jeudi 18 avril 2013

Extension de Roland-Garros : ça va se jouer au tie-break

Copyright : JD Lesay
L'extension du stade de Roland-Garros accumule les revers depuis deux ans et la Fédération française de tennis (FFT) ne semble pas au bout de ses peines. Lors de l'officialisation du partenariat avec la compagnie aérienne Emirates mercredi, le président de la FFT Jean Gachassin a dû se rendre à l'évidence: "C'est un partenariat très important, un bon oxygène, a-t-il dit, car on a quelques petits problèmes avec la modernisation du stade".
"Quelques petits problèmes", cela sonne comme un doux euphémisme, tant les ennuis s'accumulent sur son bureau donnant sur le Central de Roland-Garros où l'ambiance a radicalement changé en deux ans. Lorsque l'Assemblée générale de la FFT s'est massivement prononcée, le 13 février 2011, en faveur du maintien sur le site historique, battant en trois sets secs les dossiers de délocalisation à Gonesse, Versailles et Marne-la-Vallée, l'heure était aux superlatifs et à l'optimisme béat. "Dans cinq ans, le tournoi n'aura pas grand chose à voir avec les installations qu'on a aujourd'hui", avait surenchéri le directeur général de la FFT et de Roland-Garros, Gilbert Ysern. Ces prévisions sont d'ores et déjà caduques.

Prévue en 2016, la livraison du stade rénové, étendu de 8,5 à 12,5 hectares et doté d'un toit amovible sur le Central, a été reportée à 2017, puis à 2018, voire 2019 pour le Central, si l'on en croit l'exposé des motifs de la nouvelle délibération qui sera soumise lundi ou mardi prochain au Conseil de Paris, et encore si tout va bien. Le coût, initialement chiffré à 273 millions d'euros, a, lui, été réévalué à la hausse, à 340 millions, dans un contexte économique tendu, d'autant que Roland-Garros, obligé de s'aligner sur les autres tournois du Grand Chelem, vient d'augmenter sa dotation annuelle de trois millions d'euros.
Déjà considérablement ralenti, le projet a subi un nouveau coup de frein le 1er mars dernier lorsque des associations de riverains et d'écologistes, rejoints par des élus UMP, ont obtenu du tribunal administratif de Paris le rejet de la convention d'occupation signée avec la mairie de Paris. La ville de Paris a fait appel et va soumettre au vote du prochain conseil de Paris une nouvelle délibération qui informe de manière plus complète les élus et revoit à la baisse les conditions accordées par la ville (notamment durée de la concession ramenée à 50 ans). Mais même si elle est validée, ce n'est pas exactement un boulevard qui attend la FFT.
"On savait dès le début qu'il y aurait des recours. Ils ne sont pas terminés malheureusement," soupire Jean Gachassin. Parallèlement à leur guérilla judiciaire, les opposants de la FFT ont ressorti des cartons un contre-projet permettant d'épargner les Serres d'Auteuil et ses fleurs rares, au coeur de la dispute. "Pas crédible, pas possible", répond le président de la FFT qui insiste, avec un peu moins de conviction qu'en 2011 : "Nous avons un magnifique projet, nous allons le défendre et je pense que nous allons y arriver."
En faisant le choix de rester à Paris, la FFT a pris le risque de voir le fossé s'élargir avec les autres tournois du Grand Chelem. Même avec quatre hectares de plus, Roland-Garros restera plus petit que Wimbledon, l'Open d'Australie et l'US Open qui ne connaissent pas les mêmes freins à leur développement et annoncent tous des investissements importants. Dans certains cercles on murmure déjà que la France pourrait perdre son Grand Chelem au profit par exemple de Madrid. Un vieux serpent de mer qui paraît peu probable en l'état actuel. Mais qui met un peu plus la pression sur la FFT.

(Source : AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.