Didier Lehenaff, ancien président de la Fédération européenne de triathlon, a tout plaqué pour veiller sur la santé de la planète. Aujourd’hui, à 53 ans, il cherche un terrain en Lorraine pour lancer ses écogames.
Didier Lehenaff, d’où vient votre passion pour l’écologie ?
J’avais envie d’être utile. En 2008, j’ai tout quitté, l’Insep où j’étais chercheur et conférencier mais aussi Paris. Je vis aujourd’hui au Brésil. J’ai créé SVPlanète, une association pour repenser le sport. Aujourd’hui, la plupart des organisateurs de manifestations sportives sont là pour faire des ronds. Certaines pratiques sont à vomir. Vous connaissez les trois événements les plus polluants ? Le Dakar, le marathon de Paris et le Tour de France. Bravo ASO ! Je suis là pour faire prendre conscience aux gens qu’on peut faire du sport sans polluer.
Vous n’allez pas vous faire que des amis…
Le Dakar pèse 50 millions d’euros et ne verse que 100.000 euros maxi à des associations locales. C’est bien dommage. Savez-vous que lors du marathon de Paris, il y a 500 000 bouteilles de plastique consommées en six heures ? Celui de New York, c’est plus de 2 millions de gobelets. Ça me révolte !
Vous ne voulez tout de même pas interdire aux coureurs de boire ?
Non mais il y a des centaines de solutions. A Paris, par exemple, l’eau du robinet est potable. Pourquoi ne pas la stocker dans des jerricanes et la proposer dans des verres biodégradables ? Sur n’importe quelle course, il y a un gâchis d’eau monstrueux alors qu’un tiers de la planète est en stress hydrique.
Comment souhaitez-vous changer les mentalités ?
Il y a trois types de réactions face au développement durable : ceux qui ne se sentent pas concernés, ceux qui se renseignent mais qui ne trieront leurs déchets que s’ils y trouvent un intérêt économique et ceux qui sont responsables. Le combat ne fait que commencer.
Vous avez pratiqué pendant vingt ans le triathlon, un sport réputé de consommation. Les cordonniers seraient-ils les plus mal chaussés ?
Pendant deux décennies, j’ai été absent 47 week-ends par an. J’ai visité 82 pays et consommé plus de 200 tonnes de CO2. Tous mes déplacements étaient-ils vraiment obligatoires ? On ne peut pas être éco-citoyen à mi-temps. Personnellement, j’ai arrêté de consommer depuis. Je suis, avant d’avoir. Le paraître ne m’importe plus.
Vous ne vivez tout de même pas d’amour et d’eau fraîche ?
Non mais je porte toujours les mêmes habits. Je n’ai pas de voiture. Je prends les transports en commun : la pirogue, le skateboard, le cheval. Je mange exclusivement bio. C’est certes plus cher mais je mange mieux et moins. Il y a huit ans, je me suis engagé à ramasser un déchet par jour. Si chaque Français faisait comme moi, on ramasserait 20 milliards d’ordures par an.
Parlez-nous de vos écogames.
C’est un événement sportif qui se déroule sur un week-end ou plusieurs jours. L’objectif n’est pas de coloniser des lieux pour y installer nos manifestations. C’est l’environnement qui décide des pratiques, pas l’inverse. Nous en avons déjà organisé une soixantaine depuis 2008, surtout au Brésil. En France, la Normandie, la Bourgogne et l’Aquitaine jouent le jeu.
Et vous aimeriez trouver un terrain et des passionnés en Lorraine ?
Bien sûr ! Qu’ils viennent me voir. J’aimerais qu’un amoureux de son territoire décroche son téléphone pour qu’on organise quelque chose dans l’Est. Peu importe le nombre de participants. Je préfère 100 inscrits motivés pour faire changer les choses plutôt que 1000 qui ne se sentent pas concernés.
Quelles pratiques seraient au programme ?
Selon les terrains proposés, on avisera. Si on peut éviter les arches de départ, les chronos électriques, les tribunes en dur... J’aime faire avec l’existant. Le départ d’une course peut être un arbre qui penche, l’arrivée une corde au sol. Je ne suis pas fou, je suis juste passionné !
http://eco-games.over-blog.com/
(Le Républicain lorrain)
J'approuve!!!! bravo
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