jeudi 25 septembre 2014

Championnat de France de saut d'obstacles : Grand Parquet, morne déclivité

"C'est triste et désolant": Philippe Guerdat, le sélectionneur suisse de l'équipe de France de saut d'obstacles, constate avec amertume que le championnat national va se dérouler, de jeudi à dimanche sur le Grand Parquet de Fontainebleau, sans aucun des quatre vice-champions du monde de Caen.

Kevin Staut, Simon Delestre et Patrice Delaveau, également médaillé d'argent individuel au stade d'Ornano, sont à Los Angeles pour la première édition d'un concours doté d'un million de dollars (780.000 euros).
C'est dix fois plus que l'allocation du championnat Pro Elite sur le terrain en herbe et en déclivité du Grand Parquet.
M. Guerdat a beau connaître la réalité économique, il n'arrive pas à se résoudre à cette situation qui perdure depuis une dizaine d'années. D'autant que Pénélope Leprévost, autre membre du quatuor en argent aux Jeux équestres mondiaux (JEM), a déclaré forfait lundi avec le prometteur Vagabond de la Pomme.
Contactée par l'AFP, Emmanuèle Perron Pette, propriétaire du Haras des Coudrettes (HDC) dans le Calvados, entend resituer le problème dans son contexte. La chef d'entreprise souligne ainsi les efforts et sacrifices consentis "au service de la nation".
Pour permettre aux couples tricolores d'aborder les JEM dans les meilleures dispositions, propriétaires et cavaliers ont joué, rappelle-t-elle, "le jeu du patriotisme national", en acceptant de limiter les sorties en compétitions des chevaux, au détriment évidemment des recettes. Les Mondiaux passés, la course aux riches allocations des circuits majeurs (Global Champions Tour, Mastersgrandslam) est donc rouverte, pour équilibrer les comptes.
Et ce n'est pas qu'un problème financier. Orient Express HDC, le crack monté par Delaveau, "a mérité un repos de deux mois", ajoute Mme Perron Pette.
"Le titre de champion de France a perdu beaucoup de sa valeur", constate Michel Robert, quintuple lauréat de la compétition, un record. Le Rhônalpin se souvient d'une époque où "les meilleurs étaient là, parce qu'on sortait aussi très peu à l'étranger".
Président de la fédération française d'équitation (FFE), Serge Lecomte estime qu'il s'agit d'un faux débat. Et d'expliquer: "Pour un Staut, un Delaveau, le championnat de France n'est pas un enjeu. Si les meilleurs étaient là, ça découragerait les autres. Le vrai championnat, c'est le circuit du Grand National. Le championnat pourrait constituer la finale de ce circuit. C'est ce qu'on va faire en concours complet".
D'autres sont partisans d'inclure le championnat, si possible en début de saison en plein air (mai-juin), dans le cadre d'un concours de saut international (CSI). "Les deux manches du Grand Prix servant alors de finale", avance Simon Delestre.
Les Néerlandais, champions du monde, ont mis en pratique cette idée. Les Belges, eux, disputent leur compétition nationale lors du championnnat du monde des jeunes chevaux à Lanaken.
Une réalité saute aux yeux. En Allemagne, le titre national, décerné en juin, recèle une grande valeur symbolique. "C'est un honneur d'y participer et une fierté de gagner", note Ludger Beerbaum, quadruple champion olympique.
Champion olympique à Londres et fils de Philippe, Steve Guerdat a rarement manqué le rendez-vous du championnat de Suisse.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.