vendredi 24 février 2017

Wladimir Andreff, président du conseil scientifique de l'Observatoire de l'économie du sport, contre les JO à Paris ?

Après Rome, Boston et Hambourg, Budapest vient à son tour de renoncer à l'organisation des Jeux olympiques 2024, faute de soutien populaire. Jugeant le projet trop onéreux, le mouvement politique Momentum avait lancé en janvier une pétition auprès des habitants de la capitale hongroise pour demander l'organisation d'un référendum anti-JO. Elle a récolté près de 266.000 signatures d'après ses organisateurs, soit presque le double du total nécessaire pour organiser une consultation populaire. Devant ce manque de soutien, Budapest a donc préféré faire marche arrière.

Pour Wladimir Andreff, professeur émérite d'économie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne [et président du conseil scientifique de l'Observatoire de l'économie du sport, dépendant du ministère des Sports !], spécialiste des questions de financement des grands événements, ce retrait n'est pas une surprise et s'inscrit dans une longue série d'abandons.
Quatre des cinq villes initialement candidates à l'organisation des JO 2024 ont jeté l'éponge. Comment expliquer toutes ces défections?

Wladimir Andreff: Elles renoncent pour beaucoup pour des raisons budgétaires. Lorsqu'elles présentent leur dossier au Comité international olympique, les villes candidates font valoir le plus de retombées financières possibles et minorent les coûts que représenteraient pour elles l'accueil d'un tel événement. C'est une logique de surenchère, chaque ville veut s'attirer les faveurs des membres du CIO. Mais certaines sont ensuite raisonnées par des économistes qui leur expliquent concrètement ce que pourrait leur coûter l'accueil des JO et ce que devraient payer les contribuables.
Les maires réalisent alors qu'organiser des JO n'est pas une bonne opération financière et décident de renoncer. Depuis 1968, quasiment tous ceux qui organisé des JO ont dépassé le budget annoncé lors du dépôt de candidature, avec des dépenses multipliées en moyenne par 2,5. Seul Los Angeles n'a pas pas dépassé son budget en 1984.

La question financière est-elle la seule raison qui pousse certaines villes à abandonner?
Non, l'hostilité de la population locale est un autre facteur à prendre en compte. Sous la pression populaire, des villes préfèrent abandonner. C'est ce qui s'est passé avec Boston et Budapest, mais ce n'est pas un phénomène nouveau. Candidates à l'organisation des Jeux d'hiver en 2022, Stockholm, Cracovie et Lviv ont renoncé et c'est finalement Pékin qui a été désigné par le CIO. Avant de lancer leur candidature, les villes qui souhaitent organiser des événements d'ampleur mondiale auraient tout intérêt à mener une étude auprès de leurs citoyens pour savoir combien ils seraient prêts à payer pour les accueillir.

Le retrait de Budapest est-il une bonne nouvelle pour Paris?
L'abandon de Budapest ne change pas grand-chose. Paris a maintenant une chance sur deux de passer contre une chance sur trois auparavant, mais Budapest était surtout considéré comme un outsider derrière Paris et Los Angeles. Ça clarifie la situation, mais ça ne la bouleverse pas.  [...]

Pékin en 2008, Londres en 2012, Rio en 2016, Tokyo en 2020 et donc Los Angeles ou Paris en 2024. Seules les grandes villes mondiales peuvent organiser les JO?
L'accueil des JO coûte plus cher que le PIB (produit intérieur brut) de certains pays, donc il est peu probable qu'ils soient organisés dans un pays du tiers-monde. Ils continueront de se dérouler dans les prochaines années dans des puissances financières très développées, comme les Etats-Unis, ou dans des pays considérés comme des nouveaux riches comme la Chine. Il faut remplir trois conditions pour accueillir les JO: avoir des moyens financiers conséquents, des infrastructures et un dirigeant favorable à ce projet.

(Source)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.