"Dans cette campagne inhabituelle, on parle encore moins de sport, de culture, qu'à l'accoutumé", relève le sociologue Patrick Mignon. "Et quand ils le font, les candidats restent très vagues: le sport c'est éducatif, c'est bon pour la santé..."
Maître de conférences en management du sport à l'Université de
Poitiers, Arnaud Saurois a épluché les programmes "sport" des onze
candidats à l'aune d'une vingtaine de critères parmi lesquels les JO, le
bénévolat, le financement, le haut niveau, la gouvernance, les
équipements... Ce fut assez rapide. A deux semaines du premier tour,
cinq n'affichaient carrément aucune vision en matière de sport, trois
- Hamon, Mélenchon et Le Pen - évoquaient le sujet de manière assez
superficielle quand trois autres - Fillon, Macron, Dupont-Aignan - présentaient un projet plus élaboré.
Globalement, le sport n'est pas un sujet clivant. A quelques nuances
près, l'unanimisme est de mise. "Hamon et Mélenchon mettent en avant un
programme très sport pour tous, mais on retrouve aussi ces
propositions à droite", note Patrick Mignon.
Jeux décisifs
Idem pour le sport sur ordonnance, l'une des avancées les plus
consensuelles du quinquennat finissant. Emmanuel Macron propose ainsi de
rembourser les licences sportives aux patients, François Fillon
d'étendre la mesure à l'ensemble de la population et plus aux seuls
malades atteints d'une affection de longue durée (ALD) et Benoît Hamon
de prendre en charge financièrement la pratique du sport prescrit.
Pour autant, il existe quelques pommes de discorde. La plus
spectaculaire étant la candidature olympique de Paris. Deux candidats,
Nathalie Arthaud et Jean-Luc Mélenchon, se sont en effet prononcés
contre, s'opposant ainsi à Hamon, Fillon, Macron, Le Pen et
Dupont-Aignan, les candidats du "oui" aux JO. Les autres n'exprimant aucune opinion.
"Le sujet n'est pas là, pour ou contre", estime Denis Masseglia,
président du comité national olympique et sportif français (CNOSF).
"Telle que la candidature est partie, il parait compliqué de s'y
opposer. En revanche, il est indéniable que le vote du 13 septembre
(date d'attribution des JO-2024 à Paris ou Los Angeles) dictera la
politique sportive du quinquennat. Faire du sport un enjeu de société
sera plus facile à faire comprendre (aux politiques) si on a les Jeux",
reprend le patron du mouvement sportif français qui a envoyé, le 28
mars, une série de questions aux onze candidats concernant le bénévolat,
l'évolution du modèle sportif français et son financement.
Secrétariat d'Etat ou ministère des Sports ?
Au delà des Jeux de Paris-2024, certaines questions préoccupent
parfois de concert des candidats par ailleurs très éloignés. C'est ainsi
que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen s'opposent tout deux à la
"financiarisation du sport professionnel", le candidat de la France
insoumise voulant interdire le naming des stades et enceintes sportives.
Dans le même esprit, Jacques Cheminade entend lui limiter les salaires
des professionnels à 20 Smic.
François Fillon et Marine Le Pen se rejoignent eux sur
l'assouplissement des conditions de mécenat, afin de compenser la
réduction fatale des subventions publiques dans le financement du sport,
quand le candidat LR entend créer une Haute autorité de l'intégrité
dans le sport, afin d'y lutter contre les affaires.
Aucune réponse dans les programmes à la question "secrétariat d'Etat
ou ministère des Sports?", le portefeuille étant souvent une variable
d'ajustement des gouvernements. "C'est sans doute dans la tête de
certains candidats de supprimer les sports", croit savoir Patrick
Mignon. Notamment pour des raisons budgétaires.
"Un ministère de plein exercice, ce n'est pas très important", estime
Denis Masseglia. "Ce qui compte, c'est le modèle que l'on construira
après la date la plus importante de la décennie pour le sport français,
le 13 septembre prochain". Et non le 23 avril ou le 7 mai.(AFP)
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