lundi 6 mars 2017

En Guadeloupe, l'effet Coupe Davis a tourné court

Un an après le passage de Yannick Noah et sa bande, les courts de Baie-Mahault (Guadeloupe) sont à l'abandon malgré plusieurs millions d'euros investis pour accueillir la Coupe Davis et le souhait d'y développer le tennis. Pour son retour à la tête des Bleus dix-huit ans après, "Captain Yann" avait fait le forcing pour que la rencontre du premier tour France-Canada se déroule outre-mer, seule solution pour jouer sur terre battue extérieure et augmenter les chances de battre Milos Raonic (qui déclarera finalement forfait).
Devant les réticences du conseil régional de Guadeloupe, refroidi par le coût de l'opération - 3,7 millions d'euros, plus du double du budget initial - l'État avait dû intervenir. Il s'était engagé à prendre en charge une partie de la rénovation du vélodrome Amédée-Détraux, théâtre des matches, et à négocier une enveloppe financière pour la réfection des équipements sportifs en Guadeloupe. Le rêve de Noah devenait réalité.
Pas moins de 400 tonnes de calcaire avaient été acheminées par bateau depuis la métropole pour réaliser des courts ocre où Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet et Gilles Simon avaient facilement battu une sélection canadienne bis (5-0).
Le court principal et ses tribunes provisoires avaient été démontés mais les deux terrains d'entraînement sont toujours là... Du moins ce qu'il en reste, comme l'a déploré le tennisman d'origine guadeloupéenne Gianni Mina.
De passage sur son île natale, le 342e joueur mondial - et 31e français - a eu "honte en voyant l'état des terrains" où il espérait s'entraîner. "Je trouve cela vraiment dommage, que ce soit pour moi ou pour les jeunes Guadeloupéens, de ne pas pouvoir profiter de ces installations. Même pour les joueurs amateurs!", a-t-il déploré sur son compte Facebook le 18 février.
Livrés aux intempéries, les terrains sont en effet impraticables. Les lignes blanches sont effacées, les bâches de protection pas utilisées, et la terre battue imbibée d'eau au point d'imprimer d'épaisses empreintes de pieds lorsqu'on marche dessus, a constaté l'AFP.

A certains endroits, elle forme une croûte irrégulière et effritée. Autour, aucun éclairage n'existe, ce qui condamne les amateurs à venir la journée puisque la nuit tombe très tôt en Guadeloupe.
Pourtant, après la Coupe Davis, Dominique Théophile, président de la commission "Sport et santé" du conseil régional, avait annoncé dans la presse que "tout" serait "mis en oeuvre pour préserver" les cours annexes. Il était prévu de les mettre "à disposition" d'un club local de tennis, et d'en confier l'entretien à "des jeunes formés" à cet effet.
Le projet est resté à l'état larvaire mais est toujours en cours, selon Ary Chalus, président de la région, qui précise à l'AFP qu'il n'y a jamais eu de "calendrier".
"Nous savions que le calcaire (pour la terre battue) venu de l'Oise ne pourrait pas être conservé en bon état sous les Tropiques à cause du climat", indique le nouveau président de la Fédération française de tennis Bernard Giudicelli, secrétaire général de la FFT à l'époque.
"Ces terrains n'ont jamais été prévus pour être pérennes", a pour sa part souligné le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard lors d'une visite fin février aux Antilles, où il a confirmé le déploiement de 80 millions d'euros pour rénover les équipements sportifs en Guadeloupe et en Martinique. 

(Source)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.