vendredi 23 janvier 2015

Espagne: un magnat chinois prend 20% de l'Atletico

La Chine prend pied dans le football européen: le milliardaire Wang Jianlin va devenir actionnaire de l'Atletico Madrid à hauteur de 20% du capital, ont annoncé les deux parties mercredi, signe de l'intérêt grandissant des Chinois pour les clubs majeurs en Europe.

Chiffré à 45 millions d'euros, l'accord entre le club champion d'Espagne et le groupe Wanda, dirigé par Wang, est une manne bienvenue pour les "Colchoneros", souvent dans le rouge ces dernières années sur fond d'importants arriérés d'impôts.
Cette opération permet par ailleurs à Wang de diversifier ses activités au-delà de l'immobilier, secteur à la peine en Chine, tout en satisfaisant sa passion pour le football.
"Nous sommes enchantés de contribuer à la croissance de l'Atletico Madrid avec sa solide base de supporteurs et à une +marque+ à la forte croissance internationale", s'est félicité Wang Jianlin, selon le communiqué du club.
Cette opération constitue un nouveau cas de prise de participation asiatique au capital d'un club européen, quelques mois après le rachat de l'Inter Milan par le milliardaire indonésien Erick Thohir ou bien celui de Valence par le magnat singapourien Peter Lim.
Mais c'est surtout la nationalité de Wang qui est symbolique: malgré la présence en Europe d'investisseurs issus du Moyen-Orient (Paris SG, Manchester City), d'Europe de l'Est (Chelsea) ou d'Asie, le groupe Wanda s'est targué mercredi d'être le premier investisseur de Chine continentale à prendre pied dans le football européen.
En 2012, l'Inter Milan avait fait état d'un accord portant sur l'entrée au capital d'un groupe d'investisseurs chinois, mais quelques mois après, l'Indonésien Erick Thohir avait pris le contrôle du club.
L'accord Wang-Atletico doit contribuer au progrès du football en Chine, pays qui fait figure de géant dans le monde du sport mais reste un nain dans cette discipline.
"Cet investissement offrira une opportunité en or à de jeunes joueurs chinois (...) d'être embauchés par des clubs européens majeurs, mais cela augmentera aussi la qualité du football chinois et réduira l'écart avec le reste du monde", a espéré Wang Jianlin dans un communiqué.
Ancien propriétaire du club chinois de Dalian, Wang a revendu sa participation il y a quinze ans après un scandale de matches truqués. Il a néanmoins fait un retour en 2011 comme partenaire de la Chinese Super League.
Selon les termes de l'accord, l'Atletico construira une école de football pour jeunes Chinois en Espagne, les joueurs "colchoneros" participeront à des actions de parrainage et le club espagnol fera des tournées en Chine chaque année.
Wang disposera pour sa part d'une participation de 20% via une augmentation de capital, avec à la clé une place au conseil d'administration.
Le magnat chinois, dont la fortune est estimée à 18 milliards de dollars (15,5 milliards d'euros), possédait déjà des liens avec l'Espagne: il avait déboursé 265 millions d'euros en 2014 pour racheter l'Edificio Espana, un gratte-ciel emblématique de Madrid.
Pour l'Atletico, cet accord est une bouffée d'oxygène: le finaliste de la dernière Ligue des champions a affiché ces dernières années jusqu'à 200 M EUR d'arriérés d'impôts auprès du Trésor public espagnol.
Selon la presse, l'Atletico est néanmoins parvenu à rembourser plus de la moitié de cette somme ces derniers mois, notamment grâce à des reventes de joueurs et à son parcours très lucratif en C1.
Avec l'appui de Wang, l'Atletico peut rêver de se hisser un peu plus à la hauteur du duo Real Madrid-FC Barcelone, dont les budgets annuels, dépassant 500 M EUR, étaient jusqu'à présent plus de trois fois supérieurs à celui des "Colchoneros".
Mais ce nouvel actionnaire et la construction d'un nouveau stade ultramoderne, attendu pour la saison 2016-2017, pourraient aussi modifier durablement l'image modeste de ce club des quartiers populaires de Madrid, qui aime se peindre en David face aux deux Goliaths de la Liga.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.