lundi 13 octobre 2014

Inde: glamour et scepticisme pour la nouvelle ligue de foot

Avec l'appui de stars de Bollywood, de grands noms du cricket et une campagne marketing habile, la nouvelle ligue indienne de football, qui débute dimanche, espère percer dans un pays tout entier acquis au cricket.

Mais l'Indian Super League (ISL), qui a réussi à attirer une brochette de vieilles gloires du ballon rond comme Nicolas Anelka ou Robert Pirès, suscite aussi une dose de scepticisme.
"Il s'agit de +has-been+ qui sont bien loin du sommet de leur carrière", estime Dave Chattaway, du cabinet de conseil en marketing britannique Brand Finance.
"Vous ne pouvez pas vous contenter de mettre sur le terrain un joueur connu pendant les 20 dernières minutes et le laisser taper un peu dans la balle", ajoute Chatteway, qui évalue les différents championnats nationaux.
"Il doit s'agir d'un sport de haut-niveau, très compétitif, pour attirer les foules", ajoute-t-il tout en espérant son succès.
Bâtie sur le modèle de la ligue indienne de cricket, l'ISL réunit huit franchises établies dans de grandes villes et dotées chacune d'un "marquee player", une recrue étrangère de dimension internationale, qui vont disputer un mini-championnat sur deux mois.
Les propriétaires de ces clubs vont de l'icône du cricket récemment retraitée Sachin Tendukar, aux stars de Bollywood Salman Khan et Ranbir Kapoor. Le capitaine de la sélection indienne de cricket, Mahendra Singh Dhoni, a aussi annoncé s'être associé au club de Chennai pour soutenir la création d'un "football de classe mondiale" en Inde.
Star TV, propriété de Rupert Murdoch, va diffuser la compétition avec le soutien du géant du marketing sportif IMG et le conglomérat indien Reliance Industries du milliardaire Mukesh Ambani.
Propriétaires des franchises et organisateurs espèrent attirer les classes moyennes et les plus jeunes dans les stades mais également leur vendre des produits dérivés et in fine susciter leur appétit pour le foot indien à long terme.
L'appétit des Indiens pour le foot à la télévision se cantonne surtout à la Premier League anglaise et à la Liga espagnole.
L'ancien entraîneur de Manchester City et de Sunderland Peter Reid, qui a pris les commandes de l'équipe de Bombay, estime que l'Inde recèle un potentiel immense pour le foot, prenant exemple de sa percée aux Etats-Unis.
"Je sais que l'Inde est folle de cricket et je le suis aussi mais il y a de la place pour le football également, sans aucun doute", a-t-il dit récemment à des journalistes.
L'ancien international suédois Fredrik Ljungberg, qui a rejoint la franchise de Bombay à 37 ans, espère que sa présence pourra donner un coup de pouce au foot amateur.
"Ils me l'ont vendu en disant que les enfants veulent jouer au foot à tout prix mais qu'il est difficile de trouver des installations", a-t-il dit.
La passion existe depuis longtemps dans certaines régions comme Goa mais le championnat national attire peu et la sélection indienne se traîne au 158e rang mondial, derrière la Syrie et l'Afghanistan.
L'Inde a ainsi perdu face à la Palestine (2-3) cette semaine en amical et son sélectionneur n'a pas renouvelé son contrat mais l'information a eu peu d'écho.
"Personne n'a diffusé le match. L'Inde est un géant endormi (du football) qui le reste", estime auprès de l'AFP Novy Kapadia, écrivain spécialiste du football, en référence à une métaphore utilisée par le président de la Fifa, Sepp Blatter.
Pour Kapadia, l'absence de financement pour les stades, les terrains d'entraînement et les centres de formation empêche tout développement.
A Calcutta, où va se jouer dimanche le premier match de l'ISL entre l'équipe de la ville et Bombay, les réactions sont contrastées.
"Calcutta a un passé de football. Nous espérons que l'ISL va permettre de développer le jeu", dit Nadir Akhtar Khan, 18 ans, impatient de voir ce premier match tout en étant incapable de citer le nom d'un joueur.
"Nous regardons Barcelone et Messi à la TV", ajoute l'étudiant, depuis le bord d'un terrain.
Mais pour Mohammed Mahaboob Alam, 15 ans, et ses amis en train de disputer un match à proximité, l'ISL ne leur évoque rien: "Je n'en ai jamais entendu parler. Nous jouons au cricket".

(AFP) 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.