vendredi 5 décembre 2014

Accusée de dopage massif, la Russie attend une demande de l'AMA avant d'enquêter

L'Agence russe antidopage (Rusada) attend une demande officielle de l'Agence mondiale (AMA) avant d'enquêter sur les accusations d'un documentaire allemand dénonçant le dopage généralisé des athlètes russes, a-t-elle indiqué jeudi à l'AFP.

Un documentaire, diffusé mercredi sur la chaîne de télévision publique allemande ARD, dressait, témoignages de sportifs à l'appui, un portrait sévère de l'athlétisme russe, présenté comme gangrené par un dopage et une corruption massifs.
Mercredi également, le quotidien sportif français L'Equipe avait fait état de l'ouverture d'une enquête interne à la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), portant "sur une tentative de corruption pour couvrir des faits de dopage en Russie".
"Nous ne disposons pas de documents réels confirmant ces accusations", a déclaré à l'AFP le patron de la Rusada, Nikita Kamaïev, à propos du documentaire de l'ARD.
"Tant qu'il n'y a pas de demande officielle de l'Agence mondiale antidopage à ce sujet, nous estimons que toutes les spéculations et déclarations sont gratuites", a-t-il ajouté.
Le documentaire diffusé mercredi en Allemagne, intitulé "Dopage confidentiel: comment la Russie fabrique ses vainqueurs", accuse le pays de doper massivement ses sportifs et de contrôler les échantillons de sang testés.
Le document s'appuie sur plusieurs témoignages, dont ceux de l'athlète Julia Stepanova, spécialiste du 800 m, actuellement suspendue pour dopage, et de son époux, Vitali Stepanov, qui a travaillé entre 2008 et 2011 pour la Rusada.
L'AMA a promis dans un communiqué "d'examiner soigneusement les déclarations visant les autorités russes (...) et d'entreprendre des mesures appropriées prévues par la loi si celles-ci sont confirmées".

- Vive réaction de Moscou -Le ministre des Sports russe Vitaly Mutko a réagi de façon véhémente à ces accusations qui visent, selon lui, à rabaisser le sport russe.
"Alors qu'ils se fondent sur des cas individuels, il veulent dénoncer une sorte de système dans lequel l'Etat aurait un rôle, dans le but d'affaiblir le sport russe. Bien sûr que je n'apprécie pas ces accusations, d'autant plus que nous avons beaucoup progressé dans l'autre direction", a déclaré Vitaly Mutko à l'agence R-Sport, expliquant que la Russie avait pris des dispositions contre les cas de dopage.
La Fédération russe d'athlétisme devrait elle faire une "déclaration officielle" à ce sujet d'ici peu, après une réunion consacrée "au scandale", selon son premier vice-Président Vadim Zelitchenok, cité par l'agence Itar-Tass.
Jeudi, l'IAAF a indiqué dans un communiqué avoir "pris note d'un certain nombre d'allégations graves concernant des activités de dopage au sein de l'athlétisme en Russie".
"Une enquête menée par la Commission d'éthique (...) est actuellement en cours concernant des allégations faites dans le documentaire", ajoute l'IAAF, qui précise: "nous tenons à souligner que la Commission d'éthique est complètement indépendante de l'IAAF et a tout pouvoir pour enquêter et émettre des sanctions lorsque nécessaire".
Mercredi également, le quotidien L'Equipe relatait les actions de la Fédération russe (ARAF) pour tenter de blanchir la marathonienne Lilia Chobukhova, 2e meilleure chronomètre de l'histoire, suspendue en avril en raison d'un passeport biologique incohérent.
L'Equipe faisait état de la déposition d'un agent russe, Andreï Baranov, auprès de la commission d'éthique de l'IAAF, à l'origine de l'ouverture de cette enquête.
Le quotidien évoquait par exemple trois versements de 150.000 euros de Chobukhova à l'ARAF afin que la fédération russe veuille bien l'aligner aux JO de Londres en 2012.
Selon le journal, Baranov accuse de corruption trois personnes: le président de l'ARAF Valentin Balakhnichev, le conseiller juridique de l'IAAF Habib Cissé, et Papa Massata, qui n'est autre que le fils du président de l'IAAF Lamine Diack.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.