Alors qu’il n’est pas encore
terminé, sa livraison
étant prévue pour juin
2014, le stade Vélodrome nouvelle
version est au coeur d’une
tempête financière qui ne manquera
pas d’avoir des répercussions.
Dans un rapport confidentiel
dont La Provence a eu
connaissance, la Chambre régionale
des comptes a analysé
le montage de cette opération
confiée par Jean-Claude Gaudin
au nom de la Ville à la société
Arema, filiale de Bouygues.
Au-delà des réponses apportées
en cours de contrôle à la
Chambre et de quelques apartés, le sénateur-maire UMP
s’est pour l’heure refusé à entrer
sur le terrain. Il se réserve
pour le conseil municipal prévu
lundi matin. En sachant que
la partie s’annonce rude: "analyse
des risques (...) superficielle",
choix d’un cadre juridique
"sur la base d’une argumentation
contestable", augmentation
de capacité surdimensionnée,
surcoûts en série, relations
trop favorables avec Arema
comme avec l’OM, les critiques
des magistrats sont sévères.
Si la première étude a été réalisée
en 2005, la Chambre considère
que la Ville n’a pas suffisamment
préparé le projet. Elle
regrette par exemple que la solution
d’un bail emphythéotique
ait été balayée sans être
analysée ou que l’étude technique
n’ait pas été actualisée. De
plus, elle s’étonne qu’il ait été
fait appel sans encadrement à
des conseillers externes qui
pouvaient avoir partie liée avec
les concurrents potentiels, parlant
même d’"imprudence" de
la part de la mairie à propos
d’un audit financier "commandé
et payé" par Arema.
Finalement, c’est dans le cadre
d’un "Partenariat public-
privé" qu’Arema a obtenu
un "pack" associant chantier et
exploitation durant 35 ans. Un
choix remis en cause par la
Chambre, les conditions pour
un tel "PPP" n’étant pas réunies
puisqu’il visait surtout à compenser
"le manque de marges financières
de la Ville". Toujours
est-il que ce choix a un coût: si
la mairie s’était occupée elle-
même du montage financier
et de la maîtrise d’ouvrage, elle
aurait économisé pour la Chambre
quelque... 93 millions
d’euros! Une somme qui servira
notamment à "la rémunération
des actionnaires" d’Arema.
Dans sa réponse à la Chambre,
la Ville conteste ce calcul.
Après analyse du contrat entre
la Ville et Arema, la Chambre
chiffre à 509 millions
d’euros son coût pour les contribuables
marseillais, avec notamment
des prêts jugés "onéreux"
à 13,5% de taux d’intérêt.
Reste à connaître les recettes
qui permettront de compenser
une facture annuelle de
12,23 millions d’euros. La
Chambre ne cache pas ses doutes
quant aux solutions prévues
par la Ville : elle recommande
même de fixer le loyer de l’OM
à 8 millions d’euros par an, tant
pour s’aligner sur ce qui se pratique
ailleurs... que pour limiter
les dégâts.
Fallait-il se lancer dans une
telle aventure ? La Chambre pose
clairement la question. Pour
elle, après étude de la fréquentation
des matchs de l’OM et du
potentiel de spectateurs,
l’agrandissement à 67000 places
"excède largement les besoins
habituels de la ville et même
les impératifs de l’Euro
2016". Ce que conteste la mairie,
qui explique que l’UEFA réclamait
de réserver 4430 places
de plus pour des "personnalités".
Afin de ne pas réduire
l’espace pour les supporters de
base, elle a donc décidé
d’augmenter la jauge. Autre critique
de la Chambre, la décision
de ne pas fermer provisoirement
le stade pendant
l’opération de couverture : elle
a entraîné "un surcoût de 15 millions
d’euros"...
(La Provence)
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