Luzenac, village de 650 habitants niché sur les rives de l'Ariège,
est devenu vendredi, sous la conduite du champion du monde Fabien
Barthez, le plus petit club à jamais accéder à la Ligue 2, un vrai défi.
Personne
n'attendait à pareille fête les "blauroge" (bleu et rouge, en occitan),
sauvés de justesse de la relégation en CFA au printemps 2013. Surtout
pas le club lui-même, arrivé en National en 2009 et qui ne sait pas
encore dans quel stade il évoluera la saison prochaine.
Si Luzenac
est désormais connu pour autre chose que sa carrière de talc, la plus
grande du monde, il le doit à deux hommes: le promoteur immobilier
Jérôme Ducros et l'ancien champion du monde Fabien Barthez.
Devenu
Luzenac Ariège Pyrénées (LAP) la saison passée, la formation connaît
une professionnalisation fulgurante et l'arrivée de Jérôme Ducros, qui
fait alors appel à son ami Fabien Barthez, natif de Lavelanet (Ariège).
Barthez
avait d'abord accepté un poste d'honneur quand Jérôme Ducros avait
sauvé le club en 2011, avant de s'y consacrer de plus en plus pour
devenir directeur général cet hiver. Le "Divin chauve" a monté le staff
médical, s'investit dans le recrutement et vient régulièrement dispenser
ses conseils.
La L2 est un lourd défi pour un club dont le budget était de 2,5 millions d'euros cette année et qui part de rien ou presque en terme d'infrastructures.
A
Luzenac même, le siège historique du LAP est survolé par les blocs de
talc qui descendent de la carrière en téléphérique. Il jouxte le stade,
coincé entre l'usine et la montagne. A deux pas du cimetière, d'une
libraire-papeterie et d'une épicerie, toutes deux fermées. Pas le
meilleur endroit pour attirer des joueurs, même au coeur du joli paysage
pyrénéen.
"Je n'avais jamais entendu parler de Luzenac", se
souvient Ande Dona Ndoh, à propos de son premier passage en Ariège, en
prêt en 2009.
"Dans la voiture, je disais à mon agent: +Mais où tu
m'emmènes?+ Même lui, il ne savait pas trop, sourit l'actuel meilleur
marqueur de National (21 buts). On est arrivé à 4 heures dans la nuit.
Le matin, j'étais surpris. J'ai passé deux semaines à Luzenac, après, je
ne pouvais plus".
Heureusement pour le LAP, faute
d'installations, les joueurs s'entraînent au son des oiseaux au
champêtre siège de la Ligue Midi-Pyrénées de football, à Castelmaurou
(Haute-Garonne), dans la banlieue de Toulouse.
Le club y loue les
installations et a installé un préfabriqué qui fait office de salle à
manger et de bureau pour l'entraîneur Christophe Pélissier. Au
printemps, la vie y est belle, l'hiver un peu moins, confie un bénévole
du club. Mais Castelmaurou reste un atout, car tous les joueurs vivent
dans la région toulousaine.
"La vie est belle, on vit super bien, le groupe est super sympa,
explique l'un des cadres de l'équipe, Julien Outrebon, 30 ans, passé par
Troyes (L1/L2): "Je voulais du plaisir et du temps de jeu. Ici, on m'a
donné de la confiance. Et la région m'a plu. Je m'épanouis. Je n'ai
jamais connu autant de plaisir."
L'histoire du LAP continue de
s'écrire le long de la RN20, à Foix, où l'équipe a joué cette saison. A
près de 100 km de Castelmaurou et plus de 35 km de Luzenac.
Mais
le stade Jean-Noël-Fondère n'est pas homologué pour la L2. D'importants
travaux seraient nécessaires pour mettre l'enceinte aux normes du
football professionnel. Aucune dérogation n'est possible, admet-on au
LAP: il faudrait y refaire les éclairages, la sécurité, une tribune de
presse, etc.
Le club ignore encore s'il jouera à Foix, Toulouse,
qui dispose avec le Stadium du seul stade de la région homologué par la
LFP, ou ailleurs.
"Le ballon est dans le camp des élus. Ils ont
été pris de cours par la L2. Ils doivent réagir, estime l'un des
dirigeants historiques", Henri Lacaze, avant d'espérer un coup de pouce:
"Et puis, le président du Sénat (Jean-Pierre Bel) est Ariégeois, non?"
(AFP)
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