samedi 15 juin 2013

A un an du Mondial, la moitié des stades brésiliens ne sont pas prêts

Retards dans les travaux, projets abandonnés, dépenses démesurées… a un an de sa Coupe du monde, le Brésil tire la langue, sur fond de tensions sociales et d’insécurité.

Sur l'interminable avenue centrale qui mène aux 70.824 places du flambant neuf Estadio Nacional Mané Garrincha, ils étaient près d’un millier à brûler des pneus, hier matin, contre la hausse du prix des billets. En cette veille d’ouverture de la Coupe des Confédérations, les manifestants se moquent du prix des places pour Brésil-Japon, qui ouvrira la compétition, aujourd’hui, dans la capitale fédérale. Au coeur de leur colère, le coût de l’enceinte – 420 millions d'euros– dans une période où le développement du Brésil ne profite pas forcément aux couches les plus misérables de la population d’un pays où le salaire moyen avoisine les 650 euros mensuels et où le Smic, même après avoir décuplé en vingt ans, atteint péniblement les 250 euros par mois. Non loin de là, à la Chambre des députés, un élu du nom de Romario dévoilait, hier, son rapport sur le coût des six stades retenus pour la Coupe des Confédérations (Brasilia, Rio de Janeiro, Fortaleza, Salvador, Belo Horizonte et Recife).
L’ancien attaquant de la Seleçao y dénonce le "gigantisme" des dépenses engagées pour la construction ou la rénovation des enceintes et des "travaux encore menés à la hâte dans et autour des stades". Les douze stades qui accueilleront la vingtième Coupe du monde (12 juin-13 juillet 2014) devraient coûter 3,8 milliards d’euros, soir 800 millionsde plus que les prévisions initiales, ce qui alimente les soupçons de corruption. Jeudi, à Rio de Janeiro, Sepp Blatter avait tenu un discours aux angles plus arrondis : "J’ai assisté à beaucoup de tournois où, le jour du match d’ouverture, il y avait encore des peintres pour réaliser des finitions. D’expérience, quand une compétition commence, tout se passe bien." Malgré la diplomatie du président de la Fifa, personne, ici, n’a oublié – voire digéré – le célèbre "Le Brésil doit se botter les fesses" lancé par son secrétaire général, Jérôme Valcke, en mars 2012. Quinze mois après ce signal d’alerte, seuls six des douze stades qui accueilleront le Mondial sont considérés comme prêts. Parmi les sites en retard, ceux de Manaus (47.750 places), de Cuiaba (43.600) et de Curitiba (41.375) ne sont achevés qu’aux deux tiers. Sans compter les lenteurs observées dans l’aménagement de plusieurs aéroports et de voies routières ou la construction du métro de Porto Alegre, qui devrait finalement être livré… après la Coupe du monde.
Aux contrariétés liées aux infrastructures se greffent des problèmes récurrents. Les médias brésiliens cultivent un climat anxiogène par leur couverture en quasi-direct des violences urbaines. Rien qu’à Fortaleza, au nord du pays, 662 homicides ont été recensés sur les quatre premiers mois de l’année, un tiers de plus que sur la même période en 2012. A Sao Paulo, un récent sondage indiquait que 91% de la population vivait au quotidien avec un sentiment d’insécurité parfois nourri par le comportement… de la police militaire locale, qui a brutalement réprimé, jeudi soir, une manifestation contre la hausse des tarifs dans les transports publics.

(Source : L'Equipe)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.