Avec l'appui de stars de Bollywood, de grands noms du cricket et une
campagne marketing habile, la nouvelle ligue indienne de football, qui
débute dimanche, espère percer dans un pays tout entier acquis au
cricket.
Mais l'Indian Super League (ISL), qui a réussi à attirer
une brochette de vieilles gloires du ballon rond comme Nicolas Anelka ou
Robert Pirès, suscite aussi une dose de scepticisme.
"Il s'agit
de +has-been+ qui sont bien loin du sommet de leur carrière", estime
Dave Chattaway, du cabinet de conseil en marketing britannique Brand
Finance.
"Vous ne pouvez pas vous contenter de mettre sur le
terrain un joueur connu pendant les 20 dernières minutes et le laisser
taper un peu dans la balle", ajoute Chatteway, qui évalue les différents
championnats nationaux.
"Il doit s'agir d'un sport de haut-niveau, très compétitif, pour attirer les foules", ajoute-t-il tout en espérant son succès.
Bâtie sur le modèle de la ligue indienne de cricket, l'ISL réunit huit franchises établies dans de grandes villes et dotées chacune d'un "marquee player", une recrue étrangère de
dimension internationale, qui vont disputer un mini-championnat sur deux
mois.
Les propriétaires de ces clubs vont de l'icône du cricket
récemment retraitée Sachin Tendukar, aux stars de Bollywood Salman Khan
et Ranbir Kapoor. Le capitaine de la sélection indienne de cricket,
Mahendra Singh Dhoni, a aussi annoncé s'être associé au club de Chennai
pour soutenir la création d'un "football de classe mondiale" en Inde.
Star TV, propriété de Rupert
Murdoch, va diffuser la compétition avec le soutien du géant du
marketing sportif IMG et le conglomérat indien Reliance Industries du
milliardaire Mukesh Ambani.
Propriétaires des franchises et
organisateurs espèrent attirer les classes moyennes et les plus jeunes
dans les stades mais également leur vendre des produits dérivés et in
fine susciter leur appétit pour le foot indien à long terme.
L'appétit des Indiens pour le foot à la télévision se cantonne surtout à la Premier League anglaise et à la Liga espagnole.
L'ancien
entraîneur de Manchester City et de Sunderland Peter Reid, qui a pris
les commandes de l'équipe de Bombay, estime que l'Inde recèle un
potentiel immense pour le foot, prenant exemple de sa percée aux
Etats-Unis.
"Je sais que l'Inde est folle de cricket et je le suis
aussi mais il y a de la place pour le football également, sans aucun
doute", a-t-il dit récemment à des journalistes.
L'ancien
international suédois Fredrik Ljungberg, qui a rejoint la franchise de
Bombay à 37 ans, espère que sa présence pourra donner un coup de pouce
au foot amateur.
"Ils me l'ont vendu en disant que les enfants
veulent jouer au foot à tout prix mais qu'il est difficile de trouver
des installations", a-t-il dit.
La passion existe depuis longtemps
dans certaines régions comme Goa mais le championnat national attire
peu et la sélection indienne se traîne au 158e rang mondial, derrière la
Syrie et l'Afghanistan.
L'Inde a ainsi perdu face à la Palestine (2-3) cette semaine en
amical et son sélectionneur n'a pas renouvelé son contrat mais
l'information a eu peu d'écho.
"Personne n'a diffusé le match.
L'Inde est un géant endormi (du football) qui le reste", estime auprès
de l'AFP Novy Kapadia, écrivain spécialiste du football, en référence à
une métaphore utilisée par le président de la Fifa, Sepp Blatter.
Pour
Kapadia, l'absence de financement pour les stades, les terrains
d'entraînement et les centres de formation empêche tout développement.
A Calcutta, où va se jouer dimanche le premier match de l'ISL entre l'équipe de la ville et Bombay, les réactions sont contrastées.
"Calcutta
a un passé de football. Nous espérons que l'ISL va permettre de
développer le jeu", dit Nadir Akhtar Khan, 18 ans, impatient de voir ce
premier match tout en étant incapable de citer le nom d'un joueur.
"Nous regardons Barcelone et Messi à la TV", ajoute l'étudiant, depuis le bord d'un terrain.
Mais
pour Mohammed Mahaboob Alam, 15 ans, et ses amis en train de disputer
un match à proximité, l'ISL ne leur évoque rien: "Je n'en ai jamais
entendu parler. Nous jouons au cricket".
(AFP)
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