dimanche 16 février 2014

A quel prix les candidates PS et UMP à la mairie de Paris pourraient-elles vendre le Parc des princes ?

Si les deux principales candidates à la mairie de Paris ne sont pas opposées à une vente du stade qui héberge le SG, celle-ci serait cependant délicate à mettre en pratique.

C’EST UN DES RARES SUJETS sur lequel elles sont d’accord. Dans L’Équipe du 4 février, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, candidates PS et UMP aux prochaines élections municipales à Paris (23 et 30 mars), se sont déclarées prêtes à envisager la vente du Parc des Princes. Propriété de la ville, il deviendrait celle de Qatar Sport Investments (QSI), actuel détenteur du PSG. La transaction offrirait une rentrée d’argent frais à la municipalité et lui économiserait les coûts d’entretien (estimés à un million d’euros par an). QSI verrait de son côté ses projets de rénovation du Parc facilités et se délesterait de la redevance payée annuellement à la mairie. Mais un tel changement de propriétaire reste une perspective lointaine, car sa mise en oeuvre soulèverait de nombreuses difficultés. «D’abord, il faudrait déclasser le stade du domaine public, en démontrant que cette vente n’affecterait pas le service public, explique Patrick Bayeux, qui réalise des missions d'assistance à maîtrise d'ouvrage auprès des collectivités locales. Une telle procédure susciterait un vrai débat politique.» Et surtout la municipalité devrait répondre à une question délicate : combien vaut le Parc aujourd’hui ? Cyril Cartron, conseiller technique à la mairie de Paris dans le domaine du sport, interrogé sur le sujet, avoue sa perplexité. «Si la situation se présentait, il faudrait faire plancher les directions de l’urbanisme et des finances de la mairie pour déterminer un prix. On ferait aussi appel à des cabinets spécialisés dans les transactions immobilières.»
Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons sollicité deux analystes de l’un de ces cabinets (Cushman&Wakefield), Laurent Conrad et Rodolphe Lebas. «Déterminer ce prix serait très complexe, confirment-ils. Le cadre juridique caractérisant la propriété et l’exploitation de ce type d’équipement constitue notamment un obstacle de taille. Et il n’existe pas aujourd’hui en France de marché de transactions comparables.» Les économistes du sport, sollicités sur l’élaboration des critères à prendre en compte pour établir le prix du Parc, ont multiplié les réponses... divergentes. Pour certains, il faut se baser sur le prix de l’immobilier dans le XVIe arrondissement parisien (où l’enceinte est localisée), pour d’autres sur le coût de la reconstruction du stade (90 millions de francs de 1972, soit 85 millions d’euros actuels). Mais, selon Olivier Monna, responsable d'une formation de stadium manager pour le Centre de droit et d'économie du sport, «il faut privilégier une approche économique et se dire “grâce à cet outil, quel business fait le PSG?” ». La question n’est pas anodine : le club parisien a engrangé la saison dernière, selon le cabinet Deloitte, 53,2 millions d’euros de recettes tirées de la billetterie et de services au stade. Mais une fois tous ces paramètres pris en compte, aucun de nos experts ne s’est avancé à donner un prix pour le Parc. Seul l’un d’eux s’est risqué à un rapide calcul, livré en off. «Quand on construit un stade neuf, on dit qu’une place coûte environ 7.000 euros. Si tu multiplies ce chiffre par le nombre de places du Parc (47.000), ça donne 330 M€. Ensuite, tu retires les 75M€ de travaux que le PSG va faire d’ici à l’Euro 2016 et tu divises le total par deux, compte tenu de la vétusté du stade. Tu obtiens environ 130M€. Pour moi, le prix du Parc se situe dans ces eaux-là. » Une estimation qui fait bondir le professeur d’économie Pierre Chaix, qui a coordonné l’ouvrage les Grands Stades (L’Harmattan, 2011). «Vous rigolez ou quoi ? Depuis quarante ans, ce stade s’est beaucoup déprécié et, aujourd’hui, la mairie serait incapable d’avancer les cent millions d’euros nécessaires pour le rénover complètement. Il n’y a que QSI qui peut mettre cet argent sur la table. Pour moi, la valeur du Parc se situe plutôt du côté de l’euro symbolique. » À ce prix-là, il n’est pas certain qu’Anne Hidalgo ou Nathalie Kosciusko-Morizet soient encore prêtes à vendre.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.