Le Tour de France, comme le Giro en mai,
exporte son "Grand départ" au Royaume-Uni, samedi à Leeds, dans un mouvement de
fond qui touche les grands Tours mais se heurte inévitablement aux distances.
Pour la vingtième fois depuis 1954, la cinquième depuis 2007 et le
monumental coup d'envoi à Londres, le Tour part hors de France. A la grande
satisfaction des pays visités et à l'incompréhension traditionnelle du public
français, attaché à l'idée ancestrale d'une course épousant les contours de
l'hexagone.
Quelles raisons poussent les organisateurs à partir hors des frontières?
"Nous allons chercher d'abord la passion, répond le directeur du Tour,
Christian Prudhomme. Le Yorkshire nous attend de manière extraordinaire. Des
maisons sont repeintes en jaune, en blanc avec des pois rouges, des pubs sont
débaptisés d'anglais en français, la ferveur et l'enthousiasme sont partout".
"Le départ de Londres en 2007 était inoubliable. Le chiffre officiel de la
police, que nous ne contestons pas, est de 2 millions de personnes sur les 8
kilomètres du prologue et les 180 kilomètres de Londres à Canterbury. Et, à
l'époque, il n'y avait pas de champions britanniques sur la route!",
s'amuse-t-il.
Au-delà de la popularité de la course, indéniable, le facteur économique
s'impose aux organisateurs. Le Giro lui aussi a cédé à l'attrait de rentrées
financières supplémentaires -le ticket d'entrée est généralement plus élevé à
l'étranger- et de perspectives de développement marketing.
Le Tour d'Italie est parti d'une petite ville du Danemark en 2012 (Herning)
puis de Belfast en mai dernier. Le Tour de Pologne a commencé l'été dernier
dans les Dolomites italiennes. Le Tour d'Espagne, qui pourrait démarrer en 2017
de France (Nîmes), s'est déjà élancé des Pays-Bas par le passé.
Tout semble possible à une hypothèse, à moyen terme, d'un départ du Giro
à... Dubaï, au Moyen-Orient. Ses organisateurs préfèrent pour l'instant botter
en touche devant cette éventualité, qui les intéresse fortement.
"Il y a bien sûr des limites", affirme Christian Prudhomme, conscient des
problèmes logistiques et techniques posés par les distances et, le cas échéant,
les décalages horaires qui sollicitent les organismes des coureurs.
"Pour moi, explique-t-il, il faut que les coureurs puissent rentrer à vélo
à l'intérieur des frontières françaises, à l'exception d'une traversée de la
Manche ou de la Méditerranée, comme pour la Corse l'an dernier, que ce soit un
vol très court. Grosso modo, je nous vois mal aller à plus de 700-800
kilomètres des frontières françaises".
Les perspectives les plus lointaines s'avèrent dès lors irréalisables.
Ainsi la candidature japonaise, voici quelques années, pour organiser le
prologue du Tour au coeur de Tokyo, près du palais impérial.
Un départ du Tour hors d'Europe est-il impossible? "Aujourd'hui, c'est très
compliqué, répond son directeur. Je ne dis pas impossible parce que d'une part
il ne faut jamais dire jamais, et d'autre part cela dépend de la ferveur, de
l'enthousiasme. Un pays comme l'Australie mériterait un Grand départ du Tour.
Il y a l'enthousiasme, les champions, les courses et même une équipe.
Malheureusement, c'est trop loin".
(AFP)
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