques d'une façon générale.
En conclusion, entre mesures déjà vues, interventionnisme étatique et favoritisme envers les grandes entreprises de construction, le programme d'Alain Juppé pour le sport n'a rien de novateur ni d'enthousiasmant.
Pour rappel : notre revue des propositions des autres candidats à la primaire de la droite, qui reprend les propositions de François Fillion.
JDL
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