Sport, cours de cuisine, incitation aux déplacements à pied: la
Seine-Saint-Denis, où 20% de la population est obèse, cherche à lutter
contre cette maladie en pleine croissance depuis dix ans dans les
territoires les plus précarisés.
Peu de pistes cyclables, manque
de commerces de proximité, sentiment d'insécurité. Dans la cité Floréal à
Saint-Denis, l'environnement urbain n'invite pas à la promenade.
Beaucoup disent mal connaître les équipements sportifs et les jugent
trop chers. Et dans ce quartier où vivent 34,5% de familles
monoparentales, le temps libre est souvent accaparé par la garde des
enfants.
Exemple type du quartier "difficile", où les facteurs
aggravant la sédentarité - l'une des principales causes de l'obésité -
s'additionnent, Floréal a été sélectionné comme témoin par la Direction
générale de la santé (DGS).
Cours de fitness en journée, parcours
piéton balisés jusqu'au collège et vers le parc de la Courneuve - idéal
pour le jogging - depuis l'été dernier, des solutions pratiques sont
testées pour inciter à l'activité physique. Objectif: "voir ce qui
marche et peut être reproduit ailleurs en France", explique Marjorie
Painsecq, coordinatrice du programme.
En Seine-Saint-Denis, le
pourcentage des personnes obèses a augmenté de 8 points en dix ans,
contre 3 points à l'échelle nationale, détaille le docteur Hervé Le
Clésiau, directeur du centre d'examens de santé de Bobigny.
En France, 15% de la population est obèse.
"Précarité,
inactivité, sédentarité, malbouffe et nourriture riche au détriment des
fruits et légumes qui coûtent chers", liste le professeur Jean-Marc
Catheline, chirurgien de l'obésité depuis 15 ans à l'hôpital
Delafontaine de Saint-Denis, comme autant de facteurs expliquant ce
triste score. Dans ce département où le taux de pauvreté est le plus
important en France métropolitaine, "tout s'ajoute et s'imbrique",
explique t-il.
La spécificité du 93, c'est aussi la diversité de sa population,
poursuit le docteur Le Clésiau. Plus de 100 nationalités vivent dans le
département.
"Ces différentes populations vont réagir différemment
aux habitudes alimentaires occidentales et aux aliments saturés en
sucres raffinés, certaines en développant un surpoids. D'autant plus
qu'il s'agit souvent de personnes qui passent d'un environnement de
disette à celui de la surabondance", précise t-il.
Face à ces
chiffres, l'agence régionale de la santé (ARS) Ile-de-France a fait de
la lutte contre l'obésité et ses complications, l'une de ses priorités
depuis 2010, date à laquelle était lancé le plan national obésité.
Consultations
gratuite de diététiciennes, ateliers culinaires "parents-enfants" ou
suivi médico-psychologique des adolescents, à Saint-Denis, "40% du
budget municipal dédié à la santé financé par l'ARS est consacré aux
actions de lutte contre l'obésité", détaille Samira Guédichi de la
Direction santé de la ville.
"La
prise en charge de cette maladie est complexe, il faut agir à la fois
sur la diététique, le psychologique, l'activité physique et maintenir le
lien entre les professionnels", explique t-elle.
Dans le centre médico-sportif de la ville,
un programme "sport-santé" lancé il y a trois par la médecin du sport
Anne-Louise Avronsart, propose des activités adaptées aux personnes en
surpoids.
"Quand on ne parle que de diététique, on est en échec,
alors que combiné à l'activité physique, les résultats sont là",
assure-t-elle. "L'activité physique, c'est un mode d'entrée dans la
diététique. En pratiquant le sport, les patients sont dans une dynamique
de changement, donc ils changent aussi leur façon de s'alimenter."
(AFP)
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