Localtis - Comment est née l'idée de réaliser une opération d'insertion par le sport dans votre ville ?
Marie-Claude Jarrot - En juin dernier, j'ai
participé à l'assemblée générale de Villes de France au cours de
laquelle Jean-Philippe Asensi, président de l'Agence pour l'éducation
par le sport, a présenté son programme d'insertion par le sport. J'ai
tout de suite adhéré à ce dispositif qui me paraît adapté à ma ville.
D'une part en raison de sa configuration, une ville moyenne de 20.000
habitants dont une partie de la jeunesse est sans emploi et a perdu un
peu de sens. D'autre part en raison de la place que le sport y occupe.
Car dans ce projet, il faut identifier un besoin mais aussi une culture
sportive.
Sans l'Apels, en seriez-vous venue à vous servir du sport comme outil d'insertion ?
Nous nous en servions déjà à travers le travail d'éducateurs, mais
sans mise en cohérence globale. Nous n'avions pas de responsable de
projet. C'est en entendant Jean-Philippe Asensi que je me suis dit
"c'est évident, il nous faut ça, nous aussi". D'autant plus que nous
possédons des ressources… et aussi la problématique. Le chômage des
jeunes sur nos deux quartiers "politique de la ville" est important.
Pourquoi choisir le modèle de l'insertion par le sport ?
Je pense qu'on ne pourra pas remettre les jeunes sur le chemin de
l'emploi sans utiliser des chemins de traverse, d'autres formes de
motivation. Je pense que le sport est une bonne voie à suivre pour
remettre des jeunes, et des moins jeunes, sur le chemin de la motivation
pour le travail. Le sport véhicule des valeurs importantes : courage,
détermination, dépassement de soi, capacité à respecter des horaires…
Quels sont vos objectifs à travers ce programme ?
Au-delà de l'objectif de remettre les gens dans le sens de la marche,
l'objectif est qu'au travers du travail que va conduire l'Apels, les
jeunes retrouvent de la motivation et trouvent un emploi. L'évaluation
de cette opération ne se fera par à travers l'insertion dans des stages
ou des formations, mais à travers les emplois trouvés. Un certain nombre
d'entreprises se sont d'ailleurs engagées dans ce dispositif.
Comment allez-vous vous y prendre pour monter une dynamique autour de ce projet ?
L'Apels sera impliquée dans la mise en cohérence du projet global.
Mais celui-ci va également se dérouler dans le cadre de la politique que
je mène sur l'insertion professionnelle et dans le cadre de la
politique de la ville. Nous allons avoir une réunion avec tous les
acteurs présumés du projet : bénévoles, animateurs, éducateurs. Ce
projet va se construire avec différents pôles, le pôle solidarité et
tout ce qui tourne autour de l'emploi et des relations avec les futurs
employeurs, et je vais gérer cela directement.
Quels moyens la ville de Montceau-les-Mines va-t-elle mettre dans ce projet ?
La ville va faire appel à des animateurs, des adultes-relais, des
médiateurs, issus de nos deux quartiers "politique de la ville". Nous
bénéficions justement d'un tout nouvel espace pour la jeunesse avec des
animateurs de qualité. Par ailleurs, nous avons déjà recruté des
personnes pour ce projet. Il s'agit de personnes qui adhèrent au projet
et qui seront acteurs de son écriture. Cet aspect est déterminant à mes
yeux. Notre service jeunesse sera également mobilisé à raison de cinq
personnes. Des animateurs seront également mobilisés. Cela représentera
une dizaine de personnes au total, et si nous avons besoin d'autres
personnes venant d'autres pôles, nous ferons appel à elles... nous avons
420 agents sur la ville. Et il y aura bien sûr les bénévoles des
associations. D'ailleurs, nous organiserons une présentation aux
associations sportives dès que le projet sera ficelé.
Quels publics visez-vous à travers ce projet ?
Nous ciblerons les publics bénéficiaires de cette opération selon les
propositions des adultes-relais et des animateurs. Cela pourra aller du
jeune au moins jeune. Nous sommes bien d'accord qu'il ne s'agit pas de
convocations à Pôle emploi, mais d'incitations par le sport pour
reprendre le chemin du travail. La "captation" se fera par le sport,
ensuite, avec le management de projet par l'Apels, les éducateurs et les
animateurs feront leur travail. L'opération sera menée sur une
trentaine de jeunes, avec des profils plus ou moins éloignés de
l'emploi. On ne peut plus continuer à les envoyer en formation dont ils
ressortent sans être embauchés. Car de toutes façons, ils ne peuvent pas
être embauchés. Ils doivent avant tout retrouver des règles de base de
la vie, le savoir-vivre puis, ensuite, le savoir-vivre professionnel. Le
sport sera la première marche pour reprendre le chemin de l'insertion
professionnelle. En offrant des activités sportives, nous allons
proposer de reprendre une vie normale, de reprendre le contact grâce au
sport, c'est-à-dire la capacité à se lever le matin, à suivre des
règles, à se dépasser.
Quel calendrier de mise en oeuvre prévoyez-vous ?
Le projet démarrera au printemps 2017 et durera le temps qu'il
faudra. Il s'agit d'une opération sur le moyen terme. Il y a dans notre
ville un très beau pôle dédié à la gymnastique à travers lequel on
observe l'apprentissage de la règle, de la tenue. Je pense donc qu'on va
pouvoir armer les jeunes pour la vie. Certains en sont très loin, et
même s'ils ne sont pas nombreux, on ne peut pas les laisser sur le bord
du chemin. Je me réjouis de pouvoir expérimenter et réussir cette
insertion par le sport. Ce qui compte pour un maire, et tous mes
collègues seront d'accord, c'est que les jeunes aient un emploi et
qu'ils soient heureux de vivre dans leur commune.(Localtis)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire