La Confédération internationale des syndicats (CSI-ITUC) a jugé mardi
"faible et décevante" la réponse des autorités qataries concernant la
sécurité des travailleurs immigrés sur les chantiers de construction en
vue de la Coupe du monde de football 2022.
Selon la Confédération
syndicale, au rythme actuel des décès sur les chantiers au Qatar
(qu'elle estime à 400 par an), au moins 4.000 ouvriers pourraient mourir
dans l'Emirat avant même le coup d'envoi de cette Coupe du monde 2022.
"La
frénésie des constructions en vue de la Coupe du monde de football
risque de coûter la vie à au moins 4.000 travailleurs au cours des sept
prochaines années si des dispositions ne sont pas prises pour garantir
des droits aux travailleurs migrants", s'est insurgée Sharan Burrow, la
secrétaire générale de la Confédération syndicale qui rassemble les
syndicats de 156 pays.
Réagissant lundi à cette déclaration, Ali Al-Marri, président
du comité national des droits de l'Homme (gouvernemental) a reconnu
qu'il y avait "quelques problèmes, du fait qu'il y a dans le pays plus
de 44.000 entreprises", mais assuré que les autorités déployaient "des
efforts constants pour les régler". Il a promis d'augmenter le nombre
d'inspecteurs du travail.
"Il y a déjà des inspecteurs du travail
et ils n'ont aucun impact. Ce qui est nécessaire ce sont des lois qui
protègent les droits des travailleurs à adhérer à un syndicat, de
négocier collectivement et de refuser un travail dangereux, et alors
seulement, les inspecteurs pourront faire leur travail", a affirmé Mme
Burrow dans un communiqué publié à Bruxelles.
"Les lois au Qatar
donnent aux employeurs un contrôle total sur les travailleurs. En
conséquence, aucun travailleur ne peut se sentir capable de parler
librement à un inspecteur du travail ", a-t-elle ajouté.
La
Confédération a déposé par ailleurs un dossier auprès de l'Organisation
internationale du Travail (OIT) à Genève pour dénoncer le système de
visa de travail imposé aux travailleurs migrants et qui, selon Mme
Burrow, "permet aux employeurs d'utiliser le travail forcé".
Dans
le secteur de la construction, les blessures entraînant la mort sont
huit fois plus fréquentes au Qatar que dans d'autres pays affichant un
niveau de richesse comparable, a estimé la Confédération.
"Malgré
plus de deux années d'entretiens et de demandes instantes auprès de la
FIFA et des autorités du Qatar, celles-ci n'ont pas pris la moindre
mesure concrète pour garantir les droits fondamentaux inscrits dans le
droit international", a déploré Mme Burrow.
(AFP)
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