mercredi 3 décembre 2014

La famille propriétaire d'Oberthur se déchire autour du rugby

La gouvernance du prospère imprimeur de billets Oberthur Fiduciaire déchire la famille Savare avec d'un côté le père et le fils et de l'autre deux soeurs, qui s'affrontent en justice autour de l'engagement du groupe dans le rugby.

Emmanuèle et Marie Savare exigent de réintégrer le comité de direction de l'entreprise familiale dont elles ont été évincées en début d'année, a expliqué mardi devant la presse leur avocat Henri d'Armagnac.
Les deux soeurs fondent leur démarche sur "des dérives importantes, autant dans la gestion que dans les résultats, et dans l'usage des biens qui sont faits du groupe", selon leur avocat.
Elles "sont totalement privées de leur droit le plus élémentaire (d'actionnaire), notamment à l'information", a dénoncé Me d'Armagnac.
"Le groupe va très bien. Leur patrimoine a bien augmenté. Elles n'ont pas à être inquiètes", leur a répondu, dans des déclarations à l'AFP, leur frère Thomas Savare.
Les deux soeurs ont connu un premier revers en étant déboutées de leurs demandes par le Tribunal de Commerce de Paris le 23 septembre.
Notant "un contexte de relations familiales devenues difficiles", le tribunal avait estimé que la révocation des deux femmes de leurs fonctions n'affectait "ni leur situation, ni leur droit de vote en assemblée générale" des actionnaires.
Il relevait que leur père Jean-Pierre Savare disposait in fine du pouvoir de décision en assemblée générale et qu'une décision adoptée contre l'avis d'actionnaires minoritaires pouvait difficilement être assimilée à un abus de majorité.
Les deux soeurs se sont immédiatement pourvues en appel contre ce jugement et la Cour d'appel du tribunal de Paris devrait rendre sa décision au printemps 2015.
"On verra bien", commente laconiquement Thomas Savare à propos de l'issue du contentieux judiciaire.

- La "danseuse" du groupe - Devenu en début d'année, avec le soutien de son père, président de la holding de contrôle du groupe, Thomas Savare dirige depuis juin 2011 le club de rugby parisien du Stade Français.
Une passion qui cristallise la majeure partie des inquiétudes des deux soeurs, et qui aurait déjà coûté au groupe "30 millions d'euros", selon leur avocat.
Une aventure, commencée en 2011 par la reprise du club, contre un chèque de 6,6 millions d'euros, et jalonnée depuis d'échecs (aucune phase finale de Top 14), en dépit de la mise à disposition d'un stade Jean-Bouin flambant neuf par la municipalité parisienne.
Le club est devenu la "danseuse de Thomas Savare", a dénoncé Me d'Armagnac.
Depuis le 1er juillet, Oberthur n'est plus sponsor principal du maillot du club, rôle désormais dévolu à Numéricable.
Mais Oberthur doit encore renflouer le club qui n'a toujours pas réussi à décrocher son ticket pour une lucrative coupe européenne.
"C'est un sport dont on partage les valeurs, une belle marque française", assure M. Savare. "C'est une entreprise en redressement mais la holding a déjà eu des entreprises en redressement", dit-il encore.
"La famille Savare reste fidèle à ses engagements" et le groupe Oberthur "au Stade Français", rappelait le père Jean-Pierre Savare début octobre.
Devant l'impasse, Me d'Armagnac dit avoir été mandaté pour "étudier toute solution d'ordre capitalistique dans l'intérêt et la pérennité du groupe".
En d'autres termes, il a été chargé d'étudier la vente des actions détenues par les deux soeurs, ouvrant ainsi la porte à des investisseurs non issus de la famille.
Les enjeux financiers sont importants. En décembre 2011, Oberthur avait cédé 90% de sa filiale spécialisée dans les cartes à puces pour 1,15 milliard d'euros au fonds américain Advent.
Jean-Pierre Savare possède 12,61% des parts du groupe en pleine propriété et 66,15% en usufruit. Avec le soutien de son fils, qui possède 7,08% des parts en pleine propriété et 22,05% en nue propriété, tout comme ses soeurs, le père reste maître du jeu.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.