vendredi 4 octobre 2013

Stade Vélodrome, le vrai coût d’un chantier pharaonique

Alors qu’il n’est pas encore terminé, sa livraison étant prévue pour juin 2014, le stade Vélodrome nouvelle version est au coeur d’une tempête financière qui ne manquera pas d’avoir des répercussions. Dans un rapport confidentiel dont La Provence a eu connaissance, la Chambre régionale des comptes a analysé le montage de cette opération confiée par Jean-Claude Gaudin au nom de la Ville à la société Arema, filiale de Bouygues.
Au-delà des réponses apportées en cours de contrôle à la Chambre et de quelques apartés, le sénateur-maire UMP s’est pour l’heure refusé à entrer sur le terrain. Il se réserve pour le conseil municipal prévu lundi matin. En sachant que la partie s’annonce rude: "analyse des risques (...) superficielle", choix d’un cadre juridique "sur la base d’une argumentation contestable", augmentation de capacité surdimensionnée, surcoûts en série, relations trop favorables avec Arema comme avec l’OM, les critiques des magistrats sont sévères.
Si la première étude a été réalisée en 2005, la Chambre considère que la Ville n’a pas suffisamment préparé le projet. Elle regrette par exemple que la solution d’un bail emphythéotique ait été balayée sans être analysée ou que l’étude technique n’ait pas été actualisée. De plus, elle s’étonne qu’il ait été fait appel sans encadrement à des conseillers externes qui pouvaient avoir partie liée avec les concurrents potentiels, parlant même d’"imprudence" de la part de la mairie à propos d’un audit financier "commandé et payé" par Arema.
Finalement, c’est dans le cadre d’un "Partenariat public- privé" qu’Arema a obtenu un "pack" associant chantier et exploitation durant 35 ans. Un choix remis en cause par la Chambre, les conditions pour un tel "PPP" n’étant pas réunies puisqu’il visait surtout à compenser "le manque de marges financières de la Ville". Toujours est-il que ce choix a un coût: si la mairie s’était occupée elle- même du montage financier et de la maîtrise d’ouvrage, elle aurait économisé pour la Chambre quelque... 93 millions d’euros! Une somme qui servira notamment à "la rémunération des actionnaires" d’Arema. Dans sa réponse à la Chambre, la Ville conteste ce calcul.
Après analyse du contrat entre la Ville et Arema, la Chambre chiffre à 509 millions d’euros son coût pour les contribuables marseillais, avec notamment des prêts jugés "onéreux" à 13,5% de taux d’intérêt. Reste à connaître les recettes qui permettront de compenser une facture annuelle de 12,23 millions d’euros. La Chambre ne cache pas ses doutes quant aux solutions prévues par la Ville : elle recommande même de fixer le loyer de l’OM à 8 millions d’euros par an, tant pour s’aligner sur ce qui se pratique ailleurs... que pour limiter les dégâts.
Fallait-il se lancer dans une telle aventure ? La Chambre pose clairement la question. Pour elle, après étude de la fréquentation des matchs de l’OM et du potentiel de spectateurs, l’agrandissement à 67000 places "excède largement les besoins habituels de la ville et même les impératifs de l’Euro 2016". Ce que conteste la mairie, qui explique que l’UEFA réclamait de réserver 4430 places de plus pour des "personnalités". Afin de ne pas réduire l’espace pour les supporters de base, elle a donc décidé d’augmenter la jauge. Autre critique de la Chambre, la décision de ne pas fermer provisoirement le stade pendant l’opération de couverture : elle a entraîné "un surcoût de 15 millions d’euros"...

(La Provence)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.