vendredi 10 octobre 2014

La Seine-Saint-Denis, laboratoire de la lutte contre l'obésité

Sport, cours de cuisine, incitation aux déplacements à pied: la Seine-Saint-Denis, où 20% de la population est obèse, cherche à lutter contre cette maladie en pleine croissance depuis dix ans dans les territoires les plus précarisés.

Peu de pistes cyclables, manque de commerces de proximité, sentiment d'insécurité. Dans la cité Floréal à Saint-Denis, l'environnement urbain n'invite pas à la promenade. Beaucoup disent mal connaître les équipements sportifs et les jugent trop chers. Et dans ce quartier où vivent 34,5% de familles monoparentales, le temps libre est souvent accaparé par la garde des enfants.
Exemple type du quartier "difficile", où les facteurs aggravant la sédentarité - l'une des principales causes de l'obésité - s'additionnent, Floréal a été sélectionné comme témoin par la Direction générale de la santé (DGS).
Cours de fitness en journée, parcours piéton balisés jusqu'au collège et vers le parc de la Courneuve - idéal pour le jogging - depuis l'été dernier, des solutions pratiques sont testées pour inciter à l'activité physique. Objectif: "voir ce qui marche et peut être reproduit ailleurs en France", explique Marjorie Painsecq, coordinatrice du programme.
En Seine-Saint-Denis, le pourcentage des personnes obèses a augmenté de 8 points en dix ans, contre 3 points à l'échelle nationale, détaille le docteur Hervé Le Clésiau, directeur du centre d'examens de santé de Bobigny.
En France, 15% de la population est obèse.
"Précarité, inactivité, sédentarité, malbouffe et nourriture riche au détriment des fruits et légumes qui coûtent chers", liste le professeur Jean-Marc Catheline, chirurgien de l'obésité depuis 15 ans à l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis, comme autant de facteurs expliquant ce triste score. Dans ce département où le taux de pauvreté est le plus important en France métropolitaine, "tout s'ajoute et s'imbrique", explique t-il.
La spécificité du 93, c'est aussi la diversité de sa population, poursuit le docteur Le Clésiau. Plus de 100 nationalités vivent dans le département.
"Ces différentes populations vont réagir différemment aux habitudes alimentaires occidentales et aux aliments saturés en sucres raffinés, certaines en développant un surpoids. D'autant plus qu'il s'agit souvent de personnes qui passent d'un environnement de disette à celui de la surabondance", précise t-il.
Face à ces chiffres, l'agence régionale de la santé (ARS) Ile-de-France a fait de la lutte contre l'obésité et ses complications, l'une de ses priorités depuis 2010, date à laquelle était lancé le plan national obésité.
Consultations gratuite de diététiciennes, ateliers culinaires "parents-enfants" ou suivi médico-psychologique des adolescents, à Saint-Denis, "40% du budget municipal dédié à la santé financé par l'ARS est consacré aux actions de lutte contre l'obésité", détaille Samira Guédichi de la Direction santé de la ville.
"La prise en charge de cette maladie est complexe, il faut agir à la fois sur la diététique, le psychologique, l'activité physique et maintenir le lien entre les professionnels", explique t-elle.
Dans le centre médico-sportif de la ville, un programme "sport-santé" lancé il y a trois par la médecin du sport Anne-Louise Avronsart, propose des activités adaptées aux personnes en surpoids.
"Quand on ne parle que de diététique, on est en échec, alors que combiné à l'activité physique, les résultats sont là", assure-t-elle. "L'activité physique, c'est un mode d'entrée dans la diététique. En pratiquant le sport, les patients sont dans une dynamique de changement, donc ils changent aussi leur façon de s'alimenter."

(AFP)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.