La Chine prend pied dans le football européen: le milliardaire Wang
Jianlin va devenir actionnaire de l'Atletico Madrid à hauteur de 20% du
capital, ont annoncé les deux parties mercredi, signe de l'intérêt
grandissant des Chinois pour les clubs majeurs en Europe.
Chiffré à
45 millions d'euros, l'accord entre le club champion d'Espagne et le
groupe Wanda, dirigé par Wang, est une manne bienvenue pour les
"Colchoneros", souvent dans le rouge ces dernières années sur fond
d'importants arriérés d'impôts.
Cette opération permet par
ailleurs à Wang de diversifier ses activités au-delà de l'immobilier,
secteur à la peine en Chine, tout en satisfaisant sa passion pour le
football.
"Nous sommes enchantés de contribuer à la croissance de
l'Atletico Madrid avec sa solide base de supporteurs et à une +marque+ à
la forte croissance internationale", s'est félicité Wang Jianlin, selon
le communiqué du club.
Cette opération constitue un nouveau cas
de prise de participation asiatique au capital d'un club européen,
quelques mois après le rachat de l'Inter Milan par le milliardaire
indonésien Erick Thohir ou bien celui de Valence par le magnat
singapourien Peter Lim.
Mais c'est surtout la nationalité de Wang qui est symbolique:
malgré la présence en Europe d'investisseurs issus du Moyen-Orient
(Paris SG, Manchester City), d'Europe de l'Est (Chelsea) ou d'Asie, le
groupe Wanda s'est targué mercredi d'être le premier investisseur de
Chine continentale à prendre pied dans le football européen.
En
2012, l'Inter Milan avait fait état d'un accord portant sur l'entrée au
capital d'un groupe d'investisseurs chinois, mais quelques mois après,
l'Indonésien Erick Thohir avait pris le contrôle du club.
L'accord
Wang-Atletico doit contribuer au progrès du football en Chine, pays qui
fait figure de géant dans le monde du sport mais reste un nain dans
cette discipline.
"Cet investissement offrira une opportunité en
or à de jeunes joueurs chinois (...) d'être embauchés par des clubs
européens majeurs, mais cela augmentera aussi la qualité du football
chinois et réduira l'écart avec le reste du monde", a espéré Wang
Jianlin dans un communiqué.
Ancien propriétaire du club chinois de
Dalian, Wang a revendu sa participation il y a quinze ans après un
scandale de matches truqués. Il a néanmoins fait un retour en 2011 comme
partenaire de la Chinese Super League.
Selon les termes de
l'accord, l'Atletico construira une école de football pour jeunes
Chinois en Espagne, les joueurs "colchoneros" participeront à des
actions de parrainage et le club espagnol fera des tournées en Chine
chaque année.
Wang disposera pour sa part d'une participation de 20% via une
augmentation de capital, avec à la clé une place au conseil
d'administration.
Le magnat chinois, dont la fortune est estimée à
18 milliards de dollars (15,5 milliards d'euros), possédait déjà des
liens avec l'Espagne: il avait déboursé 265 millions d'euros en 2014
pour racheter l'Edificio Espana, un gratte-ciel emblématique de Madrid.
Pour
l'Atletico, cet accord est une bouffée d'oxygène: le finaliste de la
dernière Ligue des champions a affiché ces dernières années jusqu'à 200 M
EUR d'arriérés d'impôts auprès du Trésor public espagnol.
Selon
la presse, l'Atletico est néanmoins parvenu à rembourser plus de la
moitié de cette somme ces derniers mois, notamment grâce à des reventes
de joueurs et à son parcours très lucratif en C1.
Avec l'appui de
Wang, l'Atletico peut rêver de se hisser un peu plus à la hauteur du duo
Real Madrid-FC Barcelone, dont les budgets annuels, dépassant 500 M
EUR, étaient jusqu'à présent plus de trois fois supérieurs à celui des
"Colchoneros".
Mais ce nouvel actionnaire et la construction d'un
nouveau stade ultramoderne, attendu pour la saison 2016-2017,
pourraient aussi modifier durablement l'image modeste de ce club des
quartiers populaires de Madrid, qui aime se peindre en David face aux
deux Goliaths de la Liga.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire