Le programme pour le sport d'Emmanuel Macron est, à l'image
du personnage, centriste, et se nourrit de thèmes consensuels, parfois assaisonnés
d'une pincée de libéralisme.
Tout d'abord, la mise en avant d'une "pratique sportive
accessible à tous" est un vœu prononcé par tous les candidats… et scandé
par les politiques publiques de gauche comme comme de droite. Pour promouvoir la pratique du sport, Macron
entend faciliter l’accès aux infrastructures, multiplier les aménagements de
plein air, mener des actions de sensibilisation, etc. Dans ce but, il veut négocier la signature d’un accord national interprofessionnel visant à
organiser et faciliter la pratique du sport dans les entreprises, mais aussi inciter
les établissements scolaires et les associations sportives locales à se
rapprocher. Ces deux mesures sont depuis des années dans les tuyaux, sans
grande réussite pour le moment, particulièrement en ce qui concerne le
rapprochement école-clubs.
Nationalisation du
Club Med Gym ?
Plus originale est la proposition visant à mettre en place
des maisons du sport-santé pour les personnes atteintes d’affections lourdes ou
simplement désireuses de se remettre en forme. Va-t-on assister à la
nationalisation du Club Med Gym ? En tout cas, le Picard veut rembourser le
coût des licences sportives des personnes atteintes d’affection longue durée
qui se sont vu prescrire la pratique d’une activité physique par leur médecin.
Que n'a-t-il soutenu une telle mesure alors qu'il était ministre de l'Economie ?! Au lieu de
cela, le Parlement a adopté une loi "sport sur ordonnance" qui fait
l'impasse sur le financement des pratiques sportives dans le cadre d'une
prescription médicale !
Au rayon gouvernance, Macron souhaite donner davantage
d’autonomie aux fédérations sportives et au CNOSF. Denis Masseglia, président
de ce dernier organisme et partisan de la disparition du ministère des Sports, n'a
plus qu'à se mettre en marche ! A l'Etat, il resterait les missions de
coordination, règlementation et évaluation éthique des compétitions (lutte anti-dopage,
transparence sur les flux financiers dans le sport, etc.). Ce qui, peu ou prou,
correspond à la compétence théorique actuelle du ministère…
Equipements sportifs : aucune nouvelle piste de
financement
Là où l'on frise la schizophrénie, c'est avec la proposition
visant à rendre le fonctionnement des fédérations "plus efficace",
avec l’élection "systématique" de leurs présidents par les clubs, d'un côté, et
une plus grande autonomie donnée par l’Etat, de l'autre. Comment imposer un
mode d'élection (et pourquoi pas une élection par les licenciés eux-mêmes, d'ailleurs ?...)
tout en prétendant donner plus d'autonomie ?
En ce qui concerne les équipements sportifs, améliorer leur
maillage sur l’ensemble du territoire en fixant des objectifs de construction
dans le cadre de nouveaux grands projets d’aménagement ou rendre obligatoire leur
réalisation dans les zones nouvelles d’aménagement semble louable. Mais ici,
pas un mot sur le financement. Or on parle potentiellement de centaines de
millions d'euros, au bas mot. Aucune réforme des recettes du CNDS, dont les
moyens ont été réduits durant le quinquennat Hollande pour cause de rattrapage,
n'est évoquée.
Aider le sport pro. Oui, mais comment ?...
Grand débat des politiques sportives, moins consensuel que
le sport pour tous ou le sport-santé, le sport professionnel doit être, pour
Macron, soutenu et valoriser. Sans plus de détail. Là, le candidat sort le parapluie : les aides
publiques aux clubs, aujourd'hui très encadrées, doivent-elles évoluer ? Les
collectivités doivent-elles continuer à financer les stades du sport pro ? Si
oui, dans quelles conditions et avec quelles limites ? On n'en saura pas plus.
Dernier point à mettre en avant : celui des filières de
formation. Là, chapeau au conseiller sport de Macron, c'est un vrai sujet,
assez technique et très délicat politiquement. Bref, un truc casse-gueule
auquel on n'ose pas trop toucher habituellement. Macron entend ici simplifier
les deux services publics de la formation aux métiers du sport (filière ministère
des sports et filière Staps), où, il est vrai une chatte ne retrouverait pas ses petits. On le voit, le candidat, en parlant de
"simplification" et non de fusion, pourra éviter les critiques les plus
vives. Reste à savoir jusqu'où irait une simplification en la matière.
JDL
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