Le retrait de la candidature d'Oslo --pourtant grand favori -- à
l'organisation des JO d'hiver 2022 est un avertissement cinglant pour le
CIO, coupable sans doute d'avoir négligé, voire alimenté, la crainte de
certains pays envers les dépenses à engager pour accueillir les jeux
Olympiques.
Le Parti conservateur, le plus important au Parlement
norvégien, a en effet mis un terme définitif aux espoirs des promoteurs
d'une candidature déjà fragile, en votant mercredi soir contre l'octroi
d'une garantie financière.
"C'est l'effet Sotchi!", expliquait
récemment au site FrancJeux Gian-Franco Kasper, président de la
fédération internationale de ski (FIS), défenseur de la candidature
norvégienne qu'il voyait alors malmenée. "En Europe notamment, les gens
n'ont pas tous réalisé que le plus gros des dépenses des derniers Jeux
d'hiver (37 milliards d'euros) a été consacré à des infrastructures
durables" dont Oslo n'aurait pas eu besoin pour 2022.
Et pour
cause, le budget envisagé par la ville hôte des JO d'été de 1952 ne se
montait qu'à 4,3 Md EUR. Qu'importe! La distinction entre le budget
consacré aux infrastructures parallèles (routes, chemins de fer,
aéroports, logements...) et celui du comité d'organisation des JO n'a
pas été suffisamment explicitée par le CIO et les partisans des Jeux
pour convaincre, en Norvège, une population hostile aux deux tiers à la
candidature pour 2022 -- dans des sondages de fin août.
Et malgré le succès des JO de Lillehammer, en 1994, les Norvégiens ne misent pas sur les Jeux pour développer leur économie.
Renvoyé
à un duel entre les deux outsiders asiatiques (Pékin et Almaty au
Kazakhstan) alors que les JO de 2018 et 2020 se dérouleront déjà en Asie
(à Pyeongchang et Tokyo), le CIO n'a pas caché sa colère, évoquant
l'"occasion manquée" par Oslo.
"Les politiques de haut rang en
Norvège (...) ont dû prendre leurs décisions sur la base de demi-vérités
et d'inexactitudes factuelles", a déploré Christophe Dubi, directeur
exécutif du CIO qui avait, ces dernières semaines, fait les yeux doux à
la candidature européenne, lui promettant 700 millions d'euros en plus
de recettes marketing estimées à plus de 150 millions.
Une
déception d'autant plus marquée au CIO que la défection d'Oslo, capitale
de l'un des pays les plus prospères au monde, fait suite à celles de
Munich, Davos, Stockholm et Barcelone, toutes pour des raisons
économiques, à l'heure où l'institution olympique tente de freiner la
fuite en avant financière des Jeux et d'inscrire le principe de
modération dans l'Agenda 2020 qui devrait être adopté en décembre
prochain. L'année de Sotchi et des jeux de la Jeunesse de Nankin, aussi
dispendieux que de "vrais" JO.
"Il est vrai que nous vivons
une crise économique qui légitime des questions sur le financement des
projets", a admis jeudi Thomas Bach, président du CIO, tout en
repoussant, dans une interview à SID, filiale de l'AFP, l'idée que le
retrait d'Oslo affaiblirait le mouvement olympique. "Il n'y a pas de
souci à se faire, ni pour les JO, ni pour le CIO."
Il n'empêche,
une finale à deux, qui plus est entre deux concurrents dont le respect
des droits de l'homme n'est pas le point fort, est de mauvais augure.
Candidats
réguliers aux JO, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, le Qatar, la Chine, la
Russie, ont financièrement les reins assez solides pour s'offrir les
Jeux et une opinion publique qui, à l'inverse des pays plus
traditionnels, n'a pas les moyens ni la volonté de s'opposer.
"La
difficulté des pays matures, c'est de mobiliser la population, de ne pas
donner d'espace à cette minorité tapageuse qui critique les Jeux",
analyse un expert, engagé auprès du CIO. "Les candidatures communiquent
traditionnellement vers l'extérieur, l'étranger. Depuis l'explosion
d'internet et des réseaux sociaux, parce qu'un petit groupe peut se
donner beaucoup d'importance, il faut d'abord communiquer vers les
habitants de son propre pays", reprend-il.
A ce titre, le forfait
d'Oslo, donné gagnant avant même la bataille, devrait faire réfléchir
les défenseurs d'une candidature parisienne pour les JO-2024 qui n'ont
pas encore obtenu l'aval des autorités municipales de la capitale, elles-même soucieuses de la réaction des Parisiens...
Car une candidature olympique commence par de la pédagogie.
(AFP)
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