"C'est triste et désolant": Philippe Guerdat, le sélectionneur suisse
de l'équipe de France de saut d'obstacles, constate avec amertume que
le championnat national va se dérouler, de jeudi à dimanche sur le Grand
Parquet de Fontainebleau, sans aucun des quatre vice-champions du monde
de Caen.
Kevin Staut, Simon Delestre et Patrice Delaveau,
également médaillé d'argent individuel au stade d'Ornano, sont à Los
Angeles pour la première édition d'un concours doté d'un million de
dollars (780.000 euros).
C'est dix fois plus que l'allocation du championnat Pro Elite sur le terrain en herbe et en déclivité du Grand Parquet.
M.
Guerdat a beau connaître la réalité économique, il n'arrive pas à se
résoudre à cette situation qui perdure depuis une dizaine d'années.
D'autant que Pénélope Leprévost, autre membre du quatuor en argent aux
Jeux équestres mondiaux (JEM), a déclaré forfait lundi avec le
prometteur Vagabond de la Pomme.
Contactée
par l'AFP, Emmanuèle Perron Pette, propriétaire du Haras des Coudrettes
(HDC) dans le Calvados, entend resituer le problème dans son contexte.
La chef d'entreprise souligne ainsi les efforts et sacrifices consentis
"au service de la nation".
Pour permettre aux couples tricolores
d'aborder les JEM dans les meilleures dispositions, propriétaires et
cavaliers ont joué, rappelle-t-elle, "le jeu du patriotisme national",
en acceptant de limiter les sorties en compétitions des chevaux, au
détriment évidemment des recettes. Les Mondiaux passés, la course aux
riches allocations des circuits majeurs (Global Champions Tour,
Mastersgrandslam) est donc rouverte, pour équilibrer les comptes.
Et
ce n'est pas qu'un problème financier. Orient Express HDC, le crack
monté par Delaveau, "a mérité un repos de deux mois", ajoute Mme Perron
Pette.
"Le titre de champion de France a perdu
beaucoup de sa valeur", constate Michel Robert, quintuple lauréat de la
compétition, un record. Le Rhônalpin se souvient d'une époque où "les
meilleurs étaient là, parce qu'on sortait aussi très peu à l'étranger".
Président de la fédération française d'équitation (FFE), Serge Lecomte estime qu'il s'agit d'un
faux débat. Et d'expliquer: "Pour un Staut, un Delaveau, le championnat
de France n'est pas un enjeu. Si les meilleurs étaient là, ça
découragerait les autres. Le vrai championnat, c'est le circuit du Grand
National. Le championnat pourrait constituer la finale de ce circuit.
C'est ce qu'on va faire en concours complet".
D'autres sont
partisans d'inclure le championnat, si possible en début de saison en
plein air (mai-juin), dans le cadre d'un concours de saut international
(CSI). "Les deux manches du Grand Prix servant alors de finale", avance
Simon Delestre.
Les Néerlandais, champions du monde, ont mis en
pratique cette idée. Les Belges, eux, disputent leur compétition
nationale lors du championnnat du monde des jeunes chevaux à Lanaken.
Une
réalité saute aux yeux. En Allemagne, le titre national, décerné en
juin, recèle une grande valeur symbolique. "C'est un honneur d'y
participer et une fierté de gagner", note Ludger Beerbaum, quadruple
champion olympique.
Champion olympique à Londres et fils de Philippe, Steve Guerdat a rarement manqué le rendez-vous du championnat de Suisse.
(AFP)
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